Fiche moto SuzukiRG 125 F Gamma 1994
Le début des années 1990 marque la riposte des marques japonaises à la déferlante italienne dans la catégorie des sportives de 125cc . Yamaha a déjà remplacé sa maintenant timide TZR par une TZR-R (en 1991) nettement plus valorisante, quand Suzuki renouvelle son RG, en 1992.
Et cette nouvelle a fort à faire avec les hordes italiennes, comptant dans leurs rangs les pseudo nippones Honda NSR-R et Yamaha TZR-R. Car le RG 125 F est la seule représentante 100% japonaise de cette catégorie; Yamaha et Honda préférant délocaliser (une partie de) la conception et la production de leurs petites sportives dans leur filiale italienne respective.
Fidèle à sa politique commerciale de l'époque, le constructeur d'Hamamatsu est bien décidé à en offrir autant que ses concurrents pour moins cher. Aussi, il combine savamment des technologies de pointe capables de placer le RG au niveau des italiennes, mais aussi rappelant sa soeur RGV 250 et des technologies plus classiques et donc moins onéreuses.
Ainsi, le cadre est de type périmétrique, mais reste en acier (à l'instar des Gilera SP et au contraire des Aprilia AF1 Futura et Cagiva Mito utilisant l'aluminium). Suzuki ne cède pas non plus au monobras oscillant de la Futura, mais propose néanmoins un bras banane pour attirer les sportifs en herbe. La fourche Upside Down s'est démocratisée, le RG y aura donc droit.
Le reste de la partie cycle n'étonne pas vraiment. Un gros disque de frein avant, un disque à l'arrière, des jantes alliages à 3 branches, mais des pneumatiques d'une largeur un peu plus modeste que la concurrence pour l'arrière (120/80-17). Cette taille un peu étriquée s'explique sûrement par une volonté de conserver une bonne maniabilité et un coût contenu. Ainsi équipé, la petite RG étonne par son bon compromis stabilité/maniabilité/confort.
Coté moteur, Suzuki, pragmatique, ne propose aucune technologie révolutionnaire mais un monocylindre tout simplement moderne, efficace et sans fioritures. Il est d'ailleurs à noter que ce moteur équipe également les trails TSR dans une version retravaillée. Suzuki a donc opté pour des cotes très classiques (56 mm x 50,6 mm) comme la majorité de ses concurrents (sauf Honda et Aprilia). Refroidissement liquide, valve à l'échappement, et démarreur électrique (le précédent RG n'avait droit qu'au kick) sont de la partie. Toutes ces caractéristiques donnent au final une bonne trentaine de chevaux et un facile 160 km/h compteur. La version française ne peut se targuer de ces chiffres mais bridé à 13 chevaux, le RG 125 F fait preuve d'une nervosité sympathique à mi-régime à défaut du souffle original.
Rien ne vient réellement entacher le bilan technique de cette machine. Le RG 125 F ne surclasse pas la concurrence, mais tient fort honorablement la comparaison. Néanmoins, la plastique de l'engin sera beaucoup plus sujette à débat. La ligne de carénage dans l'air du temps ne choque personne, même si la coque arrière ne brille pas par une ligne très dynamique. La critique vient surtout des coloris et de la décoration de cette sportive. Les premiers millésimes ont droit à des coloris qui agressent l'oeil avec des flancs de carénages blancs ou noirs tagués à la bombe jaune, bleue ou fuchsia. Et si cette bizarrerie esthétique ne pénalisa pas vraiment les RGV 250 et GSX-R 750 de la même période, « taguées » elles aussi, le RG 125 F en a peut-être un peu plus souffert en terme de volume de ventes.
Vendue aux alentours de 28 000 FF (env. 4 300€) à sa sortie, elle offrait des prestations proches de ses concurrentes, malgré une finition un peu inférieure aux italiennes, pour environ 6 000 à 7 000 FF de moins (env. 1 000€). La logique aurait voulu qu'elle s'impose. C'était sans compter sur la politique de l'extrême des marques italiennes. Les ritales étaient plus puissantes, plus rapides, plus nobles, plus charismatiques... Des critères importants pour les jeunes sportifs, cibles toute trouvées pour ce genre de produits.
Cette base fut déclinée tout d'abord dans une version dénudée appelée Wolf mal connue chez nous. Une version 200cc fut également proposée sur certains marchés (en version carénée et naked). Dans cette cylindrée, la moto gagnait beaucoup en dynamisme dans les mi-régimes; les 75cc supplémentaires bénéficiant surtout au couple sur toute la plage d'utilisation.
Le RG 125 F tira sa révérence en 1995-1996 sans être remplacée; Suzuki préférant se concentrer sur des 125cc 4T plus économiques ou sur le RGV 250.
Tanthallas - Photos : Constructeur
1992
1993
1994
1995
1996