A une semaine du premier tour de l'élection présidentielle française, bien malin celui qui pourra prédire les deux noms qui sortiront des urnes... Mais une chose est sûre, la sécurité routière est loin d'être un « grande cause nationale » ! Bien au contraire, les onzes prétendants à l’Elysée s’en moquent et ne s’avancent sur aucune promesse si l’on s’en tient à leurs professions de foi ! Après tout pourquoi pas !
Mais alors que celui ou celle qui sortira des urnes le 7 mai cesse enfin de traiter les usagers des deux-roues motorisés comme des délinquants en puissance ou des enfants en bas-âge ! Voilà en substance le message lancé par la Fédération Française des Motards (FFMC) en direction des hommes et des femmes engagés dans la course de la présidence nationale.
Les radars, la vidéo-surveillance et la vidéo-verbalisation, la justice automatique numérisée et les fichiers, l’obligation de dénoncer, les restrictions de circulation en ville pour les deux-roues motorisés de plus de 15 ans, des routes privées de plus en plus chères et des routes publiques de plus en plus dégradées, les Français n’en peuvent plus, ils n’en veulent plus !
En attendant, si les 3,8 millions d’usagers de deux-roues motorisés n’attendent aucune promesse ni cadeau de la part de nos onze Père-Noël de printemps pour les cinq ans à venir, qu’ils sachent bien que la FFMC ne laissera aucun « élu » tranquille tant que les démarches sécuritaires existantes et à venir continueront à faire de l’ombre à la devise Républicaine de « Liberté, Egalité, Fraternité ». Car la France, pays auto-proclamé champion de la Liberté est toujours le seul pays du Monde à développer une telle hystérie contre les véhicules en général et les deux-roues motorisés en particulier.
Aussi, les Motards en colère de la FFMC adressent une lettre ouverte à tous les candidats en compétition, pour les présidentielles comme pour les législatives.
La voici :
"Mesdames, messieurs, candidates et candidats,
Depuis des mois, vous sollicitez les suffrages des Français afin d’être élu chef de la Nation pour les cinq années à venir.
Nous, Motards en colère de la FFMC, citoyens et militants associatifs, attachés aux valeurs portées par la devise « Liberté, égalité, fraternité », nous avons choisi, en cette période électorale majeure, de ne rien vous demander. Notre liberté, nous nous battons pour la garder et quand il le faut, pour la reprendre. Quant à notre égalité et notre fraternité, elles sont le moteur de l’existence de notre fédération, comme nous le proclamons depuis 37 ans, sans distinction sociale, sexuelle ou ethnique.
Vous, candidats à la fonction suprême, vous n’évoquez même plus la Liberté dans vos projets de campagne… vous lui préférez la « sécurité », comme pour jouer sur les peurs qui mènent au repli sur soi, à la défiance, aux clivages. Quant à la sécurité routière, dont l’espoir de l’améliorer pour toutes et tous fonde une bonne partie des engagements de nos bénévoles dans 88 départements, au nom de plus de trois millions d’usagers de deux-roues motorisés, ce n’est visiblement pas un sujet majeur de vos promesses électorales. Si la question vous est posée directement, vous vous contentez de proposer de reconduire les politiques déjà menées par vos prédécesseurs et nous critiquons ces politiques.
Pourtant nos propositions en matière d’amélioration de la sécurité routière de tous en général et des utilisateurs de deux-roues en particuliers sont connues et reconnues (agrément de l’Éducation nationale), détaillées, concrètes. Elles sont contenues dans le Manifeste de la FFMC pour la sécurité des deux-roues motorisées en cinq axes que nous avons déjà adressé aux candidats aux présidentielles en 2012. Ces propositions ont été notre base de travail durant tout le temps où nous avons activement participé au Conseil national de la sécurité routière de 2013 à 2015.
Notre expertise (forte de trois décennies) porte sur le conducteur (motos et autos, l’éducation routière, l’équipement des usagers), le véhicule (sécurités actives et passives), l’environnement de circulation (partage de la route entre les usagers, infrastructures routières), l’environnement institutionnel et citoyen (accidentologie et réglementation) et les sports et les loisirs (circuits, tourisme, lien social). Au travers de ces cinq thèmes, nous développons une vision citoyenne des pratiques basées sur le bon sens, la responsabilisation et l’engagement de l’individu (pondération dans les pratiques, veiller à sa propre sécurité et celle des autres), l’échange avec les Pouvoirs publics et tous les acteurs de l’univers du deux-roues (éducateurs, formateurs, associations, industriels, gestionnaires des routes, fonctionnaires des ministères de tutelle…)
Malgré cela, au cours des deux derniers quinquennats, les usagers de la route (salariés, étudiants, demandeurs d’emplois, précaires, retraités…) ont vu se multiplier les décrets et arrêtés qui toujours interdisent et opposent et jamais ne permettent ni associent.
Ces cinq dernières années, il nous a fallu nous battre contre des projets de contrôle-technique qui n’enrichissent que les lobbies marchands, contre des obligations superfétatoires et imbéciles (port obligatoire d’équipements homologués, agrandissement des tailles de plaques d’immatriculation à seule fin d’optimiser le fonctionnement des radars automatiques), extension des contraintes liées à l’accès à la moto au permis de conduire, restrictions de circulation en ville pour les deux-roues motorisés pour des motifs de pollution alors qu’aucun de nos engins légers et pratiques ne roule au gasoil et qu’ils contribuent au désengorgement du trafic des véhicules dans les grandes agglomérations, comme l’a reconnue l’Union Européenne… mais pas les politiciens français !
Et l’éducation et la sécurité routière, leurs mises en œuvre, leurs contrôles et les actions de prévention ? Vendues aux sociétés privées, tout comme les autoroutes alors que ce sont les réseaux les plus sûrs. L’entretien du réseau public ? Laissé à l’abandon ! La concertation avec les usagers ? Un jeu de dupes puisque les ministres en charge de ces questions se moquent des heures passées en réunions et autres « groupe de travail » pour au final n’annoncer que des mesures à court-terme, à seules fins de communication. La mortalité routière a-t-elle baissée ces cinq dernières années en regard des contraintes imposées aux usagers et des cadeaux adressés aux opérateurs privés au détriment du Bien public ? Si peu ! Est-ce parce que les résultats promis ont finalement été si pitoyables que vous préférez délaisser ces domaines ?
En vous présentant aux urnes, une chance vous est donnée de redonner à la politique ses lettres de noblesse, de participer à l’élévation du pays avec l’adhésion de ses citoyens. Pourtant, durant ces derniers mois où vous avez élaboré vos arguments de campagne électorale, vous n’avez pas jugé nécessaire d’étudier avec nous comment nous pourrions ensemble envisager pour demain des manières de circuler respectueuses de chacun, chacune, dans leurs différences et dans le respect des enjeux actuels et futurs quant à la protection de l’environnement. Vous avez dédaigné des questions qui concernent toute la population, chaque jour, toute l’année.
Et ce ne sont pourtant pas des question anodines puisque ces dernières décennies, elles ont généré des retraits démocratiques (surveillance et fichage des individus, accès au Droit et à la Justice de plus en plus compliqué, restrictions de circulation, criminalisation de l’action militante…)
On attribue à Benjamin Franklin la prédiction faite il y a deux siècles selon laquelle « un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre et finit par perdre les deux »… nous en sommes là.
Aussi, mesdames et messieurs les candidats, en cette veille d’élection majeure pour notre pays, nous ne vous demandons aucune promesse que vous ne tiendrez pas, pas plus que vos prédécesseurs n’ont tenu celles qu’ils ont faites. La seule promesse que vous allez tenir, c’est celle de nous garder sous le joug autoritaire de votre administration et des intérêts économiques qui ne profitent qu’à une minorité de financiers rapaces, faisant fi de notre libre-arbitre et de notre citoyenneté. La seule politique que vous allez conduire consiste à nous faire croire (en nous parlant comme à des petits enfants) que les citoyens ont besoin de vous alors que c’est vous qui avez besoin de nous, que c’est à vous de nous servir et non le contraire.
En revanche, nous, les Motards en colère de la FFMC qui représentons des milliers d’adhérents et militants associatifs, des centaines de milliers de sympathisants et des millions d’usagers de la route, nous vous faisons une promesse et nous allons la tenir : celle de ne jamais vous laisser tranquilles quand vous tenterez de nous abuser, celle de toujours vous interpeller et de vous rappeler à l’engagement de vos mandats et faire en sorte que nos convictions en faveur de la Liberté, de l’Égalité et de la Fraternité soient respectées.
A bon entendeur !"
ActualitéLa FFMC interpelle les onze candidats à l'élection présidentielle.
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