Voici une mesure passée quasi-inaperçue mais qui est loin d'être anodine.
Noyée au milieu des multiples annonces du CISR du vendredi 2 octobre, la "Mesure numéro 2" mérite qu'on s'y attarde.
Oui, oui. Vous avez bien lu ! Confier la mise en œuvre des radars embarqués à des prestataires privés !
Pour rappel, les radars embarqués sont ces dispositifs dissimulés derrière la plaque d'immatriculation d'un véhicule banalisé, traquant dans les deux sens, de jour comme de nuit.
Infaillible, indétectable. Bref, l'arme fatale.
Mais voilà. Les forces de l'ordre, trop occupées par d'autres missions, n'exploitent pas assez les véhicules qui ne tournent en moyenne que deux heures par jour.
L'argument de Matignon est donc on ne peut plus simple : Ces radars sont trop peu utilisés (trop peu rentables, en langage gouvernemental...,ndlr).
C'est donc pour optimiser et développer ce type de contrôle que notre cher premier ministre a décidé de confier cette activité à des sociétés privées.
Rien que ça.
Préparons-nous donc à voir débarquer sur les routes une milice invisible armée de machines à siphonner nos bourses et nos points...
Car derrière tout ça se cache un marché que l'on imagine très juteux et alléchant.
Un appel d'offres va d'ailleurs être rapidement lancé, et on peut parier que les candidats seront nombreux. D'ici un an, les premières voitures privées devraient se montrer sur les routes.
Et le 'droit' dans tout ça ?
On peut effectivement se poser la question de la valeur juridique d'une infraction constatée par un salarié du privé.
Du coté de Matignon on a déjà tout prévu : "Aucun problème ! C'est la machine qui enregistre, pas les hommes. Et c'est le centre de gestion de Rennes qui décide au final de valider l'infraction"
Bien vu...
Bref, il y a fort à parier que cette décision, bien que passée relativement inaperçue, reviendra sur le devant de la scène en temps voulu.
Car si les citoyens que nous sommes n'ont pas encore pris la mesure de cette annonce, les forces de l'ordre, elles, sont furax :
"On nous enlève cette fonction de contrôle routier qui pour nous est vraiment une fonction régalienne pour faire sous-traiter cela par des sociétés privées avec un risque évidemment de plus de business au détriment de la sécurité routière", déplore Audrey Colin, de Synergie Officiers, interrogée par France 3.
"C'est grave !" s'emporte Nicolas Comte, le secrétaire général du syndicat de policiers Unité SGP-FO. "J'ai l'impression qu'on n'aura plus à s'occuper de sécurité routière ! Ce qui pose problème, parce qu'on ne pourra pas avoir une meilleure sécurité routière en remplaçant les hommes par des machines. Aujourd'hui on voit bien qu'il n'y a plus de forces de police disponibles pour mener ne serait-ce que des patrouilles sur les routes ! Vouloir remplacer les policiers par des agents du privé qui se contenteront de rouler avec les radars n'est pas la solution". Les policiers, eux, ne font pas que rouler, "ils peuvent mener des missions de sécurité routière".
A suivre sur MP...