Une partie du Team Motoplanete s'engage dans une course d'Endurance pas comme les autres. En 2023, nous alignons un bolide aux 24 heures TT du Mas. Non, il n'y a pas de faute d'orthographe. Car nous allons bien au Mas, et non au Mans, pour participer à deux tours d'horloge Tout Terrain en tracteur-tondeuse ! C'est bien ça, en tracteur-tondeuse. 50 équipages seront alignés pour une épreuve qui s'annonce surprenante.
Intense, et ingrate Endurance. Que ce soit en moto ou en tracteur-tondeuse, les équipes deviennent les jouets de la fortune en un instant. A 2 heures de l'arrivée, les places étaient quasiment figées quand le Manitou nous douche de nos espoirs. L'engin a une roue en vrac. Il faut reconstruire l'axe arrière. 1/2 heure plus tard, nous repartons pour conclure la matinée. Il fait chaud, très chaud..... de quoi faire souffrir les milliers de personnes présentes ici.
Plus tard, alors que la piste fait trembler jusqu'à la dislocation tous les engins, la boîte refait des siennes. Rien qu'au bruit, nous savons qu'elle est proche de la fin. Le moteur n'est pas très fier non plus, le châssis crie sa souffrance dans chaque virage, l'implosion n'est plus très loin.
Mais on veut y croire. Nous securisons ce qu'il est possible de sauver. Dernier run. La machine râle mais impossible pour nous de renoncer à franchir ce satané drapeau à damier, Saint Graal de tout enduriste. Dans un mélange de bruits secs et de sifflements, le tracteur semble nous avertir que son trépas est proche lorsque nous regardons notre pilote s'élancer pour les derniers 2500 mètres séparant coeurs et bielles de la délivrance. Notre inquiétude est confirmée quand nous voyons la machine 14 à l'arrêt au bout de 3 virages. La boîte a dû lâcher.. Durant 1min qui en parait 10, nous nous attendons à voir notre fier tractomondeuse revenir aux stands dans une funeste ballade tractée par le quad du staff. Mais le miracle opère. Oui ! c'est bien notre machine que l'on voit s'ébrouer et reprendre le cours de notre histoire.
Sacrée nuit ! Après avoir fiabilisé la boîte, il a fallu composer avec la perte des phares, le dessoudage de la direction, des courroies capricieuses et une visibilité épouvantable. Les arrets au stand et le rapatriement de machines sont continus. De plus, la piste se dégrade a vitesse constante. Des ornières se creusent dans chaque virage rapide. Du coup, ça saute, ça cabriole, ça perd de l'avant et de l'arrière. Un match de catch dans chaque courbe.
Malgré tout ça, le team avance, a force d'étincelles et d'ingéniosité. L'endurance dicte sa loi, comme en bécane. La matinée ne laisse aucun répit. Le suspense reste entier sur ceux qui vont pouvoir finir. Nous pointons à la 13eme place après de sérieux arrêts.
Comme en Mondial, le soir permet de faire un premier bilan. Des sensations nouvelles avec un engin qui secoue dans tous les sens, pas de puissance mais des trajectoires en vrac et en drift, un fair-play sur la piste incroyable - on est tous des potes, semble t'il..... auxquels s'ajoutent 3 remise en état de la boîte de vitesses, quelques alertes moteur, une roue crevée, un brouillard de poussière derrière chaque concurrent. Et des spectateurs a gogo.
Par prudence, notre équipe prépare la transplantation d'un autre moteur. Devant, de véritables fusées assoment le classement. La nuit promet de gros changements de positions et des sorties de piste a tout va. Dans la nuit, on postera une galerie photo sur la page Facebook dédié à notre équipe.
1ere de course. Nous pointons en 9eme position. Le départ est absolument hallucinant. Si la procédure en épi de type "Le Mans" est très proche du départ d'une course d'endurance moto, tout se transforme très vite en Mad Max. Un nuage de poussière s'élève en quelques secondes, faisant de la première ligne droite un lieu fantôme où le pilote doit deviner les concurrents, la piste, les virages... tout. Un véritable régal cauchemardesque, quand l'individu et la machine dépasse l'émotion. On se régale, tout simplement !
Après une matinée de découverte d'un circuit de 2.168 km, les premiers chronos tombent. La poussière et les cailloux s'envolent mais la sanction est terrible : impossible de descendre sous les 8 minutes au tour.
Une énième séance de travail agrémentée de coups de main par les teams voisins entretiennent une super ambiance ( y a de la musique en permance). La séance qualifs permet de valider de nouveaux choix techniques. Et paf, notre temps de référence descend à 5 min 14. Voilà qui assure une 22eme place sur la grille.
les équipages les plus rapides sont proches des 3 min. C'est là que l'on découvre des machines très bien préparées, tout le temps en drift et en travers, avec des vitesses de pointe sidérantes pour des tracteurs- tondeuses. Mais le plus important reste le formidable esprit de camaraderie et d'échange qui pulse a travers le paddock.
Départ a 15 hrs. Entre la chaleur et les contraintes, les mécaniques vont souffrir. Des moteurs ont déjà pris feu ce matin ou ont explosé. On peut s'attendre à tout, et c'est exactement ce que l'on attend.
Le défi a commencé. Notre équipe fut l'une des premières arrivées sur le circuit.... dans un endroit et des installations hors du temps. Un grand champ, que de la terre, rien que le maïs et le son sec des véhicules prenant leurs marques.
Au fur et à mesure de la journée, les teams affluent et la curiosité prend ses marques. La proximité, la simplicité et la sympathie sont immédiates. Chacun peut tranquillement apprécier les idées et les solutions techniques de chaque machine. Rapidement, les outils parlent et l'entraide est aussi présente que la passion. Ce n'est pas le championnat du monde mais tout le monde s'en fout. On ne pense qu'à l'adrénaline, les trajectoires et la rigolade qui vont imprégner les prochaines heures.
Avant cela, notre prototype exige encore de la main-d'œuvre. Meuleuse, disqueuse, poste a souder et ingéniosité auront ponctué le jour comme le soir. Mais a 23 hrs, l'engin optimisé est prêt pour des essais tonitruants. Samedi apportera un gros lot d'émotions et de surprises.
Mais comment un média moto s'est-il retrouvé dans une aventure aussi éloignée de son domaine d'origine ?!?
Pas tant que ça. Motoplanete a vécu de forts moments en Endurance ; suffisament pour être marqué à jamais. Nous voulons découvrir dans cet autre creuset de la compétition si des similitudes exisent avec des épreuves moto de longue haleine telles que nous les connaissons. Au coeur de la course et de l'adrénaline, vivrons-nous le feu et la rage de vaincre même à d'autres allures ? L'entraide, le respect et la galère sont-ils analogues à ceux entre les vibreurs ? Le frisson de la mécanique parcourt-il toutes les équipes ? Est-ce que l'âme de l'Endurance se retrouve dans la poussière, la boue et les tracteurs sans leurs lames de coupe ?
C'est ce que nous allons vérifier. Vous pourrez suivre notre périple dans l'actu-reportage de MP mais aussi sur la page Facebook de notre Team - Tractomondeuse -. Mais ne pensez pas qu'il s'agit d'une course de quartier où se balafrent quelques paysans. Des courses de tracto-tondeuse se déroulent à travers toute la France avec plus de 25 dates de compétition. Certaines équipes sont très affutées, avec des engins particulièrement véloces et pouvant dépasser les 60 km/h (un modèle classique, pour tondre normalement, tourne entre 12 et 15 km/h). La course est exigeante, cruelle, et les meilleures équipes consomment plus de moteurs et de boites de vitesses que de pneus. Les 24 heures TT du Mas s'annoncent musclées mais aussi festives avec la présence de plusieurs groupes de musique sur scène, un feu d'artifice, des animations et plus de 30 000 spectateurs attendus.
De notre coté, voila plusieurs mois que nous travaillons sur notre prototype. Avec du sacré jus de cervelle pour créer, adapter, fignoler diverses pièces pour tout usage. Sur une machine prévue pour découper le gazon, tout est à inventer pour en faire une machine de course. Plus que quelques jours avant de le mettre sur un circuit en plein milieu du Puy-de-Dôme, près du village de Egliseneuve-près-Billom. Rendez-vous à 13 heures le samedi 9 septembre pour un départ type "Le Mans" et des émotions plein les crampons.
Greg