
Photos : "shooter" Fred Arijs
Le thermomètre de l’ordinateur de bord m’annonce 15,5°C et pourtant nous ne sommes qu’à la mi-février, le moteur ronronne à 4 600 tours en 6ème et ce à 130km/h et la conso instantanée s’est stabilisée à 4,6 l.
Je m’offre le luxe de rouler droit bien abrité par la bulle et les mains au chaud grâce aux poignées chauffantes. Rhoo, quel plaisir cette BMW. Avec son réservoir de 16l, je pourrais m’envoyer pratiquement 300 bornes d’un coup mais le panneau m’indiquant la sortie que je dois emprunter me fait revenir à la réalité.
Un peu de technique :
Les sœurs F 800 S et ST sont arrivées pour combler un chaînon manquant dans la gamme entre les monos F 650 et Scarver et les premiers Boxer.
Cette ST est assez puissante (85ch) et pas trop lourde (187kg), le bi vous permet d’enrouler sans problème grâce à un couple de 86 NM à 5 800 t/min. Elle reprend à sa petite sœur la transmission par courroie crantée.
Petite parenthèse, commençons par le seul point négatif que j’ai pu lui trouver : la boîte de vitesse.
La BMW utilisée pour cet essai était une moto presse qui totalisait près de 10.000 km. Etait ce l’utilisation musclée qui avait amené une boîte sautante ? Pour contrer ce phénomène, il fallait passer les vitesses d’une manière sèche, ce qui ne se fait pas naturellement au vu de la douceur de la dite boîte !
Cockpit :
Filiation allemande oblige, le tableau de bord et tous les éléments se situant sous les yeux du pilote respirent le sérieux.
Nous retrouvons donc sous la bulle (qui protège le buste jusqu’à 140km/h sans problème), une instrumentation trahissant le côté raisonnable de la machine. Au lieu du grand compte tour surplombant un petit compteur comme la production nippone nous a habitué à voir, nous avons ici tout la contraire sous les yeux. Seul petit détail « sportif » l’indicateur lumineux de surrégime (que j’ai d’ailleurs eu l’occasion d’allumer lors de passages 4ème-5ème quand il ne se verrouillaient pas). A droite de cet ensemble on retrouve un grand écran qui regroupe : température d’huile, niveau d’essence, rapport engagé, horloge et le trip 1 ou 2. De plus, grâce à l’ordinateur de bord en option, vous pouvez choisir (à l’aide d’un bouton au dessus du commodo gauche) température extérieure, conso instantanée, conso moyenne, nombre de kilomètres avant réserve et l’âge du capitaine … euh non pas l’âge !
A chaque essai de BM, je m’habitue rapidement à leur système de clignos que je trouve très pratique, autant que les poignées chauffantes que je n’ai pas éteint une seule seconde malgré la température clémente.
Contact :
Le démarreur fait craquer un bourdonnement pas très sexy mais bon, le moteur compense par une montée en régime particulièrement vive si l’on n’oublie pas d’anticiper le tirage assez long de la poignée. La boîte très douce (le problème de verrouillage évoqué plus haut mis à part) est plutôt longue et les deux premiers rapports montent respectivement à 90 et 130 km/h. Notons que le 6ème rapport est pratiquement un overdrive à utiliser sur autoroute en conduite coulée.
Par contre, chose rare sur une moto, la vitesse de pointe est atteinte à la limite de la zone rouge (près de 9000 t/min) et s’établit à 230 km/h compteur malgré les valises.
Parlons-en de ces valises, malheureusement encore une option, elles regorgent de solutions pratiques ; outre le fait que l’on puisse les retirer très facilement, sans grever la ligne de la moto, un soufflet et deux lanières rigides leur permettent de pratiquement doubler leur contenance (évidement, il ne faut pas les oublier lors de remontées entre les files !).
Le réservoir, situé sous la selle, est également une solution qui permet d’abaisser le centre de gravité. Seul inconvénient, votre passager pestera contre le bouchon de réservoir monté sur charnière qui lui frottera le genou.
Dynamique ?
Nous abordons « LE » chapitre important ! BMW continue à véhiculer, pour certains de ces modèles, une image un peu « pataude » et ce malgré de réelles qualités dynamiques !
La F 800 ST a une position transitoire, comme son placement dans la gamme d’ailleurs. Cette moto étant là pour attirer une nouvelle clientèle sans pour autant choquer les habitués de la marque, elle regorge de solutions intermédiaires :
Le setting des suspensions allie souplesse en début de course et fermeté. Il faut juste s’habituer au flottement intermédiaire.
Le moteur coupleux et puissant permet de rouler en souplesse en ville, de reprendre sans sourciller à 1500 t en 3ème et après de bondir jusqu’à la zone rouge. Et tout cela sans aucune violence. Peut-être aussi grâce ou à cause de la transmission finale par courroie crantée.
Même la position du pilote est un subtil mélange de entre sportivité et grand tourisme : le buste droit grâce à un guidon haut et les fesses confortablement installées dans une selle moelleuse tranche avec les jambes plutôt repliées. Seule concession au confort des jambes : deux petits spoilers sur le bas du carénage dispense vos bottes des projections directes d’eau.
Conclusions :
En rajoutant ST derrière la cylindrée, BMW a tapé juste, nous sommes bien face à une moto de sport/tourisme. Bonne en tout mais pas excellente, cette machine me rappelle la TDM même puissance mais un peu moins confortable, plus joueuse et stable mais moins souple elle reste malgré tout une réussite.
Proposée à un prix décent, moins de 10.000 Euros (9.700 Euros pour la version de base), elle se place à 900 Euros de la Yamaha !
Elle s’adresse donc à une clientèle de roule toujours qui profitera du peu d’entretien que demande la transmission, du luxe telle que les poignées chauffantes, des valises latérales et des éléments de sécurité tels l’abs ou l’amortisseur de direction qu’elle fournit.
En optant pour sa livrée gris mat, vous aurez une moto valorisante, classieuse et qui plait à la gente féminine !
Cool non ?
Oli le Belge
(photos : par "shooter" Fred Arijs)