C'était hier et pourtant... On a déjà du mal à se souvenir des hurlements stridents du 2 temps sur les pistes du Continental Circus. Alors, je ne vous parle pas même des cinglements bleutés et fumeux de machines bénies à leurs époques. Kawasaki KR-1S, Yamaha 350 RDLC, Suzuki RGV, Aprilia RS... Oubliez, faut oublier ! Sauf si votre nez à la recherche d'odeur de ricin se perd du coté de Maranello. Là, à 900 mètres de chez Ferrari, se trouve la petite marque Vins Motor. Dans son atelier, le cylindre à trous survit une nouvelle fois, afin d'offrir ses cris et ses performances à la 250 Duecinquanta.
Une sportive 2T aujourd'hui, c'est aussi rare qu'une bonne mesure en sécurité routière. Mais infiniment plus grisant. Chez Vins, la motorisation se présente par un bicylindre de 249 cm3 avec un angle de 90°. Doté de côtes de 54 x 54,5 mm, il résout le problème délicat de la consommation et surtout de la pollution avec une injection directe programmée ad hoc. En sachant que la version Competizione (288 cm3) crache 75 chevaux, on peut estimer sans risque que la puissance de cette version route s'établisse autour des 60 chevaux. Plutôt sérieux pour un moteur de cette cylindrée (un bi 400 Kawa 4 temps sort 45 ch). Pour certains, cette puissance paraitrait modeste face aux 200 bourrins qui sont devenus la norme chez les hypersports. Sauf que l'essence et l'essentiel de cette Duecinquanta n'est pas là. Outre le caractère et l'usage spécifique de sa technologie moteur, elle pèse deux fois moins lourd que les monstres de la piste.
Le poids, c'est l'ennemi. Quand on pèse l'équivalent d'une machine de cross, on freine 100 m plus tard, on rentre comme un missile dans le virage et on tient une vitesse de passage en courbe sidérante. Avec ce genre de sportive, on use, abuse, apprend et maitrise l'art de la trajectoire. C'est le seul moyen de garder de la vitesse, de se faire plaisir à outrance et de déposer des machines bien plus fortes. Avant le processus d'homologation, Vins espérait descendre la masse de son engin à 95 kilos.
Finalement, la version piste affichant 99 kilos, nous estimerons la Sport à 109 kilos. Ce qui reste une véritable performance. Même avec un pilote dessus, elle sera toujours plus légère que 95% des autres sportives. Elle tient ce prodige de son cadre mixant une charpente en alu surplombée d'une structure monocoque en carbone. Matériau utilisé abondamment, car présent également pour l'essentiel du bras oscillant, les roues, l'habillage, et pour les bras de la surprenante fourche de type Fior. Vins a porté beaucoup d'attention sur les suspensions. Outre son train avant non conventionnel, l'amortisseur arrière est implanté de façon transversale. Cela améliorerait son travail une fois la moto sur l'angle.
On peut aussi économiser sur la matière en ne s'équipant que d'un seul disque de frein. Avec si peu de poids, le système J.juan pourvu d'une piste de 300 mm avec un étrier radial 4 pitons sera plus que suffisant. Moins de masse non suspendue et les fines dimensions des pneumatique (100 / 140) viendront encore booster l'agilité de cette ballerine.
L'italienne ne s'arrête pas là au niveau conception et optimisation. Elle dispose d'une boite de vitesses extractible, d'un refroidissement amélioré via des conduits d'air supérieur aboutissant directement sur le radiateur implanté dans la structure cadre, son tableau de bord est un écran TFT et les belles pièces usinées en alu abondent. Véritable moto de passionné, la Duecinquanta l'est aussi par son prix. N'attendez pas moins de 40 000 euros sur la fiche tarifaire.
M.B - Photos constructeur