Au début des années 1990, la gamme des motos vertes des constructeurs japonais grouille littéralement de modèles en tous genres. Chez Yamaha on y trouve des extrêmes (les cross YZ, les enduros 2T YZ-WR, les soft enduros 4T TT350 et TT600) et des modèles trails polyvalents 2T (DT-R) et 4T (XT-K, XT-E, XTZ). Mais non content d'avoir une des gammes les plus complètes, Yamaha cherche continuellement à décliner ses modèles.
C'est ainsi qu'en 1991, la marque aux diapasons imagine un véhicule qui serait capable, pour un prix raisonnable, de trainer ses pneus sur la route la semaine, de vous emmenez en ballade dans les chemins le week-end et pourquoi pas s'engager de temps en temps dans des compétitions d'enduros amateurs.
Si pour les deux premières utilisations, les DT125R et DT200R peuvent remplir parfaitement ce rôle, leur parties-cycles (proches) ne permettront pas de briller en enduro. Pour cela, Yamaha propose sa gamme YZ-WR dont les modèles très performants sont malheureusement peu adaptés à une utilisation routière et même rarement homologués.
La marque a donc l'idée plutôt ingénieuse de mixer ses deux gammes: une partie cycle d'enduro, équipée d'un moteur de DT200R (ou presque) et de tout l'attirail nécessaire à l'homologation (un vrai phare, 2 paires de clignotants, un support de plaque d'immatriculation). Une version encore plus endurisée dénommée plus simplement WR200R sera également de la partie (non homologuée mais vendue en France au prix d'environ 27.000 FF).
A première vue, le DT-WR n'impressionne guère. L'esthétique de la bête semble hésiter entre ses deux ascendances: Un air de DTR allégé à la sauce WR et des coloris d'une sobriété à toute épreuve (mais dans l'esprit de la gamme enduro). Même en rose fushia fluo, elle semble vouloir rester sage.
Mais, si la plastique laisse sur sa faim, une fois en selle, le fun reprend ses droits. Le moteur de 200cc repris de la DTR a droit tout de même à un traitement spécial: un étonnant alésage augmenté de 0,8 mm pour atteindre les 199cc (le DTR n'en fait véritablement que 195), un carburateur de 30mm en lieu et place de celui de 28mm et une valve un peu retravaillée permettent de gagner 2 chevaux et 0,2mkg de couple. Le caractère déjà enjoué du moteur ne s'en retrouve pas transfiguré, mais se fait plus démonstratif pour le plus grand bonheur du pilote.
Et comme en enduro, le moteur ne fait pas tout. Yamaha démontre ici parfaitement sa grande compétence en matière de partie-cycle. Le constructeur a, de ce point de vue, sciemment placé la DT200WR plus prés des WR que du DTR. La comparaison entre les caractéristiques de ces 2 DT ne permet pas d'en douter. Avec un empattement allongé de 35mm (1450mm au lieu de 1415mm), le DT-WR gagne en stabilité et en précision. Par ailleurs, cette moto est équipée de suspensions plus costaudes et à plus fort débattement). La simili-enduro encaisse, absorbe ou survole les obstacles là où le DTR, bien que très sain, peine et réagit d'une façon plus floue.
Au final, le DT200WR se montre des plus homogènes et ouvre aux pilotes amateurs la porte du monde de l'enduro. Avec un moteur sympathique et accessible et une partie-cycle sérieuse, cette moto offrait, pour à peine plus de quatre mille de nos euros d'aujourd'hui, une grosse dose de plaisir vert. Un plaisir que les motards actuels pourront surement retrouver avec la WR250R modèle 2008, si Yamaha Motor France choisissez de l'intégrer dans sa gamme aux cotés de sa variante Supermotard, la WR250X.
Tanthallas - Photos: Constructeur
1991