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Motoplanete

Essai de la Buell1125 R 2010

Sportive

La trouille en embuscade

Essai de la 1125 R 2010

C’est presque intimidant, déroutant, avec un brin d’amertume quand on appuie sur le démarreur de cette 1125 R millésime 2010. Peut-être parce que c’est l’une des dernières Buell, un des derniers coups excentriques du turbulent Erik… On hésite… On redescend de la machine et on refait le tour, histoire de bien comprendre pourquoi on se dit « Quel dommage que Harley dise STOP à l’aventure Buell ».

De près comme de loin, la 1125 R n’est pas comme les autres. Malgré le fait qu’il y ait 2 roues, un moteur, un châssis, quelques bouts de plastique et tout ce qu’il faut pour en faire une bécane, l’impression générale susurre qu’à East Troy, on ne construit pas les motos de la même façon. Les solutions techniques ayant déjà été largement abordés dans la fiche contact (énorme disque de frein périmétrique, cadre réservoir, twin de 146 ch), il est désormais temps de rentrer plus directement dans le vif. Le petit tour de découverte autour de l’engin ne nous pas enlevé le point d’interrogation qui se balade dans notre intuition. Et la mise en route va en rajouter plusieurs. Djjzziijii…. Bram blam bram pram blam pafm !!! Bon sang ! Qu’est ce que c’est que ça ?!? C’est du twin, mais la vache, y a un truc bizarre dans les cylindres, non ?
Le bicylindre de cette Buell est une mécanique dernier cri, un rotax sorti en 2008. Sauf qu’il ne parait ni autrichien, ni américain. Au ralenti et à bas-régimes, il borborygme comme un tracteur au sale caractère – on est bien loin du velouté sec d’un twin japonais ou de l’allégresse provocatrice d’un bouilleur italien. Les vibrations à bord sont bien plus contenus que sur les XB-R motorisés par les bi de Milwaukee, mais ça bougeotte quand même avec conviction. On sent que ça vit là-bas dedans, que les pistons se sont mal réveillés et que ça va grogner dans les carters. Pas molasse le Helicon.

Essai de la Buell 1125 R 2010

En bonne sportive, la 1125 R s’est aventuré sur les paddocks. Pour ne pas la décevoir, on l’a emmené sur la piste. Un tour pour découvrir la belle dans son jus, une série pour débrider ses manières. La position de conduite est sport, normal, sans exagération. On apprécierait même un peu plus d’appui sur les poignets. Le senti des commandes est bon, alors qu’on s’attendait à quelque chose de plus rustique vu la tronche vieillotte des commodos. Installé, calé, chauffé, il est temps de bousculer un peu la sportive américaine. Gros gaz, grosse poussée, grosse adaptation. Musclé, le bouilleur délivre la charge avec volonté mais on ne sent pas vraiment les 150 bourrins. Le tachymètre s’effraye assez vite pourtant. Mais l’allonge limité oblige à passer les rapports tôt, et l’accélération forte n’est pas si époustouflante au niveau sensations. Un peu plus de piment sur ce steak, ça donnerait du goût.
Droite serré en quasi demi-tour, filet de gaz, accél’ – Gnianininnnn… Bon, on va un peu plus appuyé sur le cale-pied et forcer le geste pour ramener la meule dans la trajectoire. Pour garder la traj’, la Buell ne se laisse pas facilement faire. En sortie de courbe, on a presque l’impression que le châssis veut suivre le regard mais que le moteur a envie de se barrer de l’autre coté. Pas vraiment une pistarde à la japonaise. Mais ne lui jetons pas de cailloux à outrance – un certain Bruno Destoop fait du chrono violent avec cet engin.

Le soir débarque doucement. Pas de panique, la nuit ne sera pas là avant plusieurs heures, et l’adrénaline n’a pas encore complètement quitté le système sanguin. Au moment de partir, cette Buell 1125 R est toujours en train de me dévisager. Elle semble me dire, m’aguicher, me provoquer : « Eh ! Je ne suis pas celle que tu crois !?! Reviens jouer avec moi, tu n’as pas tout vu… ». Qu’est-ce qu’elle prépare, cette garce ?
Je ré-enfile le casque, revient caresser le dos et les poignées de cette demoiselle, et vous voila en moins de deux dans le terrain cauchemardesque d’une sportive : la ville. On n’y reste pas longtemps ; seulement le temps de comprendre que la souplesse moteur est bien loin de ce que peut offrir un VTR ou un TLS de la belle époque. Dans les évolutions à faible allure, la 1125 R semble destiné aux bourrus du Wisconsin. Et puis, il y a cette drôle de sensation au niveau du train avant, comme si la moto semblait jouer autour de la colonne de direction. Par bonheur, l’horizon s’ouvre, la nationale allemande (pas question de rouler fort dans l’hexagone, alors, on va ailleurs) libère son terrain et annonce une grosse série de kilomètres virevolteurs avec grandes courbes et pétages de plomb à la clé. J’ouvre…… Ouh Vin DIEEEUUUUUUUUU !!! C’EST QUOI CE BORDELLLLLLLLLLLL !!!!!!

Essai de la Buell 1125 R 2010

Incroyable ! La Buell a complètement changé de registre. Je comprends tout : elle se sentait enfermé sur le circuit. Maintenant que la route s’offre à elle, la bête se lâche et vous en balance plein la quiche. Le moteur qui semblait ne pas assez pousser tout à l’heure est devenu un monstre de sensations. Il tracte volontiers jusqu’à 6 000 trs puis entre dans une deuxième phase, pleine de résonance, de vibrations et de grognements. La vitesse au compteur est déjà intéressante mais au guidon, on croirait arsouiller avec 50 bornes de mieux. A l’approche des 8 000 trs, y a déjà une série de questions qui se bousculent dans le cerveau. Pas la peine de réfléchir, ni le pilote ni la moto ne sont là pour ça. La main droite frétille, hésite le quart de la moitié d’une demi-seconde puis visse à fond. Le moulbif Helicon n’attendait que ça et attaque le dernier tiers de sa partition. Dans un effort épouvantable, le twin vibre comme un moteur d’avion, semble perdre tout son embiellage, vous projeter dans le ventre ses couvre-culasses. La poussée flanque la trouille pendant que le moteur semble sur le point d’exploser. Vraiment du carafon et du tempérament – A croire qu’il va sortir du cadre pour mettre une série de gifles au pilote. Pourtant, c’est le freinage qui s’occupe de mettre des baffes. J’empoigne le levier droit sans forcer et me retrouve la tète coincée entre le compteur et l’araignée. C’te claque ! Le disque périmétrique ZTL de 375 mm et les 8 pistons de l’unique étrier sont d’une puissance mais surtout d’une violence sidérante. Faut pas s’amuser à freiner fort avec ça sous la pluie.

Je serre très fort la croix de St-Christophe puis passe les rapports. La boite n’est plus la catastrophique commande des XBR mais on n’est pas encore au standard des japonaises. L’allure est vive, l’angoisse sur le point de s’inviter à bord, le paysage défile vite ; je dois être au moins à 250 km/h… Un regard furtif sur le compteur me sidère : 180. La vache ! Ce space-moutain à deux roues est bien plus généreux en émotions que la majorité de ses consorts. Impossible de ressentir une telle vie et un tel caractère sur une hypersport moderne. Question efficacité, le monde dans lequel la Buell évolue n’est pas le même non plus. La grande courbe qui s’approche pourrait être négocié au guidon d’une R1 ou d’une GSX-R à toc sans le moindre mouvement de châssis. Avec la 1125 R, serre les fesses et tient le guidon des deux mains. Ca dandine, ça bouge, ça oscille… ça veut jouer alors que tu tentes de garder une trajectoire propre. Je reste sur le rapport, pousse le twin à 10 000 trs pour profiter du cocktail « vibrations – aboiements – châssis qui like to move it » et me rend compte que je prends un gros panard avec cet engin démoniaque. Minets et veloutés ne seront pas les bienvenue sur cette sportive ricaine.

Essai de la Buell 1125 R 2010

J’ai fait 40 bornes et je suis en nage. Mené tambour battant, la 1125 R n’incitera pas à faire des centaines de kilomètres. Encore quelques encablures pour valider l’essai et me rendre compte que s’ils font de motos de caractère chez Buell, ils ne doivent pas s’en servir au quotidien. Le bouchon de réservoir non monté sur charnière est tout simplement scandaleux. L’autonomie est franchement moyenne. N’essayez pas de trouvez la pédale de frein arrière sans avoir un 6eme orteil qui puisse toucher le cadre. A contrario, la protection n’est pas ridicule et la vie à bord moins spartiate qu’imaginée.
Au moment de rendre les clés, je percute que cette Buell ne montre son vraie visage que si on joue avec ce qu’elle aime. Comme quoi, certains mets épicés peuvent changer de gout suivant le plat dans lequel ils sont servis.

M.B - Photos constructeur

Ce qu'il faut retenir

Lesplus

  • Moteur vivant et caractériel
  • Sportive joueuse
  • Excentricité Buell

Lesmoins

  • Pas completement à l'aise sur piste
  • Freinage trop violent
  • Aspects pratiques négligés

Performances

Tarifs

France 12 995 € en France métropolitaine
Le tarif de la Buell 1125 R 2010 a augmenté de 1000€ par rapport au précédent modèle
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Modèle commercialisé en

Avis

sur 8 avis d'utilisateurs

Avis (8)

français Claudy Modèle 2008
Je possède cette moto depuis quelques mois(3000kms) et croyez moi c'est un régal dans la mesure où c'est bien les qualité d'une sportive que l'on recherche. On aime ou on aime pas son look... Moi je lui trouve une sacré gueule et j'aime bien cet aspect brut de coffre très racing. Note : 5/5
français Zoobab Modèle 2008
Après essai , je confirme que le Rotax à certes moins de caractère que le HD mais il est beaucoup plus agréable et rapide à monter dans les tours.
Ce qui est beaucoup plus cohérent pour ce type de monto plus sportive. La Buell 1125 R n'est cependant pas une pure hypersport. Elle est plus vivable et surtout n'a pas besoin d'être à 6000 tr /mn pour commencer à donner des bonnes sensations . On retouve donc l'idée première de la bUELL MAIS LES LONGUES courses et l'inertie en moins
Note : 5/5
français waitandsee Modèle 2008
Le moteur c'est quand même le cœur d'une moto. le HD c'est une identité très forte avec des sensations qui vont avec...le Rotax à part pour les vroum, vroum ?
Après avoir fait sont marché moteur en Autriche, faudrait qu'ils se penchent sur le design italien... qu'elle est laide avec sa tête de fourche et ses écopes énormes !
Note : 5/5
Ben, Harley ils s'en foutent que Buell a choisi Rotax... car Buell appartien a Harley depuis quelque temp... sinon Belle moto je trouve.
Mais bon je reste sur mon idee de Sportster (finance lol)
Note : 5/5
français jarod69 Modèle 2008
Dès que je l'ai vu , elle m'a tapé dans l'oeil, c'est vrai que l'avant fait Japonaise, mais après c'est plus du tout pareil.
Enfin un moteur refroidi par eau, c'était temps....
J'ai vraiment hâte de la voir et surtout de l'essayer( même en 106 CV).
Connaissez-vous la date d'arriver en concession?
Note : 5/5
français vapaota Modèle 2008
elle sort quand? j'en veux une!! c'est trop beau
Note : 5/5
français KTMMAN Modèle 2008
Vont faire la gueule chez Harley que Buell leur fasse des infidélités en matière de "Moulbif". Maintenant il est sùr que le moteur V2 européen soit plus adapté à ce type de machine que le vieux 1200 culbuté. Peut être que derrière cette débauche de technologie, l'ambition de la marque est peut être d'aligner cette machine en superbike au mème titre que la Ducati 1098.
Concernant le désign, les écopes latérales auraient
gagnées à être plus discrètes, mais les Buell ont toujours été décalées en matière de look, on aime ou on aime pas....
Note : 5/5
français A.x.L Modèle 2008
Mouais, face avant un peu trop dans le style nippon et écopes latérales un peu trop massives...

Sinon le moteur à l'air assez exeptionnel...

A quand une version roadster ?
Note : 5/5
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