Fiche moto BFG1300 1982 Tentative à la Française
Une quinzaine d'années avant l'aventure Voxan, il fut créé une autre marque de motos Française. Tout a commencé avec la réunion de 3 hommes, plein d'idées et de motivation. Les 3 concepteurs d'une nouvelle marque, d'une nouvelle moto, d'un nouveau souffle de la moto française.
Leurs noms ? Louis Boccardo, Dominique Favario et Thierry Grange - BFG vient de naître.
Une bonne dose de matière grise, quelques capitaux, des pièces provenant du monde de l'auto, et nos 3 compères vont bientôt mettre sur roues une machine surprenante. La version définitive sera présenté puis fabriquée en 1982 sans l'un de ses pères, l'usine préférant se séparer de Louis Boccardo, qui choisira une nouvelle voie de développement.
Mais venons-en à l'essentiel : la BFG 1300. Une moto qui naîtra dans l'usine savoyarde de La Ravoire, près de Chambéry. Sous cet aspect de moto routière au design typé est-allemand (la BFG manque quand même franchement de sex-appeal mais pas de protection avec un carénage conséquent) se cache un assemblage de divers éléments issus de.... Attention les yeux -> Le moteur, un 4 cylindres à plat, provient de la Citroën GS et développe 70 chevaux ; le pont est issu d'une Mehari 4x4, le tableau de bord est celui d'une Renault 5 Alpine et les périphériques proviennent de plusieurs pays européens ; fourche espagnole Telesco, Freinage Brembo et roues FPS italiens - BFG devait également s'équiper en Italie pour la boîte de vitesses mais Guzzi n'a pas pu fournir l'usine. Ainsi, la boite est conçue et fabriquée "maison". Derrière, c'est un arbre de transmission qui transmet la patate à une roue chaussée en 120 mm. Autour d'elle, 2 amortisseurs latéraux assurent la suspension.
Soyons honnête - un moteur de bagnole dans une moto, ça fait bizarre. L'allonge est forcément limitée et le caractère moins présent que sur une mécanique japonaise. Cela dit, force est de constater qu'un tel moulin ne présente que des avantages : entretien minimum, fiabilité maximum, avec des standards sans aucune comparaison avec ceux de la moto. Pour les révisions et autres interventions sur le 4 cylindres, vous avez tout le réseau Citroën à disposition. C'est pas génial, ça ?!?
Et le fin du fin, qui convaincra tous les routards, c'est son couple. Environ 7 mkg disponible dès le ralenti, autrement dit une sacrée poigne alors que le vilo ne tourne qu'à 600 tr/mn. Une force de traction à très bas régimes et une souplesse extraordinaire qu'aucune autre moto ne peut offrir. L'ensemble boite-transmission se révèle agréable, peut être moins impériale que les nipponnes mais certainement parmi les meilleurs machines de la catégorie sur le vieux continent. Ouvrez les gaz en grand et le moteur Boxer vous offrira toujours de bonnes reprises et une poussée très correcte. A l'assaut des haut régimes, le moulin ne peut lutter face aux mécaniques moto, son souffle automobile étant plus dans la constance et dans la disponibilité que dans les montées en régimes musclées des japonaises.
OK, de face, et même de 3/4, la BFG fait franchement mastoc. En plus, avec 300 kg à bouger, on est en droit d'avoir un peu d'appréhension quant à la vélocité de la bête. Prenez le guidon et roulez, vous serez surpris ! Une partie-cycle saine et un centre de gravité très bas procurent à la 1300 une maniabilité surprenante, digne d'une moyenne cylindrée. Le confort de conduite est toutefois quelque peu terni par une selle manquant d'épaisseur, un embrayage sec (dans les 2 sens du terme) et des freins puissant mais nécessitant de la poigne. Une fois ces petits désagréments adoptés, vous avez à votre disposition une machine doté d'une autonomie, d'un silence et d'une protection remarquable.
Près de 400 machines sortiront de l'usine. La BFG n'arrivera pas à trouver son marché et la marque s'éteindra malgré les qualités de sa moto. Pourquoi cela ? Une esthétique un peu ingrate, une commande de l'administration Française qui jamais ne se fera et une opinion de la presse peu porteuse empêcheront la moto de prendre ses marques. MBK rachète la marque en 1984 et construira encore 150 modèles dans son usine de St-Quentin. un simple sursis, jusqu'en 1988 où l'Atelier Precision fabriquera les derniers modèles. Le "Made In France" n'a pas su convaincre... Encore aujourd'hui hélas !
M.B
(D'après les informations du BFG club de France et du site Appeldephare.com
photos BFG Club de France)
1982