D’abord un souffle, léger, insouciant, se glissant derrière les bâtons d’une jante. Il plonge vers le soleil des tubes de fourche, glisse sur le métal et ressort brûlant des étriers Brembo Stylema. Son élan l’entraine vers des morceaux de carbone puis il s’échappe. L’espace d’un instant, le logogramme RR l’intercepte avant qu’il n’éloigne suffisamment pour apercevoir la silhouette du plus ultime des cafra de Triumph: la Speed Triple 1200 RR.
Alors, on peut se dire que la Speed Triple RS s’est habillée de la tête de fourche optionnelle des Thruxton et pis voilà… Détrompons-nous! C’était le procédé à la grande époque de l’Ace Café. Quand les passionnés de mécanique et de vitesse créaient leurs destriers au fond du garage, entre une clope et des boulons. Aujourd’hui, ce sont dans les B.E. et les usines que s’opère la gestation. D’où une création plus aboutie et spécifique pour cette RR.
Son demi-carénage lui appartient et ne provient d’aucune cousine. Seul le phare a été piqué à la catégorie modern-classic, avec sa signature LED diurne si caractéristique. Autour de lui, plusieurs ouvertures ont été découpées. Avec cette coiffe, la Speed joue beaucoup de style et offrira un petit peu de protection. Bien que cela soit la dernière de ses préoccupations.
Une NineT Racer sauce anglaise? En plus saignant, plus efficace et beaucoup plus puissant.
Le but de la RR, c’est d’amener à son paroxysme la concupiscence de pilotage ancrée jusqu’aux entrailles de la RS. Pour cela, le mieux est de renverser le pilote dans une position plus apte à arsouiller. Le sacrifice du guidon pour une paire de bracelets fixés sous le té supérieur permet de basculer le torse et les bras directement à l’attaque. Les commandes sont situées plus en avant de 50 mm et abaissées de 135 mm. Les cale-pieds reculent tandis que la selle conserve son altitude de 830 mm. Le corps pivote autour d’elle pour amener l’émotion au cœur de la sensation. Le confort s’échappe au profit de la rigueur du train avant.
Vous pouvez abuser du freinage, de son efficacité et de son feeling. Tout l’ensemble Brembo veut offrir du mordant, des réglages au niveau du maitre-cylindre et du levier, et une efficience à détacher la visière du casque.
Le roadster Speed Triple est doté de liaisons au sol de grande qualité. Du Öhlins hautement efficace. Le cafra veut aller plus loin. C’est pourquoi ses suspensions sont siglées de la même manufacture, avec en surenchère le système Smart EC 2.0. C’est-à-dire le système semi-actif à réglage électronique. Tout se configure depuis le poste de pilotage. Soit vous laissez l’unité de contrôle gérer les suspates en temps réel, soit vous paramétrez à votre convenance les multiples possibilités offertes.
N'allez pas la confondre avec une Daytona. La 1200 RR ne cherche pas la compétition ou la confrontation avec les hypersports. Juste des parties de feu entre gentlemen, car sous le costume grondent les 180 chevaux du trois-cylindres de 1160 cm3. Une charge féroce, tenue par 5 Modes de conduite (Route – Pluie – Sport – Circuit – Rider) dont le dernier est configurable. Entre la mécanique et l’électronique, la Speed Triple reçoit tout ce que le constructeur a de plus incisif et efficient: contrôle de traction sensible à l’angle, shifter Up&Down, embrayage assisté avec anti-dribble, ABS en virage, centrale inertielle, contrôle du couple (y a 12,9 mkg au maxi), et contrôle de wheeling.
La RR appuie sur son coté haut de gamme avec des pièces en carbone. Comme si elle voulait devenir une passerelle vers la gamme TFC. Les dites-pièces sont les caches latéraux sous le réservoir, les écopes de radiateur, le garde-boue avant et les panneaux déflecteurs sous la tête de fourche. Bien qu'on ne demande pas son poids à la gente féminine, il est d'information de mentionner que ce R pèse un kilo de plus. Négligeable.
Bigre, elle ne rigole pas cette Triumph Speed Triple 1200 RR. Les effluves ou les regards tournoyants autour de cette sportive ne peuvent qu’admirer la dame. La fougueuse dame. L’alliance du streetfighter avec un soupçon de néo-rétro donne un cachet saisissant à cette moto. La marque anglaise s’affirme de plus en plus fort dans le domaine du sport mais sans passer par la case des monstres de Superbike. Ce n’est pas vraiment la remplaçante de la 955 Daytona, ni une réinterprétation façon MV-Agusta Superveloce. Nous sommes face à une histoire de noblesse et de rang.
M.B - Photos constructeur
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