Plongeons un peu dans l'histoire de Royal-Enfield. Pour se cultiver ? Pour ses origines ? Pour entrevoir son avenir ? Point ; juste pour comprendre les motivations de cette série spéciale. Un hommage à une soldate mécanique de jadis, la Flying Flea des années 40, dont transparaissent les souvenirs sur cette 500 Classic Pegasus.
Avec ses coloris de bidasse, ses sacoches en toile façon paquetage, sa bonne bouille de l'après-guerre, la Pegasus nous interpelle sur les heures sombres d'un conflit, avec une empreinte plus militaire que sanglante. Semblant poursuivre le nom, un cheval ailé joue le rôle d'étendard. Mais pas que. C'est surtout l'insigne créé pour des hommes d'un courage exemplaire. Pendant les années éprouvantes de la seconde guerre mondiale, un groupe d'officiers dirigé par le général "Boy" Browning fut formé pour créer les forces aéroportées anglaises. Ainsi naquit la 6e division aéroportée britannique.
Une production de Royal-Enfield accompagna certains soldats sur le front, en sautant comme eux : d'un avion. Comme si cette moto avait son propre courage. C'était la RE/WD 125, une 125 cm3 deux-temps, simple, robuste ; rapidement rebaptisée Flying Flea (la puce volante) en raison de sa taille et de sa capacité à être larguée par parachute. Elle fut déployée sur les zones de combat, et participa au débarquement.
Cette petite machine ne pesait que 59 kilos, sortait 3,5 chevaux, possédait une boite à 4 vitesses, pouvait se nourrir de n'importe quel carburant, et se distinguait comme un atout pour transporter messages et infos quand les moyens de communication étaient en rade. Le gouvernement lui accorda beaucoup de confiance car il en commanda plus de 4000.
Bien des décennies ont filé depuis. Le passé ne semble pas si lointain avec cette Royal-Enfield bordée de Pégase et de Bellérophon – les deux personnages de son blason. Dans la mythologie grecque, ce duo parvint à vaincre la Chimère en la frappant depuis le ciel.
Le temps semble une boucle autour d'elle. Les bouts étant reliés par son design, son modeste monocylindre de 27 chevaux, par une bonne partie de sa technique digne d'un musée contemporain. Le souvenir revient d'encore plus loin, la Pegasus étant marquée d'attributs équivoques. Notez le numéro de série transcrit au pochoir sur le réservoir, façon armée ; la ceinture en cuir tenant la boite à air ; l'emblème du canon assorti de la devise "Make Like A Gun" (RE était aussi une manufacture d'arme) sur le logement de la batterie ; et cette ligne jaune intriguante sur le carter droit. Elle symbolise le centre des masses de la moto, donnée essentielle pour préparer le largage du véhicule – encore un clin d'œil à la Flying Flea. Pour terminer la patte cosmétique, du noir est appliqué sur l'ensemble du moteur, l'échappement, les jantes, les clignos, les commandes, le kick et les amortos.
Des Royal Enfield, vous n'en voyez pas beaucoup. Alors que la marque est l'un des plus gros producteurs de moyenne cylindrée de la planète. Et vous verrez encore plus rarement cette 500 Classic dans cette édition spéciale Pegasus. Fabriquée à seulement 1000 exemplaires, son quota de distribution a déjà alloué 250 exemplaires pour l'Inde et 190 pour le Royaume-Uni – deux belles tranches pour les pays historiques liés à la marque. L'importateur croit au succès de ce modèle car 50 sont prévus pour la France.
M.B - Photos constructeur