Il faudra encore patienter pour une nouvelle F4... mais pas pour une série spéciale. Intoxiquée du fait coutumier, la petite firme de Varese à une nouvelle fois décidé de frapper fort, tonitruant et charismatique avec cette nouvelle livrée CLAUDIO.
Une fois de plus, MV-Agusta a voulu rendre hommage à l'homme qui a fait son histoire, ainsi que quelques unes des plus motos de la production moderne. Claudio Castiglioni.
Une fois de plus, la F4 est sublimée pour tenter de se montrer à la hauteur du maître. Se sentir investie de l'excellence qu'il menait dans ses réalisations.
Une fois de plus, l'école de la moto italienne accouche d'une petite œuvre, délectable à souhait.
Une fois de plus, un engin totalement décadent réservé à une élite qui se l'arrachera en moins de deux.
Cette F4 Claudio donnera aux amateurs de la marque un petit goût de déjà-vu. Normal, la déco reprend de très près le style de la F4 1080 CC, la première vénération à son souverain en 2007. La robe est toujours profonde, sombre. Les lisérés rouge sont devenus dorés. Mais le sentiment de menace et de luxe demeure identique. Du bel objet, à la limite du magnifique.
On a fait les choses bien pour justifier son tarif abominable - encore non communiqué, et notre estimation est certainement dans la fourchette basse – et son coté exceptionnel. Fabriquée à seulement 100 exemplaires, elle le notifiera par une plaque sur le té de fourche supérieur. Parmi les éléments les plus marquants, bavons devant les jantes BST fabriquées en carbone. Si célestes qu'on pourrait les soulever avec un doigt ; si captivantes avec la finition noir et or mélangé.
Matériaux nobles et carbone à profusion. Rien n'est trop beau pour cette F4. Outre les roues, nombres d'éléments sont fabriqués avec la fibre noire, résistante et légère. Tout le carénage y passe, ainsi que les garde-boues, le couvre-selle, les protège-talons des cale-pieds, les garde-chaines et la protection du tube d'échappement.
Vous prendrez bien un peu de titane pour la suite !?! Que cette F4 utilise pour une partie de la visserie et l'échappement SC Project. Chaque silencieux est gravé au laser du logo Claudio.
Un peu d'alu aussi ? Certes, mais usiné CNC. Il en va ainsi pour le té de fourche ajouré, renforcé et allégé. Et aussi les bouchons de tous les réservoirs (carburant, frein, embrayage), les leviers de commande, les repose-pieds réglables en hauteur, les platines des commodos et l'écrou de roue arrière.
On finit le tour du propriétaire avec cette magnifique selle surpiquée... ou son écran TFT couleur ultra-complet... ou son design, immortel.
Machine de race et racée, la F4 Claudio se doit de fendre la piste et les performances. Pour cela, elle est déclinée de la version RC. Quoi de mieux que la moto homologuée pour le Superbike afin de faire joujou avec cette fusée possédante. Pour l'édition CC, MV avait gonflé le bloc à 1078 cm3 afin d'approcher les 200 chevaux – une folie à l'époque. Ici, le 4 cylindre crache pas moins de 205 bourrins mais peut (doit) monter à 212 chevaux une fois l'échappement racing et l'ECU installés. Un chiffre crépitant atteint à 13 450 tr/mn. Le couple est lui aussi généreux, avec 11.7 mkg arrachés à 9 500 trs.
Ce moteur est un monstre, avec des bielles en titane, un vilebrequin spécifiquement allégé et équilibré, un régime maximum de 14 200 tr/mn, et l'aide d'une électronique poussée.
Commandées pour une série de boutons racing au pouce gauche, comme en World Superbike, les aides au pilotage se composent de 4 modes de conduite entièrement ajustables (accélérateur, frein moteur, comportement moteur, couple maxi, rupteur, etc...), d'un contrôle de traction à 8 niveaux, d'un shifter Up&Down, d'un ABS Bosch 9+ avec anti-wheeling, d'une plate-forme inertielle multi-axes et d'une acquisition de données avec GPS intégré doublé d'un logiciel spécifique.
Le très haut de gamme de la F4 Claudio est posé sur le moteur et aussi le châssis de la RC. Un outil tendu pour des performances redoutables et une exigence de haut niveau. Le cadre se compose comme toujours d'un treillis tubulaire en acier relié à des platines en aluminium, difficile à prendre en défaut. Les suspensions sont prises chez Öhlins, avec une fourche inversée de 43 mm NIX 30, un monoamortisseur arrière TTX36 et un amorto de direction. Tous ces éléments sont évidemment réglables de partout. Le freinage est ici assuré par des étriers Brembo Stylema, l'évolution des fameux M50, autour de pistes T-Drive de 320 mm.
Pour beaucoup, cette MV-Agusta F4 Claudio sera à ranger sur l'étagère des fantasmes. Le prix va beaucoup y aider. Mais avant d'économiser pendant 10 ans ou de la catégoriser dans l'intouchable, observons un instant cette gravure sur le couvercle de la boite à air. Etrange, n'est-il-pas, cet éléphant vu de profil ?
Il s'agit d'un autre symbole. Celui de la marque Cagiva. Son logo n'est autre que ce pachyderme stylisé, et Cagiva n'est rien de moins qu'un constructeur emblématique créé pas Giovanni Castiglioni, le père de Claudio.
M.B - Photos constructeur