Fiche moto Arch MotorcycleKRGT-1 2015 La démesure à l’état pur
Au moment où Greg, chef de Motoplanète, m’a confié la rédaction de cette fiche, j’avoue que je ne savais pas par où commencer. Son Prix ? Plus de 100 000 euros. Sa cylindrée ? 2032 cm3. Son pédigrée de moto produite par une star de cinéma ? Keanu Reeves. L’ARCH KRGT-1 est tellement irrationnelle qu’elle en devient essentielle pour les riches collectionneurs. Voyons pourquoi …
Un Power Cruiser
Pour ARCH, le custom doit être sportif … voilà un bel oxymore. Il faut donc savoir cruiser et tourner en même temps. La KRGT-1 pour répondre à cette exigence repose sur un châssis bâti sur mesure (alors qu’elle utilise un moteur d’un motoriste, S&S en l’occurrence). Le cadre est un mélange d’acier tubulaire et d’énormes platines taillées dans la masse en aluminium. Ces dernières décollent autant la rétine par le look et haut niveau de finition que par la rigidité nécessaire qu’elles offrent au point d’ancrage du bras oscillant. Ce dernier n’est pas en reste et ne dépareillerait pas sur une machine du championnat Superbike. Il semble taillé dans un bloc d’aluminium d’une tonne auquel on aurait enlevé de gros copeaux pour sculpter brutalement ce morceau d’une rare beauté.
Tout autour de ce cadre, ARCH a greffé des pièces toutes aussi folles les unes que les autres. Ainsi la fourche Öhlins NIX de 48 mm (remplaçante de la FRGT des débuts) est habituellement réservée aux plus fines lames ultra sportives. L’amortisseur arrière provient du même équipementier (c’était un Race Tech sur les premiers millésimes). Les liaisons au sol seront donc sûres. Si cet équipement vous met en confiance au point de faire quelques excès (après tout au guidon d’une telle machine comment faire autrement ?), vous pourrez compter sur les magnifiques étriers monobloc à fixation radiale du fabricant ISR.
Offrant 6 pistons (et 4 pistons à l’arrière), les étriers mordront les disques tel Dracula qui plante ses crocs dans le coup d’une jeune ingénue imprudente. S’il y a de quoi faire des plis sur l’asphalte, heureusement cet équipement est jugulé par un ABS Bosch.
Les jantes BST sont en carbone afin réduire le poids non suspendu et apporter de la vivacité à la moto. D’un diamètre de 19 pouces à l’avant et 18 à l’arrière, elles reçoivent des pneus Michelin Commander. Le boudin à l’arrière (le pneu, hein ;D) doit supporter un couple colossal et ARCH a choisi un généreux 240 mm pour burner tel un dragster à chaque feu rouge.
Voilà pour les dessous de la belle. L’habillage est sans doute un peu plus maladroit même s’il a été un peu revu pour 2020 (retouche des garde-boues). Il a du mal à cacher la longueur de la moto. La coque arrière selle à caler les lombaires pour éviter de désarçonner le pilote, les pieds sont rejetés très loin devant sur des commandes avancées. Ces dernières ont de la place avec l’angle de direction de 30°. ARCH a retenu un réservoir de forme « peanut » mais celui-ci est de taille XL et finalement assez large avec deux bouchons de remplissage pour assurer une autonomie de 19 litres.
L’avant (tout nouveau, tout beau ?) tente une touche de modernité avec un feu à LEDS et un petit saut de vent. Derrière ce dernier, l’instrumentation est franchement minimaliste avec un tout petit écran LCD rétro-éclairé rouge. Mais vu ce qu’il y a entre les jambes, pas besoin de chichi high-tech, la bécane se conduit avec ses tripes.
Un cœur gros comme ça
Pièce centrale de la KRGT, le moteur provient de chez S&S. Ce bicylindre en V à 45° cube 2032 cm2, ce qui fait que chaque piston cube plus de 1 000 cm3 : délirant ! Si les chiffres de puissance sont assez flous (voir aussi bien cachés que les secrets de la zone 51 à Roswell), on sait en revanche que le moulin délivre pas moins de 165 Nm de couple. On plaint l’embrayage de la boîte à 6 rapports et la chaîne qui doivent assurer la transmission de la puissance à la roue. En cas de conduite très énervée, la durée de vie de ces organes doit plus se compter en heures qu’en kilomètres. Un moulin qui pousse fort et il n’en fallait pas moins pour déplacer les 270 kg à sec de la moto.
Placé sous le contrôle d’une injection, le moteur passe tout de même les normes Euro 4 ce qui lui permet de faire une intrusion sur le vieux continent.
La démesure sur mesure
L’ARCH KRGT-1 aurait pu se contenter de se démarquer par toutes les valeurs que nous avons détaillées. Pourtant, vous n’en verrez jamais deux pareilles et pas seulement en raison de son extrême rareté. Son prix de lancement fut de 78.000 dollars (env. 61 000 euros). Depuis, la machine a réussi à mettre les roues en Europe, s’est équipée de l’ABS pour ça, et a su monter en gamme comme en prix. Car pour un tarif autour des 100 000 euros, les propriétaires pourront bien entendu entièrement personnaliser leur moto.
Vincent Beaucousin - Photos constructeur
2015