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ActualitéSpécial Avinton - reportage au coeur de l'usine

Spécial Avinton - reportage au coeur de l'usine

    "JE VOYAGE POUR VERIFIER MES REVES..."

    
    Gérard de Nerval avait bien raison. Le voyage, cet accomplissement personnel ayant souvent un début que rien ne laissait présager ainsi qu'une somme de hasards tout aussi durs à évoquer qu'à prévoir...

    Pourtant, il y a voyage et voyage. Le premier type est celui qui est le plus connu. On décide de partir, on va à un endroit et on en revient. Basique. Le second, lui, est beaucoup plus rare mais tellement plus profond que le plus difficile est d'y mettre les mots adéquats sans déformer les pensées acquises sur le moment. Je veux bien-sûr parler du voyage des aventures humaines.

    Ami lecteur, je t'emmène aujourd'hui dans ce genre de voyage. Un voyage de passion ou une passion pour l'aventure humaine. Choisi la formule qui te convient, respire un grand coup et rappelle-toi quand tu étais môme. Tu sais ? Quand on passe devant une vitrine d'un concessionnaire où trône la machine qui nous fait briller les yeux, celle dont on dira des décennies plus tard "c'était celle-là que je voulais avoir quand j'étais petit".

    Puis le temps passe. Permis en poche. Première fiancée. Premier P.V. Premier accident. Premier compagnon disparu. Premier tout.

    On se retourne, on à trente balais et, un jour, en entrant dans un concessionnaire un samedi après-midi, on voit un gamin regarder une machine sur une estrade mais quelque chose a changé. On devrait être heureux de se revoir dans le miroir du temps et pourtant il y a un manque. On ne sait pas quoi. Puis on comprend. Les années ont passé, l'envie est toujours là bien sûr mais la passion, elle, s'est peut être un peu essoufflée.

Spécial Avinton - reportage au coeur de l\'usine

    Mais parfois il suffit de très peu. Et c'est au bout de quelques clics sur internet que je découvre Avinton.
    Qu'est-ce que c'est? Une marque de moto française. L'idée est simple mais très efficace : réunir des talents dans divers domaines et les mettre au service d'une cause : créer une moto. Simple oui, mais vraiment beau sur le plan humain.

    En lisant leur site, j'étais plongé dans un autre monde. Celui d'un petit atelier où semble régner une certaine atmosphère que je croyais totalement disparue. A la fin de ma lecture, je me dis que là, je tenais un truc...


    Visite de l'atelier de montage :

    La décision était prise, et c'est avec un espoir secret de redécouvrir ce qui semblait avoir disparu depuis longtemps que je me suis rendu dans le sud de le France, à Sommières dans le Gard, pour visiter l'atelier de montage. Une visite dans un autre monde, une visite de sens, une visite d'émotions pures.

     A mon arrivée sur place je suis frappé par la simplicité du lieu. Loin de tous les froufrous habituels des grandes marques, c'est franc et sobre.

    Arrivée. Serrage de mains et passage de la porte d'entrée. Là, je reçois une première gifle. Elle était là ; Le cul tourné vers le soleil levant. Sans rien dire, elle te balançait une impression de fauve. Elle semblait hautaine et puissante. Je risque un regard et la contourne. Je me retrouve alors, de loin, confronté à son visage. Une mine fine et des flancs harmonieux. Des reflets de lumière sur les échancrures de sa carrosserie. Un galbe plongeant sur les courbes arrière. Le genre de chose qu'on espère depuis fort longtemps et, lorsqu'on se retrouve au moment de passer à l'acte, un truc nous bloque. Je n'ose pas l'aborder tout de suite. Un pas de côté. Intimidation ou respect ? Que celui qui connaît la réponse parle !

    Alors ? Pas un mot ? Très bien, je continue.

    Le hall se prolonge. Prise de contact avec l'équipe autour d'un café puis je suis convié dans le saint des saints : l'atelier de montage.

    Tout est entreposé de manière très soignée. Le schéma est, lui aussi, simple. Les pièces sont reçues des divers artisans et passent ensuite au montage. Là, chaque élément est d'abord inspecté puis assemblé. Un à un. Pas de robot, pas d'automatisation. Rien de tout cela ici. Seulement du temps et de la minutie. Il faut bien comprendre une chose très importante : ici on ne construit pas une moto non. Ici, on la façonne, on la sent, on l'élève et on la remet à son futur propriétaire lequel peut d'ailleurs, s il le désire, suivre pas à pas l'évolution de son projet et venir voir sa future en cours de montage. On est vraiment dans un autre monde et qu'est ce que ça fait du bien !

Spécial Avinton - reportage au coeur de l\'usine Crédit photo : P. Aventurier

    Un exemple peut tout résumer : Sur un modèle en cours de montage, chaque écrou était aligné en face de chaque vis à l'aplomb exact de l'endroit où il devait être monté sur la moto. Quand on a dit ça, on a tout dit. Comme tout est fait à la main, tout est envisageable, comme la personnification des peintures, le montage de telle ou telle matière ou la modification de telle ou telle pièce. Tout peut être étudié en fonction des désirs de chacun. En clair, on arrive avec un projet, on en discute, on le travaille et, au bout de quelques mois, on voit son rêve devenir réalité.

    Un autre exemple : les moteurs sont des Smith and Smith (S&S) connus dans le monde du custom. Mais là, ce moteur a été spécialement conçu pour Avinton. Un moteur bicylindre en V (pour le couple) mais avec une section carrée (alésage égal à la course) pour la puissance. Il en résulte un bouilleur hors du commun prêt à vous mettre sur orbite et cela sans s'essouffler. De plus chaque moteur reçu de S&S est ainsi démonté chez Avinton pour être inspecté et, s'il est parfait et conforme, alors seulement il est monté sur la moto. Brough Superior n'aurait pas fait mieux.

    Mais revenons au vrai moteur de l'usine ; je veux parler ici de l'aventure humaine. Pourquoi ? Parce qu'à mon sens, un tel projet n'est pas viable sans cela. Les motos sont en effet assemblées avec des boulons mais ce qui les cimente, c'est bien cet ensemble de compétences mis au service de l'objet final.

    Ici, on parle plusieurs langues autour du café. Tantôt français, tantôt anglais ou allemand. C'est  bien dans le mélange des genres que l'ont peut trouver les résultats les plus inattendus. Et le résultat est à la hauteur de l'espérance.

Spécial Avinton - reportage au coeur de l\'usine Crédit photo : P. Aventurier

    Mais passons aux choses plus concrètes : l'essai


    Elle s'appelait ROADSTER

    Retour vers le hall d'entrée. Cette fois, je ne peux plus reculer. Il me faut l'aborder. Après tout, c'est aussi un peu une question d 'honneur. J'apprends son petit nom : Roadster.

    Ce qui m'a frappé, c'est l 'allure générale de la bête : racée, typée, fine mais dégageant une impression de puissance et d 'équilibre. Je lui demande la permission de monter. Elle ne réagit pas et me laisse lui prendre le guidon. Contact mis, démarreur qui se lance dans un bruit timide puis soudain, on entend un bruit de basses, on sent des vibrations, on ressent des résonances. On s'aperçoit alors que le moteur est au ralentit. La belle nous a laisse volontiers son dos accessible mais nous fait savoir de sa voix profonde qu'il va falloir qu'elle nous accepte.

    Un petit tour sur les routes environnantes. Alors comment dire... cette moto nous parle. Oui, je sais, vous allez penser que j'ai fumé la moquette. Pourtant c'est vrai. Cette moto nous parle. Elle fait travailler les sens : La vue pour la beauté ; le toucher... pour la chaleur qu'on sent monter contre sa jambe (ceci est d'ailleurs repris comme un défaut dans certains essais mais moi j'ai trouvé cela très utile. On sait quand son moteur est à température) ... pour les vibrations qui semblent monter, tout en délicatesse, du fond des entrailles du monstre ; enfin l'ouïe, avec le bruit rauque du moteur mais aussi le "clac" relatif à l'ouverture et fermeture du clapet d'admission d 'air situé au dessus du faux réservoir, à quelques dizaines de centimètres du museau.

Spécial Avinton - reportage au coeur de l\'usine

    Le plumage est en rapport avec le ramage. La prise d'angle semble aisée. Je dis semble car je n'ose pas la brusquer. Ce n'est pas n'importe quelle machine que j'ai entre les mains. Alors autant ne pas trop aller titiller ses limites. On sent néanmoins que la précision est de mise avec un transfert de masse des plus intuitifs. Elle met en confiance mais c'est le respect qui freine... qui freine moins fort qu'elle d'ailleurs. Elle est équipée d'un système à quatre disques. Et là, je peux vous dire qu'une simple pression du bout du doigt suffit à coller le front dans la visière. Métal dompté par deux phalanges et rêves mis en orbite par une rotation du poignet. Voilà.

    Bon quelques temps pour prendre un peu en main la chose puis je tourne un peu plus la poignée. Là, c'est une claque. Ça pousse, ça souffle, ça tracte et on sent que le cheval s'ébroue. Il a envie d'en découdre mais son cavalier n'est pas trop téméraire. Déjà, il lui a fait une très forte impression durant quelques secondes. Puis, après avoir relâché la poignée, je me rends compte d'un détail qui me convaincra définitivement sur ce moteur : j'avais accéléré seulement à la moitié...

Spécial Avinton - reportage au coeur de l\'usine Crédit photo : P. Aventurier

    Retour à l'usine :

    Béquillage et sourire. Pas un sourire béat non, mais quelque chose de plus profond. Une sorte de mélange entre la fierté d'avoir dompté un animal sauvage mais tout en sachant que celui-ci s'est montré très docile par rapport à ce qu'il est capable de donner. Finalement, la bête m'avait accepté. Oh, nul doute qu'il me faudra encore faire beaucoup d'efforts pour l'apprivoiser complètement. Elle prévient toujours mais ne mord jamais. Elle est exceptionnelle et elle le sait. Pourtant, elle ne me parle plus avec cet air hautain. Elle ne veut pas m'écraser mais bien m'accompagner vers autre chose. Compagne de voyage et de trajets. Inaccessible et docile. Sauvage et enjouée. Paradoxe filant dans un esprit embrumé par ce qu'il vient de vivre malgré de nombreuses années à user les routes....

    On discute autour d'un autre café. On parle.

    Ils ne sont qu'une poignée. Il s sont partis de presque rien et se sont installés dans une région où le contexte économique est difficile. Ils ont fait confiance à de nombreux artisans locaux (par exemple, les établissements Journet pour les soudures des différentes pièces comme les bras oscillant... ou encore Ferris Fils qui confectionne les selles)  mais aussi à des fabricants dont la renommée n'est plus à faire comme, entre autres, Beringer, Arrow ou encore Andrews.

    Avec 80 % de la production destinée à l'export, Avinton est aujourd'hui présent dans plusieurs pays en Europe et dans le monde (France, Allemagne, Suisse, Angleterre, Japon, Malaisie, Inde)  et compte étendre ce beau savoir-faire vers d'autres territoires tout en conservant ce désir de garder une petite production à taille humaine. Ceci dans le but de ne pas entrer dans une logique de profit pur et dur afin de garder le côté "objet unique".

    Au final, ils  ont fabriqué non pas une moto mais, en mettant à contribution les talents et qualités humaines de chacun, un objet capable de raviver la passion de beaucoup. Et ça, c'est, je pense, leur plus belle victoire ! Mais il y en a d'autres...

    Par cœur GALA 2015 :
    
    Qu'est ce que c'est ? Une idée simple et belle là aussi : lors de ce gala présidé par Tony Parker, une Avinton qui aura été construite spécialement pour l'occasion sera mise aux enchères et les fonds seront reversés pour venir en aide aux enfants malades. Cette année, le parrain de ce gala sera Omar Sy et se déroulera fin septembre sur Paris !

    En conclusion :


    Tout cela est le résultat d'une coopération de personnes aussi surprenantes que complémentaires. Un beau pied de nez à notre société parfois trop marketing.

    Alors oui, bien-sûr, chacun se fera une opinion sur les différents modèles, sur les divers essais, apportera des critiques ou sera enchanté bref, chacun trouvera des choses à dire sur ce concept.

    Mais il est bon de pouvoir retrouver dans le miroir le regard de ce môme qu'on était devant nos rêves mécaniques. On a tous, un jour, vécu ce sentiment. Sentiment qui, plus tard, nous fera rentrer dans notre grande confrérie. Il y a là des histoires, des sensations, des souvenirs, des amertumes et tant d'autres choses.

    Il est vrai aussi que ces motos ne sont pas celles que l'ont trouve à tous les coins de rue, que ce sont des objets d'une très grande classe mais elles font partie de ces rares bécanes qui, si on les acquiert, feront parler d'elles dans plusieurs décennies de par la bouche de nos petits enfants qui diront : "Là, à côté de ma meule électrique, c'est la moto de mon grand-père. Il l'a achetée quand il avait 40 ans pour se faire plaisir, a roulé avec tout le reste de sa vie et on ne l'a jamais vendue en souvenir de lui. Bon elle marche à l'essence mais avant, il paraît que c'était très courant !"

    Avouez qu'un deux roues qui puisse être à l'origine d'une telle discussion est très rare.

    Après, libre à toi, lecteur, d'aller faire un tour sur la page net d'Avinton. Peut-être y trouveras-tu un peu de ce que j'ai écrit et peut-être même que tu auras le désir des les appeler pour leur demander des renseignements...


    Mais en tout cas une chose est sûre...

    ...L'idée me semblait suffisamment belle pour être racontée.

A. Bonnet - Photos P. Aventurier / D.R.

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