5 h 32 du matin ! Le tableau de bord indique 6°. Sous le ciel encore endormi, une vingtaine de panache brumeux sortent des échappements encore frais. La mélodie sèche et ondulante d’une ritournelle de bicylindres (et autres) va bientôt laisser la place à une envolée de lucioles. C’est là, sur les terres de la société Shark, que nous partons à la découverte du Skwal i3. Plus qu’un nouveau casque, il annonce une innovation qui devrait intéresser bien du monde. La sécurité est une obsession chez la marque française, et la virée (très) matinale dont nous sommes les acteurs va nous montrer le potentiel de l’Intelligent Visibility.
Comment ça se passe et qu’est-ce qui se passe ? Partons en immersion dans le décor. Devant moi, dans le noir, la troupe file à douce allure en enchainant les virolos. Mais… en se basant sur le feu arrière de la moto me précédant, impossible de dire si la meule décélère ou continue sur son rythme. Tant que le pilote ne touche pas au frein, la perception tâtonne. Sauf que ce matin, en suspension dans l’éther, le clignotement rouge à l’arrière du casque m’informe que l’équipage ralentit. Car le Skwal i3 est équipé d’un feu stop intelligent. Une première mondiale. On connaissait la gamme Skwal avec des LEDs intégrés pour améliorer la visibilité des motards ; voici que Shark passe un cap avec un casque qui réfléchit pour allumer son avertisseur de freinage.
Avec une dizaine de bécanes tournotant sous mes yeux, je peux percevoir dans de multiples conditions la réactivité du système. La combinaison nuit / route de l’Estérel encourage la prudence, la perception accrue de toute luminosité et la consommation industrielle de café. Chaque virage serré entraine son lot de feux stop déchirants la nuit. Le stop secondaire apporté par le Skwal i3 clignote souvent, mais pas toujours. Sous la calotte, il y a de quoi se poser la question…. N’est-il pas synchronisé avec l’éclairage de la moto ?!? Non, et un peu de technique s’impose.
Il n’y a
pas de liaison filaire, Bluetooth, WiFi ou autre entre la moto et le casque. La
technique à déployer et uniformiser aurait été trop complexe et trop lourde
(dans tous les sens du terme). Shark a donc installé dans son heaume un
accéléromètre triaxial pour détecter les freinages. Ensuite, c’est l’électronique
qui entre en jeu : en cas de freinage tranquille ou de certaines
décélérations induites par la coupure des gaz, le stop du casque clignote à la
fréquence de 3 impulsions par seconde. Si le freinage est costaud, le
clignotement passe à 5 ips.
Durant le test, ce feu stop réactif a tendance à se déclencher sur certains
mouvements de tête, sans que la moto ne semble en phase de ralentissement. Mais
l’œil est attiré par l’action visuelle et le réflexe mental intervient aussitôt :
il se passe quelque chose devant ; et l’attention monte d’un cran. Que ce
soit pour nous, motards de groupe, ou pour tous les autres – automobilistes,
routiers et autres utilisateurs de la route.
Les 4 illuminations frontales étaient
déjà présentes sur le Skwal 2. Shark les reconduit sous une nouvelle forme,
dans un coloris blanc simplissime. Presque dommage, on perd la couleur façon
vert plutonium mutagène, qui donnait un coté techno-futuriste plutôt sympa. En
revanche, l’éclat des nouvelles LEDs cumule plusieurs avantages : un
surplus de visibilité et un mini-éclairage pour les moments sombres (quand tu
cherches le contacteur ou la serrure de la baraque pour y introduire la clé en
pleine nuit).
Trois modes sont dispo pour l'éclairage :
- Position Lights - Feu stop intelligent activé seulement : toutes les LEDs sont éteintes et le feu stop ne clignote qu'à la détection d'un freinage.
- Smart Brake Lights - Toutes les LEDs sont allumées fixe et le feu stop intelligent est actif.
- Flashing Lights - Toutes les LEDs sont allumées et clignotent (une fois par seconde) et le feu stop intelligent est actif.
Pour passer de l'un à l'autre, il suffit d'appuyer une fois sur la touchePower, située au milieu gauche du casque.
Quid de l'autonomie ? Shark annonce jusqu'à 12 heures avec le mode Flashing Lights. Pour la recharge, qui demandera environ 3 heures, un câble USB-C se dissimule dans une pochette à l'arrière du casque, quasi invisible.
Ne limitons pas le Skwal i3 a son ensemble de LEDs. Car ce casque est aussi un beau produit, fidèle à la réputation de Shark. Son design tendu et sportif se marie parfaitement avec les machines nerveuses qui abonde le marché. A l’enfilage, le confort est immédiat et le maintien sûr, notamment grâce au nouveau chaussant « Best fit » combinant 5 textiles techniques. Une fois la sangle micrométrique bouclée et les aérations fermées (oui, il fait encore frais), rien ne vient gêner le port du casque. Surtout qu’il se fait oublier pendant toute cette matinée de roulage. Bien que nous n’ayons pu galoper à haute vitesse, il est à noter qu’aucun bruit parasite ou aérodynamique n’est venu troubler notre agrément. Comme toujours chez Shark, le champ de vision est large ; et le style n’est pas en reste avec toute une série de visière iridium homologuées.
Ce Skwal
inaugure aussi le nouvel écran de chez Shark, classe optique 1, anti-rayures,
équipé en Pinlock d’origine et fixé par un nouveau système d’extraction rapide.
La première fois, la manipulation avec les deux mains synchronisées demande un
minimum d’attention. Ensuite, manipuler le jeu de platines est simple et
pratique.
N’oublions pas le nouveau procédé de fixation des mousses, l’intérieur
entièrement démontable, le nouveau (encore) pare-soleil interne anti-rayures et
antibuée, et le procédé de verrouillage d’écran avec une position pour laisser
passer un filet d’air. Déverrouiller l’écran demande d’ailleurs un réel
engagement du pouce.
L’i3 fait partie de la nouvelle génération de casques soumis à la récente norme
de sécurité 22-06, bien plus sévère que l’ancienne. Pas un problème pour la
boite marseillaise, qui domine le sujet. Son modèle racing haut de gamme, le
Race-R Pro GP, était tellement abouti à sa sortie en 2018 qu’il passe lui aussi
la norme sans besoin de modifications.
Révolution technologique ? Nous n’irons pas jusque là. Gadget lumineux ? Certainement pas ; la plus-value du feu stop actif est réelle et a fait l’objet de débats engagés tout au long de la matinée. Curiosité commerciale ? Non plus ; cela se sent que Shark a mis plus de sécurité que de marketing dans son Skwal i3. La gestion électronique du feu arrière mériterait peut-être d’être peaufinée mais la pauvre doit déjà composer avec tellement de paramètres. Accélération longitudinale et latérale, position et mouvements la tête, prises d’angle, force de décélération, position relative dans l’espace… Le département R&D a du péter les plombs plus d’une fois.
Pour accéder à cette technologie, le Skwal i3 demandera 279,99 euros en uni et 319,99 euros avec une déco. Il est disponible en 6 tailles (XS – S – M – L – XL - XXL) avec 2 tailles de coque en polycarbonate Lexan. N’ayez pas peur du poids ; le système de feu stop ne rajoute qu’une trentaine de grammes. Il faut compter environ 1550 grammes autour de la tête, soit la bonne moyenne de la catégorie.
M.B. - Photos Shark
Pourquoi pas s'innover?
Un des meilleurs casque