Ne garder que le meilleur ; se dire qu’il y aurait pu avoir pire ; se souvenir de l’essentiel... Oui, le week-end à Pau fut superbe. Oui, notre 4 eme place en qualification était formidable. Oui, les premières heures de course soulevaient l’émotion dans le team, dans le paddock, dans le coeur de ceux qui vibraient pour cette MV-Agusta n°14. Mais peut-on vraiment accepter cette casse mécanique quand l’écran affichait la 4eme position après la mi-course, qu’il suffisait de remonter d’une centaine de mètres pour combattre et tenter la 3eme place, que pendant la 2eme heure de course, le Motoplanete Racing Team réussit à se hisser en 2eme position ?
Oui, l’amertume est là, encore insistante dans les esprits. Ce goût âpre, chargé d’haleine d’injustice, voile encore la formidable réussite que nous attendions, que nous tavaillions. Dimanche matin, à 11 heures, pour la première fois de la saison, la F4 1000 R 312 n°14 s’est élancée avec la superbe d’un départ d’endurance. Pas d’à-coups, aucune fausse note, juste un envol. Désormais dans l’aspi des meilleures équipes du CFE, tout le talent de Michael Mecene allait pouvoir s’exprimer au guidon de la seule non-japonaise du plateau. Devant, les chronos sont effrayants dès le début de la course. Mick décide alors de maintenir un rythme rapide sans être dangereux. La course est longue, et il vaut mieux sacrifier une demi-seconde au tour que prendre des risques et ruiner la moto dans un exces d’optimisme. A 1 hr de course, le MRT pointe 5eme, jouant au chat et à la souris avec la R1 du team Repair Motos 41. Mecene et Gibet se tirent la bourre, offrant un beau duel aux spectateurs de Pau-Arnos. L’heure passe, le réservoir se vide, le relais s’effectue avec le professionalisme que l’on nous connait, et Julien Ferre part à l’attaque.
Dans cette 2eme heure, nous avons fait une erreur, une seule : celle d’y croire, d’espérer, de voir tous nos efforts enfin aboutir. Nous sommes 3eme, à 38 secondes du leader. La tension monte d’un cran. Pas question de relacher l’effort, ni du coté des pilotes, ni du coté de l’équipe.
Mais même après moultes courses et entrainements, le sort n’épargne pas les plus acharnés. Au bout d’une grosse heure de relais, Julien rentre au stand pour ravitailler. Mais le box n’est pas prêt... Un engrenage du système de levage du derrick a lâché – plus moyen de monter le carburant à la bonne hauteur. La réparation s’achève presque quand la moto s’immobilise devant le stand. Panique... Improvisation, adaptation. Les derniers coups de clé de 10 sont donnés en 10 secondes, l’équipe revient sur la moto 5 secondes après, le derrick vide ses 23 litres dans les 4 secondes qui suivent. Ca gueule, ça fuse, ça court, ça repart. Le team-manager fulmine : « Calamiteux ! Tout le boulot à refaire ! ». C’est Aurélien Bernicot qui est reparti dans l’arène, à 30 de tension et un regard de tueur.
L’opération a fait mal. Durant la 3eme heure de course, le MRT dégringole à la 9eme place. L’effort soutenu d’Aurélien va permettre à la MV-Agusta de donner sa 2eme estocade. Tel le passeur dans un match de basket ou de hockey, Aurel passe les demi-guidons à Mick. Pneus neufs et grosse gniak transforment le tout, jusqu’à remonter à la 4eme place. Le podium n’est pas perdu, et revient même dans la ligne de mire. Les pilotes sont bien, l’équipe technique au diapason. Tout est possible. Nous sommes à la mi-course.
Probleme ! Il est 15 h 30. Julien est revenu aux commandes après le fougueux relais de Mick. Mais il rentre beaucoup trop tôt. Pas bon signe.
« C’est l’embrayage, ou la boîte. Y a un bruit qu’est pas bon là-dedans ! ». Inspection rapide, vérification. C’est bizarre mais la moto semble pouvoir rouler. Aurel s’empare de son casque, saute sur la MV, et tente d’y croire. L’équipe le voit partir en croisant les doigt, espérant au miracle. Mais déjà, les outils sont en attente, les pièces de rechange à portée de main, le box déblayé pour laisser la place au retour de la moto.
15 h 45. Je me dirige vers le stand de la FFM. Le transpondeur dans la main droite, marchant d’un pas lourd, j’entends en boucle les paroles d’Aurélien, son constat irréversible, cette pensée insupportable qui conclue la course : « Le moteur est cassé. C’est fini ! »
La MV-Agusta ne finira pas la course d’endurance de Pau-Arnos. Pourtant, on y était presque. L’équipe pouvait, les pilotes s’en approchaient, la moto le voulait... le podium était au bout de la course. Mais son coeur de métal et de fureur ne l’a pas portée jusque là. Jamais l’idée de rentrer plus tôt que prévu n’a été aussi angoissante que ce soir là pour le Motoplanete Racing Team.
Sans nos sponsors, nous n’aurions pas pu nous lancer dans ce championnat. Toute l’équipe remercie Motoblouz.com, Le Rouet, Toutenvert, Isermat, La CamPargnade, Promater, EVD, et tout ceux qui nous ont aidés.