En amont du Bol d'Or 2024, qui se déroule actuellement sur le circuit Paul Ricard du Castellet, la Fondation VINCI Autoroutes, en partenariat avec 2-roues Lab', a dévoilé une étude sur les comportements et perceptions des conducteurs de deux-roues motorisés. Cette enquête, menée auprès de 1 963 participants, met en évidence les dangers auxquels sont exposés ces conducteurs, tout en soulignant leurs propres comportements à risque.
Les motocyclistes face aux dangers de la route
Les conducteurs de deux-roues sont particulièrement conscients des dangers de la route. 81 % d'entre eux se déclarent préoccupés par le comportement des autres usagers, un sentiment amplifié par le fait que 62 % ont déjà été impliqués ou ont failli être impliqués dans un accident dû à une manœuvre dangereuse, souvent causée par l'inattention ou la somnolence des automobilistes.
Sur autoroute, plus de la moitié (54 %) désignent l'inattention des autres comme principale cause d'accidents mortels. Une autre inquiétude majeure des motards concerne leur visibilité. 49 % d'entre eux craignent de ne pas être vus par les autres usagers de la route. Cette vulnérabilité est renforcée par les statistiques de l'an passé, où 22 % des victimes d'accidents mortels sur les routes françaises étaient des conducteurs de deux-roues, représentant 706 personnes.
Les conducteurs de deux-roues ne sont pas exempts de reproches
Bien que conscients des dangers venant des autres, les motards adoptent eux-mêmes des comportements à risque. Tel est pris qui croyait prendre...
Près de 99 % d'entre eux reconnaissent dépasser occasionnellement les limitations de vitesse. De plus, 84 % admettent ne pas toujours respecter les distances de sécurité, 45 % doublent par la droite, et 73 % franchissent parfois une ligne continue. Des pratiques dangereuses liées à la distraction sont également fréquentes : 37 % des motards utilisent leur téléphone via Bluetooth en conduisant, et 21 % programment leur GPS en roulant. Ces comportements ne sont pas sans conséquence et augmentent considérablement les risques d'accidents. En outre, 29 % ont déjà pris la route en étant très fatigués, et 23 % ont déjà failli avoir un accident en raison de la somnolence au guidon.
Bernadette Moreau, déléguée générale de la Fondation VINCI Autoroutes
Les conducteurs de deux-roues motorisés sont, comme l'ensemble des usagers de la route, soumis à une dualité entre le sentiment d'être victime du mauvais comportement des autres conducteurs, effectivement trop fréquent, et leurs propres prises de risques qui les mettent en danger.
Prévention des accidents : vigilance et bonnes pratiques
Face à ces comportements à risque, la Fondation VINCI Autoroutes met en œuvre plusieurs initiatives pour améliorer la sécurité des motards. Des relais moto ont été installés sur le parcours manant au Bol d'Or, permettant aux motards de se reposer et de recevoir des kits sommeil pour prévenir la somnolence. L'importance de faire des pauses régulières, surtout lors de longs trajets, y est soulignée.
Le partage des pratiques entre automobilistes et motards est également un levier crucial de prévention. En ce sens, Patrick Jacquot, président de l'Assurance Mutuelle des Motards, rappelait un rapport MAIDS (daté de 2005) selon lequel les automobilistes détenteurs d'un permis moto auraient deux fois moins de risques de percuter un motard. Un chiffre qui, s'il n'a pas été mis à jour depuis, met en avant l'importance de la formation et de la sensibilisation à la conduite des deux-roues pour tous les usagers de la route.
Patrick Jacquot, PDG de la Mutuelle des Motards
Le motard a conscience de sa vulnérabilité, l'absence de carrosserie lui rappelle assez souvent. Pour autant, le risque ne peut pas se limiter à "l'autre" : chacun doit prendre sa part. Depuis plus de 40 ans, nous prônons le partage de la route, car nous pensons que mieux se connaître, c'est déjà anticiper un risque accident.
La vigilance et le respect des bonnes pratiques sont essentiels pour éviter le sentiment de surconfiance, d'autant que la recherche du plaisir sur la route inclut souvent la vitesse, une composante à la fois appréciée et risquée. "On est là pour alerter sur ce sentiment de surconfiance qui amène les motards à se mettre en danger. Ils n'ont pas de carrosserie quand ils tombent. Quand ils tapent, ça fait très mal." martèle B. Moreau.
En dépit de leur conscience des dangers et de leur vulnérabilité, de nombreux motards continuent d'adopter des comportements à risque. Les résultats de cette étude récente pourraient permettre d'orienter les actions de prévention et de sensibilisation, afin de rendre les routes plus sûres pour tous les usagers, et particulièrement pour les conducteurs de deux-roues, souvent les plus exposés.