Fiche moto Benda MotorLFC 700 2024 Mélange choc
Quelle que soit la marque chinoise, diverses réputations gravitent autour de la conception industrielle du pays. La Chine copie, la Chine exploite, la Chine fait de la m.... ; mais les temps nouveaux soulèvent d'autres faits : la Chine est la fabrique du monde, la Chine s’améliore, et aussi la Chine ose ! En témoigne la Benda LFC 700, un custom totalement iconoclaste, spectaculaire de surcroit.
Bon, vous l’aurez compris, nous ne sommes pas en présence d’une moto américaine, spécialiste du genre, ou d’une production d’une marque habituée au domaine. D’ailleurs, laquelle oserait aujourd’hui sortir autant des sentiers battus pour présenter un engin si énigmatique dans sa forme ?!?
Benda le fait, l’ose, l’introduit sur le marché avec ce remarquable cruiser. Ses formes futuristes, ses allures massives et sa longueur la désignent comme une moto de manga voire de spécialiste de la modif’. L’avant menace avec cette bouche cyclopéenne en turbine – bel effet de style qui ne dissimule en réalité... rien. Le véritable phare est au-dessus. Mention particulière pour l’intégration des clignos avant, intronisant des écopes sauce Diavel V4.
Des morceaux intriguant, la LFC en fait son affaire. Comme son incroyable cadre tout en alu, omniprésent. Ou son énorme pneu arrière de 310 mm, écrasant la route de sa présence. Le bras oscillant est également surprenant, ainsi que l’échappement à quadruple sortie.
Coté motorisation, la chinoise évolue à contre-culture. Pas question d'avoir un énorme twin ; ce qui correspondrait pourtant beaucoup mieux à un tel cruiser. Face à lui, prêt à faire souffrir le gommard, le néophyte s'attendrait à du gros mais alors vraiment du gros couple. Le LFC évolue avec un 4-cylindres en ligne n'offrant qu'un petit 6,2 mkg. Assez haut en plus, à 8 000 tr/mn. On peut se consoler avec 79 chevaux* de puissance mais là aussi, il faut aller chercher les watts. Un tout petit peu plus de 10 000 trs pour profiter de la force maxi du moteur. Le Benda demandera une gestion des gaz à l'exact opposé d'une Harley.
* Sur ses terres, le bloc de 676 cm3 développe 94 chevaux. Mais l'adaptation à Euro5 lui a mis une sacrée dérouillée.
La transmission secondaire par chaine est aussi une entorse aux canons de la catégorie.
Si l’adepte du cruising souffrira de ce type de moteur, l’amateur de caractère sportif peut y trouver son compte. Car un 4-cylindres comme ça, cela permet de la souplesse et le besoin d’aller chercher du régime pour en tirer le meilleur. Le LFC, c’est un air et une conduite de power-cruiser avec le caractère d’un roadster teigneux.
Cette excentricité demandera d’apprécier les manières de cette moto. Avec sa selle de bonnes dimensions et son assise basse (700 mm seulement), la Benda veut accueillir favorablement son pilote. Il vaut mieux car après, c’est une position de conduite typée qui l’attend, comme sur un custom de caractère. Les pieds bien en avant, les mains poussées vers la domination avec ce guidon large et loin du buste – la posture est à l’image de la moto.
Ce grand guidon va favoriser le bras de levier mais il est à redouter une agilité délicate avec la 700 LFC. Son empattement est immense, atteignant les 1720 mm ; une Goldwing ou un Softail Breakout n’en ont pas autant. Combiné à un pneu large comme une tv, il faudra prévoir d’emmener avec conviction ce long partenaire particulier. Heureusement que le poids reste correct (pour la catégorie) avec un 287 kg tous pleins faits. C’est costaud, mais un custom traditionnel dépasse facilement les 300 kg ; à sec.
Le freinage aura donc plus de boulot que sur un roadster de la même cylindrée mais pas d’inquiétude. Benda offre à son LFC 700 du matos Brembo, avec deux étriers M4.32 radiaux à l’avant pour attaquer des disques de 320 mm. L’arrière mesure 260 mm et l’ensemble est supervisé par un ABS à deux canaux.
Inspiré, dérangeant, interpellant, loin d’être repoussant, le LFC 700 a déjà réussi son pari d’une moto qui surprend. L’assemblage et la qualité générale semblent de bonne facture. Quant à l’équipement, les plus geeks lui reprocheront son absence de contrôle de traction mais sont présents un écran couleur TFT 5 pouces connecté avec Bluetooth, des commodos rétroéclairés, une prise USB, quelques réglages sur la fourche, et un régulateur de vitesse.
Son principal handicap sera son tarif, franchement élevé pour un 700. Difficile cependant de véritablement évaluer son rapport prix / prestations / équipement / plaisir, car entre son extravagance et ses propositions techniques, le Benda LFC 700 est véritablement un engin à part.
M.B. - Photos constructeur