Fiche moto Indian1890 Roadmaster 2023 Majesté américaine
Toujours un oeil défiant la route mais revu, un embrayage adouci et une volonté intacte de dominer son domaine. 2023 peaufine timidement la Roadmaster. Un majestueux Tourer fier du nom de son concepteur.
C'est l'histoire d'un défi commencé au début du XXème siècle. Quand George M. Hendee croisait le fer, les roues et les moteurs contre les sieurs Harley et Davidson. La joute est toujours aussi forte aujourd'hui, chacun avançant ses pions à un rythme qui s'accélère. Face à au récent moteur H-D Milwaukee Eight cubant 107, 114 et jusqu'à 117 ci (CVO), le twin ThunderStroke d'Indian monte à 116 ci sur la majorité des modèles de gros calibre.
Avec 1890 cm3 de cylindrée, des culasses revues et un taux de compression en forte hausse, le couple progresse à 17,3 mkg. 2020 marqua ainsi une réfection du cap et une assurance des acquis de la Roadmaster. La route peut s'allonger, ce cruiser-GT aimera en venir à bout. Un violon d'ingres pour lui, persévérant régulièrement dans ses améliorations. Revoyons cela en remontant le temps...
Les démonstrations sont régulières. Comme, par exemple, quand Indian a dégainé le 'Ride Command', et plus tard les progrès pour la sono. La Roadmaster envoie 200 watts de musique, dans une enceinte d'ondes sérieusement contrôlée Les tweeters ont été séparés des haut-parleurs pour un son plus clair et un égaliseur dynamique totalement personnalisable règle les fréquences selon la vitesse de la moto. Lorsque qu'elle augmente, l'égaliseur ajuste chaque fréquence à son niveau optimal pour compenser les bruits provenant de la route, du vent et du moteur.
Voici pour la zique. Interessons-nous à la protection des jambes. Les flancs carénés sont à présent équipés d'un évent chargé de libérer de l'air sur les genoux. Rien d'inédit, les Harley Glide l'ont depuis longtemps - mais une évolution appréciable. Le pilote choisira la position fermée en cas de météo froide ou douteuse. Mais quand ça chauffe, un brin de ventilation sera apprécié.
Tiens, à propos de chaud, le twin pense également à limiter sa dépense calorifique. A la demande, un système peut désactiver le cylindre arrière lors des arrêts de la moto.
Et gardons le plus surprenant de 2019 pour dénoncer ce chapitre. Comme la majorité des modèles Indian équipés du gros twin de 116 cubic inches, cette majestueuse routière s'est fendue de trois modes de conduite. Le "Tour" offre une accélération progressive pour une douceur de conduite optimale ; en mode "Standard", la réponse moteur se caractérise par une commande des gaz encore réactive et une puissance délivrée de manière équilibrée et progressive ; coté "Sport", la mécanique offre une réponse instantanée de l'accélérateur et une distribution de la puissance plus agressive pour des accélérations encore plus prononcées.
En 2018, le bicylindre avait bien gagné en puissance. De quoi alimenter un cycle qui semble de bonne augure pour la marque. Depuis 2017, le tableau de bord de la Roadmaster est profondément remanié. Le combiné aux formes délicates et classiques a fait place à un imposant écran de 7 pouces, interface tactile du 'Ride Command'. Cet ensemble haut de gamme pilote tout un ensemble de fonctions multimédia. Il y a de tout et pour tous les goûts. Navigation GPS, système audio, fonctions téléphoniques, informations véhicules, Bluetooth - tous les détails du 'Ride Command' sont détaillés ici ->. 2020 fait progresser le système avec un processeur plus puissant, de nouvelles fonctions et une capacité prédictive (un peu comme celle de Google).
Indian rime désormais avec luxe et prestige dans le monde du custom. Depuis que Victory a pris les choses en main, la marque affiche de beaux scores de vente pour des modèles Premium, sculptés, tentants, imposants. La renaissance ayant pris de l'aplomb, Indian se devait de compléter sa gamme avec un modèle de grand Touring. Et comme la Chieftain possèdait déjà la génétique pour ce type d'excursion, Spirit Lake s'en est servi comme base pour développer et proposer la Roadmaster. 60 ans après, ce nom revient pour reprendre le pouvoir sur la route.
La Roadmaster première du nom a exercé son pouvoir entre 1947 et 1953. Aujourd'hui, les proportions ont toutes augmentées ; et pas qu'un peu. Bien sûr, la motorisation reste fidèle au V-twin. L'ancêtre cubait 1212 cm3, un chiffre impressionnant pour l'époque. La descendance du XXIème siècle annonçait à ses début 1811 cm3. Quelle importance que son rendement bourrinesque soit digne d'un bateau diesel... Détail ou sacerdoce que soit l'audace de ce moteur sculptural ! Une expression débordante de métal, soucieuse de poser tout son couple de l'acier à la route. Et du muscle, il en faut pour soulever les 400 kilos d'histoire, de voyage et d'agrément. Depuis la Chieftain, le niveau de luxe à l'américaine monte d'un cran, histoire de concurrencer l'icône du segment : l'Ultra Limited.
Elle veut aller loin, longtemps ; alors, elle s'équipe pour embarquer plus de bagages. Aux valises de la Chieftain s'ajoute un majestueux top-case capitonné de cuir. Une assise très haut de gamme pour le passager, véritablement choyé sur la Roadmaster. Les soutes sont verrouillables à distance, et la capacité totale de chargement à bord de ce Tourer est de 137 litres – quasiment autant qu'une Honda Goldwing et une petite vingtaine de moins qu'une ex-Victory Cross Country Tour, une championne du fret.
Le confort prend toute sa dimension sur ce paquebot ricain. Vous avez froid ? La selle en cuir (superbe) est chauffante, avec réglage de la chaleur individuel pilote/passager, tout comme les poignées, dotées de 10 niveaux de réglage. Panards mal placés ? Les repose-pieds passager sont ajustables. Si je concluais en précisant que le pare-brise est électrique ?
Non, car l'Indian embarque d'autres raffinements, comme le système de surveillance de la pression des pneus, le démarrage sans clé, le Bluetooth, trois prises 12 V, éclairage à LEDs, l'ABS, le régulateur de vitesse, et du chrome, plein de chromes, partout. La Roadmaster est largement habillée de chrome d'origine, y compris la fourche, les rails de coffre, les "Highway Bar" avant et arrière, les "fender tips", et de nombreuses autres garnitures. Depuis 2020, le porte-bagages est allégé et redessiné pour plus de style.
Avec la Roadmaster, Indian prend pied dans un segment ultra-sélectif. Doté d'une confortable puissance visuelle, d'un moteur gras et taillé comme un bison, d'une pléthore d'équipements et d'un nom historique, ce croiseur de long cours ne manquera de satisfaire les amateurs de belles machines américaines.
M.B - Photos constructeur