Autrefois symbole de vitesse et de compétition, Axel Pons est aujourd'hui l'incarnation de la lenteur et d'une quête spirituelle profondément introspective. Cet ancien pilote espagnol, fils de Sito Pons, double champion du monde en 250 cc, a radicalement changé de vie après sa retraite sportive en 2017. À désormais 33 ans, il arpente le monde pieds nus, en quête d'un sens à son existence, loin des paddocks.
De la vitesse à la marche ; de la lumière à l'ombre
Pendant près de dix ans, Axel Pons a parcouru les circuits du championnat Moto2, obtenant son meilleur résultat en 2016 avec une sixième place au Grand Prix d'Italie. Talentueux mais souvent dans l'ombre de son père, il a côtoyé les plus grands pilotes de l'époque : Marc Márquez, Francesco Bagnaia, Maverick Viñales, Johann Zarco ou encore Fabio Quartararo.
Son nom résonnait comme celui d'un pilote prometteur. Pourtant, derrière le casque, un homme en quête d'identité se dessinait. En 2017, une interview donnée à la revue ICON révélait une fracture intérieure : "J'avais besoin d'enterrer le pilote Axel Pons." Cette personne n'est plus, et si on ne s'attendait pas non plus à le revoir sous cette forme, la suite pourrait vous surprendre...
Après sa retraite des circuits, Pons abandonne également le mannequinat et une vie sentimentale qu'il qualifie de "prison dorée". Loin de la pression des projecteurs, il fait le choix surprenant de ralentir son existence, à tous les niveaux. Depuis six ans, Pons arpente les routes pieds nus, porteur d'un simple sac à dos, vivant au gré des rencontres et des paysages. L'antithèse du pilote, en somme.
Son choix radical divise : certains y voient un illuminé, d'autres un homme éclairé. Qu'importe pour celui qui aurait sans doute souhaité conserver cet anonymat, tout en bénéficiant du soutien de ses proches, à commencer par son père, avec qu'il a partagé une semaine dans l'année écoulée. C'était sans compter sur la presse espagnole qui s'est rapidement emparée du sujet. "Heureusement, il n'est pas conscient de ce qui se passe ici", soulignait Sito Pons pour Motorsport.
Axel Pons : un voyage spirituel et introspectif
Alors, pourquoi quitter une vie de richesse et de renommée pour une existence aussi austère ? Le Covid-19, qu'il perçoit comme une tentative de déshumanisation et de contrôle social, marque un tournant dans sa réflexion. Cette prise de conscience le pousse à délaisser encore davantage la vie moderne pour revenir à l'essentiel.
Dans une vidéo publiée sur la chaîne YouTube "Wahaj Ali.B", le Catalan de naissance relate son voyage à travers l'Asie, depuis l'Espagne jusqu'au Pakistan, en passant par des dizaines de pays. Lorsqu'on lui demande son nom, il se présente d'abord comme "Isa", avant de révéler qu'il s'agit d'un pseudonyme emprunté aux traditions islamiques : "Isa" est le nom arabe pour Jésus. Son véritable nom, Axel, reflète bien une autre époque de sa vie.
"À un moment, la vitesse n'avait plus aucun sens", confie-t-il par ailleurs. "J'ai ralenti ma vie, jusqu'à marcher lentement, et finalement à marcher sans chaussures." Pour Pons, la marche devient un acte spirituel, un moyen de se reconnecter avec Dieu et la nature, loin des artifices du passé. Ou comment s'approprier l'expression "rien ne sert de courir, il vaut mieux partir à point".
Sa quête l'a conduit à passer 15 mois au Pakistan, en immersion totale accompagné de deux semblables. Pourtant, son périple n'est pas sans embûches : cet été, il s'est vu refuser un visa pour l'Inde. "Si ce n'est pas l'Inde, ce sera la Chine", dit-il, les yeux tournés vers l'Est.
Le poids d'un héritage
Derrière cette quête mystique, il y a aussi le poids d'un héritage familial. Fils d'un multimillionnaire condamné pour fraude fiscale, Axel Pons a grandi dans un luxe qui n'aura visiblement jamais comblé un vide intérieur. Un choix qui peut aussi traduire une tentative de réponse à la crise d'identité que de nombreux sportifs traversent après leur carrière. Là où certains sombrent dans l'oubli ou la dépression, lui semble avoir trouvé sa voie, loin des attentes et des conventions...