Mardi 13 mars 2018 10h
Nous sommes les premiers au circuit de Losail. En théorie, tout commence le mercredi, mais l'envie de voir si nos containers sont bien au bon endroit et en bon état, ce qui est le cas, anticipe l'activité.
Nous en profitons pour les ouvrir, et de fil en aiguille, nous commençons notre installation.
Elle sera vite faite, en effet en outre mer, point de structure à monter, point de revêtements de sol, point de déco, bref du sommaire, du très sommaire. Nous en profitons également pour faire le tour du propriétaire. 16h, retour au milieu des buildings de Doha.
Mercredi 14 mars 2018. 9h Une journée chaude nous attend, en effet nous devons déballer, étaler et trier environ 2000 pneus sous 34° et entre des containers.
Nous les classons par taille, par type de gomme, par date de fabrication et par aspect extérieur (lisse ou rugueux), celui-ci dépendant du moule utilisé à la fabrication.
En effet, le règlement impose que les pilotes aient tous un package rigoureusement identique, et quand on sait que le moindre dixième perdu sur un tour est forcement attribué aux pneus, imaginez si un pilote plus rapide possède un pneu plus brillant ou plus rugueux ou fabriqué une semaine après ou avant celui du pilote plus lent….
Le package moto 2, c'est 4 pneus tendres et 5 pneus dures pour l'arrière et 8 pneus de gomme identique pour avant.
Le package moto 3, c'est 5 durs et 4 médiums pour l'arrière et 3 tendres et 5 médiums pour l'avant.
Sachant qu'il y a 32 pilotes en moto 2 et 28 en moto 3, que chaque pilote a droit à 17 pneus, cela nous fait donc 1020 pneus à trier parmi les 2000 livrés.
Il faut également que tous les pneus aient leurs codes barres bien imprimés et bien placés.
Question marketing, il faut également que la couleur de l'autocollant sur le flanc des pneus soit la même pour tous, soit de simples lettres blanches, soit des lettres noires sur fond blanc soit des lettres noires sur fond jaune. Nous avons quand même en stocks une pile de stickers au cas où il faille refaire une déco à un pneu, et heureusement car les déco changent assez souvent au gré des fabrications, des destinations, et surtout au gré des organisateurs….
Nous voilà donc devant une bonne cinquantaine de piles de pneus.
Il ne reste plus qu'à préparer 32 piles identiques de pneus avant pour moto2, 32 d'arrières et idem pour moto3 plus quelques piles de pneus de rechange au cas où….
Chaque paire de piles (une pile de pneus avant et une d'arrière) sera soigneusement rangée dans 8 containers mis à notre disposition.
Une fois les soixante dotations de prêtes et rangées, nous laissons la place aux commissaires contrôleurs de la FIM. Ils vont revérifier chaque pile et chaque pneu, un par un.
Tous les pneus seront contrôlés et scannés car ils ont tous un code barre placé au milieu du flanc côté droit, la date de fabrication du pneu étant coté gauche.
Chaque pile de pneus sera contrôlée, identifiée et repérée puis attribuée par tirage au sort à un pilote.
Une fois que la pile a été attribuée, chaque pneu de cette pile recevra un sticker avec le numéro du pilote afin de limiter, si besoin en est, le risque d'erreur.
Le contrôle des pneus ne s'arrête pas là, car grâce aux codes barres, des contrôleurs vérifieront à chaque rentrée en piste d'une moto, si ses pneus correspondent bien à la dotation du pilote.
Dès que les techniciens contrôleurs de la FIM ont terminé, commence alors le bal des Wheel-Man qui veulent voir leurs dotations, toucher le pneu, contrôler ce qui a déjà été contrôlé au moins 10 fois, rajouter des termes et des chiffres bien à eux sur la bande de roulement ou sur les flancs avec des craies...
Puis les containers seront refermés et cadenassés. Ils ne seront ré-ouvert qu'en présence des whells man quand ils amèneront les jantes nues pour faire monter les qualités de pneus choisis par les ingénieurs châssis.
Tout ceci c'est sans compter les pneus pluies, qui eux ne font pas partie des dotations, donc point de contrôle, juste une séparation des piles moto2 et moto3, avants et arrières.
Tout ce système mis en place permet une totale égalité entre les teams et les pilotes, pas de puissant ni de misérable, tout le monde est à la même enseigne…..
Même nous, nous ne pourrions avantager un pilote ou un team, car nous ne connaissons les attributions des piles qu'une fois qu'elles ont été scannées par les commissaires contrôleurs, et vis versa, eux n'ont accès aux piles qu'une fois qu'elles ont été constituées.
18h, journée terminée, nous languissons la fraicheur des chambres et surtout la douche….
Jeudi 15 Mars. Le montage des pneus...
Nous arrivons vers 8h30 au barnum mis à notre disposition et comme nous nous en doutions, les wheels man les plus pressés sont déjà là. Un train de rack de jantes est garé devant l'entrée.
Chaque team fera monter au moins une moitié de sa dotation. Nous n'aurons le temps ni de manger ni de nous poser 5mn. Ils attendent un service, nous devons leurs donner, c'est notre mission.
Nous verrons passer ainsi près de 600 jantes moto 2 et moto 3 ainsi qu'une bonne centaine pour les courses annexes, car eux aussi ont droit à un service.
Lorsqu'à 19h30 le dernier rack de jantes disparaît dans la nuit, personne ne se fait prier pour fermer la boutique « éteins la lumière, çà les attire », criera même un collègue...
Chronique précédente : Tranches de quotidien entre les pneus.
