Ca commence enfin à avoir de la gueule. Zero Motorcycles a beau être le leader mondial des motos électriques, ses productions n'en demeuraient pas moins assez fade en style. Cet état de fait change totalement avec sa nouvelle SR/F. Là, le design a enfin de l'aplomb et ça change beaucoup de choses. Car enfin, on peut regarder une Zero non pas comme une moto électrique mais comme un roadster. Pas vilain de surcroit.
La SR/F, elle en jette. La mutation d'un grille-pain vers une enceinte connectée. Zero a tranquillement laissé infuser des essences de japonaises et d'européennes pour servir une décoction à la fois gustative et électrisante. Ce n'est pas encore la grâce d'une Mission R ni la suavité des productions thermiques italiennes mais on tient quelque chose d'œuvré.
Le train avant fait plaisir à voir. La rétine s'entrouvre un peu plus à l'aperçu des jantes typées Marchesini, puis la fourche inversée Showa de 43 mm donne le ton d'une direction ferme et sérieuse. Attardons nous sur un morceau de choix avec les grandes galettes de métal de 320 mm. Ok, la SR/F veut causer coté freinage, confiant la morsure à des étriers radiaux à 4 pistons. Sauf que... ne comptez pas sur du Brembo mais sur du J. Juan. Sans dénigrer les pinces espagnoles, vu le prix de la bécane, la marque aurait pu installer une référence italienne.
On en oublierait presque la grosse batterie logée dans le cadre treillis tubulaire en acier. Celle-ci peut assurer une autonomie de 132 km sur autoroute (à 113 km/h) jusqu'à 259 km en ville – voire plus de 320 km avec l'ajout du Power Tank.
Depuis ses 14,4 kWh, l'accu envoie son énergie au nouveau moteur ZF75-10. Les résultats sont là : 110 chevaux à 5 000 tr/mn. Des chiffres véritablement intéressants, toutefois pas les plus importants pour ce genre de motorisation. Le couple est plus aguicheur. Tenez fermement le guidon à l'accèl, vu que pas moins de 19,3 mkg de barbac vont arracher l'assiette. Même les plus grosses Harley ou Indian n'en développent pas tant.
La SR/F distribue de sérieux watts, au sens propre comme figuré, ainsi qu'une bonne louche d'aides au pilotage. L'assistance MSC de Bosch permet à la Zero de profiter pleinement d'un ABS, d'un système de répartition de freinage, d'un antipatinage et d'un système de contrôle du couple. Diverses modes de conduite sont au service, soit les instances 'Ville', 'Sport', 'Eco' et 'Pluie'... pour se mettre en train. Ensuite, on peut se mijoter la conduite sous plusieurs recettes car l'électronique de bord peut offrir jusqu'à 10 modes personnalisés programmables.
Pour la recharge, faudra patienter combien de temps. Pas trop, si on choisit la version la mieux lotie. Le Rapid Charge System avance une plate-forme permettant d'utiliser jusqu'à trois modules de charge indépendants. Tous installés, ils délivrent de 0 à 95 % de capacité en 1 heure. Sinon, dans ces conditions classiques, faut compter 4 hrs. Rajoutez ½ heure pour être au taquet.
Ce 'streetfighter' électrique joue aussi à fond sur la relation homme/machine. Cela commence par un tableau de bord illustré par un écran LCD couleur de 12,5 cm. Puis, avec son interface Cypher III, la bécane se veut connectée. De par cet OS et l'appli jumelée, on peut surveiller tout un tas de paramètres sur la recharge, si la moto s'est gaufrée ou si quelqu'un la déplace, où elle se trouve, consigner ses parcours (la moto enregistre l'emplacement de la machine, sa vitesse, l'angle d'inclinaison, la puissance, le couple, l'état de charge et l'énergie consommée/régénérée), les partager et mettre à jour le système. C'est gratos pendant deux ans.
La Zero Motorcycles SR/F représente une grosse évolution dans l'offre du constructeur. Puissante, attrayante, connectée, volontaire en châssis et même en recharge quand le top des conditions sont réunis, elle affiche cependant (et comme toujours) un tarif musclé. Pas autant que la Harley LiveWire mais suffisamment pour faire hésiter avec une hypersport.
M.B - Photos constructeur
2019
2020
A voir avec le concess si possibilité de bridage via une MAJ.
Note : 4/5 Répondre à TuRtLe