Peut-être avez-vous déjà vu ces photos surprenantes d'avions militaires russes recouverts de vieux pneus de voitures et de motos ? Ce blindage peu courant intrigue, mais il ne s'agit pas d'une improvisation hasardeuse, quoique ses bénéfices sont à nuancer.
L'armée russe recouvre ses avions de pneus usagés
Bien que certaines de ces images datent déjà de l'an dernier, cette pratique semble s'être répandue au sein des forces armées russes. Pneus de voiture, moto, poids lourd : tout est réutilisé. Mais pourquoi recouvrir leurs appareils de pneus en tout genre ? Selon les experts militaires, cette méthode permettrait de réduire la signature thermique des avions, perturbant ainsi les systèmes de vision artificielle des drones.
Schuyler Moore, directeur de la technologie du Commandement central de l'armée américaine, explique : "Vous cherchez un avion, mais si vous mettez des pneus sur le dessus des ailes, de nombreux modèles de vision artificielle ont du mal à identifier qu'il s'agit d'un avion." Cette tactique, relayée par Business Insider, s'appuie sur l'idée que les pneus pourraient également limiter les dégâts en cas d'explosion à proximité, en offrant une protection contre la fragmentation.
Pas l'assurance tout risque pour autant
Malgré ses avantages apparents, cette méthode de protection a le défaut de ses atouts. Renforcer le blindage des avions, qui seraient autrement des cibles faciles, par des pneumatiques, est une chose, mais ils restent "toujours observables sous les caméras infrarouges", comme le souligne Francisco Serra-Martins de One Way Aerospace. Un autre inconvénient majeur, et non des moindres : les pneus restent inflammables. En cas d'attaque, leur combustion pourrait provoquer un incendie difficile à maîtriser, mettant en péril l'appareil "protégé". Pas de surprise à ce niveau-là.
Une réponse aux (contre) offensives de drones ukrainiens
Cette solution low-cost a été adoptée en réponse à l'intensification des attaques de drones ukrainiens sur les bases aériennes russes. Les forces russes semblent tenter de pallier les failles de leur défense avec cette méthode improvisée, visible sur des bombardiers Tu-95, Tu-160 et, plus récemment, des Su-34. Si ce camouflage est une mesure d'urgence, il reste à voir s'il sera maintenu dans le temps.
Ainsi, cette stratégie, aussi étrange qu'économique, continue de susciter des débats quant à son efficacité réelle. Conservons nos pneus, ils pourraient servir à des fins utiles... qu'on ne souhaite pas.