Fiche moto NortonSuperlight 650 SS 2020 Un peu plus loin que l'exigence
Norton n'est pas un constructeur de motos comme les autres. Il serait plus approprié de le présenter comme un aristocrate anglais passionné de sport. Son passé en témoigne pendant que ses sportives actuelles l'anoblissent. Son étonnante petite Superlight présentée l'an dernier est venu attiser la curiosité autant que surprendre par la puissance de son twin de moyenne cylindrée. Cette fois, Norton bouscule la catégorie, ainsi qu'au-delà, avec cette déclinaison SS tout simplement sidérante.
SS, c'est l'identifiant que Norton à ses modèles d'exception. Deux lettres fortes qui sifflent sur la langue, dans un volume court tandis qu'un organe mécanique très particulier a le souffle fort devant la mécanique sino-anglaise. Survitaminé, le bicylindre de 650 cm3 crache sur cette Superlight la puissance ahurissante de 175 chevaux !!!
Relisez tant que vous voudrez, il n'y a pas de faute de frappe. C'est bien 175 bourrins, ou 129 KW si vous préférez, ou encore deux fois et demi la puissance d'une Z 650. Pourtant, le bloc n'a pas changé, ni en cubage, ni en carburant. Le renfort en puissance provient de la greffe d'un compresseur. Avec lui, c'est un gain de 70 chevaux ; quasiment 66 % de plus que la puissance d'origine. Le ‘Supercharger' provient de chez Rotrex, un spécialiste danois de la suralimentation. Il reçoit le renfort d'un intercooler pour abaisser la température de l'air d'admission. Comme pour toute mécanique goinfrée de ce type, le taux de compression est revu à la baisse (de 13.4 :1 à 9 :1). Mais c'est bien la seule chose qui diminue. Outre les watts, le couple progresse fortement, passant de 7.7 à 12,75 Nm – le muscle d'une 1200 Monster dans un espace de 6 et demi, ça cause. Pour encaisser le choc, la boite de vitesses et la transmission sont repris de la V4. Le poids prend aussi un peu dans l'opération. Un kilo supplémentaire, que l'on jugera négligeable pour une machine se maintenant sous les 160 kilos à sec.
Pourtant, un compresseur, un refroidisseur d'air et toutes les pièces nécessaires à la suralimentation, ça pèse. La marque de Donington a fait les choses bien, et luxueuses pour contenir le poids et sublimer les acquéreurs de la Superlight SS. Beaucoup d'éléments sont en carbone, dont l'habillage, les jantes BST, le réservoir... ainsi que le cadre et le bras oscillant. Avec ce matériau, la Norton rejoint le club ultra confidentiel des motos dotées d'un cadre carbone. Où l'on compte quelques Bimota, la BMW HP4 Race et la Ducati 1299 Superleggera.
Tout bénéf pour la rigidité et la légèreté. Ainsi construits, le cadre est plus léger de 47% que son homologue en alu. Le bras oscillant revendique un gain de 20%.
L'électronique s'exprime également, en modulant la fougue du moteur. Sur la Superlight SS, on trouve une IMU à 6 axes, 3 Modes de conduite (Pluie – Route – Sport), un contrôle de traction, un anti-wheeeling, un assistant au départ arrêté et un shifter Up&Down. Sont aussi présents un écran TFT couleur de 7 pouces, des feux à LEDs et un système de démarrage sans clé.
Si le carbone en met plein la vue, les périphériques sont aussi de fort belle facture. Brembo est aux freins avec de superbes M50 à 4 pistons, mordants d'énormes disques de 330 mm. L'arrière présente un profil de 245 mm avec un étrier à 2 pistons. Les maitres-cylindres de frein sont également signés Brembo.
L'Italie en action avant les virages, la Suède pendant. C'est Öhlins qui s'occupe de l'amortissement avec une fourche inversée NIX30 de 43 mm, un mono-amortisseur arrière TTX-GP et amortisseur de direction. Devant comme derrière, tout est réglable dans tous les sens.
Norton n'oublie pas une patine de luxe supplémentaire avec une selle gaufrée et surpiquée avec double tissu, des tés usinés, un carter d'embrayage chromé, un échappement en titane et l'Union Jack en provocante position.
Kawasaki avait défrayé la chronique avec ses H2 et H2R, premières moto de l'ère moderne à user d'un compresseur. Norton va plus loin en combinant le même type de technologie avec l'exceptionnel emploi du carbone pour toute sa partie-cycle. Elle propose un rapport poids/puissance jamais vu sur une SuperSport, une luxure à tous points déraisonnable, et un tarif abominable. Les 50 futurs acquéreurs ne se soucieront probablement pas de ce dernier paramètre. Nous non plus puisque n'on ne pourra jamais se la payer. Mais plus loin que le rêve et le songe, cette Norton est une pure machine à fantasme.
M.B - Photos constructeur