Fiche moto BMWR32 1926 Tout est déjà là
Si BMW est devenu l'une des marques les plus connues dans le milieu moto ( et autres), son histoire ne la prédestinait pourtant pas à de venir un acteur du domaine des deux-roues. Le célèbre flat-twin doit avant tout sa gloire à un revers de fortune. Le monde avait sombré, et d'une sanction naitra l'épopée BMW Motorrad.
C'était à la sortie de la première guerre mondiale. L'interdiction de construire des moteurs d'avion imposée à l'Allemagne par le traité de Versailles de 1919 mit une fin abrupte à la série de succès de BMW, alors surtout constructeur de moteurs d'avion. Tout d'abord, les ingénieurs construisirent le moteur bavarois M 4 A 12 dérivé du moteur d'avion IIIa pour en faire un moteur stationnaire ou un groupe destiné à la propulsion de bateaux, de tracteurs ou de camions. L'entreprise, qui cherchait en même temps de nouveaux champs d'activité, se tourna alors vers les deux-roues. La reconstruction d'après-guerre était en effet liée à des besoins en mobilité de plus en plus souvent couverts au moyen de motos.
Les ingénieurs développèrent alors un petit moteur à deux cylindres opposés d'une cylindrée de 500 cm3. Les pistons et le bloc-cylindres du nouveau M 12 B 15 étant en aluminium, l'ensemble pesait seulement 31 kilos. Au début, BMW vendait ce moteur aux fabricants de deux-roues. Et puis, en 1922, BMW se décida à se tourner vers ce marché prospère en qualité de constructeur de motos.
La R 32, première moto du monde à moteur flat et arbre de transmission.
Partant du moteur existant, l'ingénieur Max Friz, cofondateur de BMW, prévoyait de monter les cylindres transversalement par rapport au sens de la marche. Le vilebrequin était dans une position longitudinale. La boîte de vitesses à arbres également disposés longitudinalement était commandée par un embrayage à friction, les deux carters étant vissés ensemble. La liaison entre la boîte de vitesse et la roue arrière était assurée par un arbre à cardan. Chacune de ces caractéristiques de base était déjà présente sur le marché. Mais Max Friz fut le premier à les assembler dans la construction innovante de la BMW R 32.
Le 28 septembre 1923, lors du Salon allemand de l'automobile, dans les halls d'exposition du Kaiserdamm à Berlin, BMW présenta officiellement sa première moto, en plus de sa gamme de moteurs. C'était un acte courageux. Le constructeur munichois affrontait la concurrence de plus de 130 fabricants de motos dans son propre pays. En même temps, la machine animée par un moteur de 8,5 ch coûtait 2 200 reichsmark sans options, ce qui en faisait l'une des plus chères. Son succès commercial apporta pourtant le preuve que BMW avait misé sur le bon concept. La moto de BMW se distinguait de ses concurrentes non seulement par l'unité aplatie formée par le moteur et la boîte mais aussi par son cadre à deux boucles fermées en tubes d'acier
parallèles. Le moteur boxer plat placé très bas améliorait considérablement la position du centre de gravité et, par la même occasion, les caractéristiques de conduite. La fourche de la roue avant n'autorisait que de faibles débattements mais le recours à des ressorts à lame apportait un certain effet d'auto-amortissement. Le vernis-émail d'un noir profond et le coûteux décor de lignes blanches posaient des critères en matière de qualité de la finition.
Le premier moteur de moto à pistons en alliage léger.
Mais la mécanique de cette moto posait des critères encore plus importants. Les premiers motocyclistes BMW pouvaient s'enorgueillir du fait qu'ils bénéficiaient de l'expérience du constructeur de moteurs d'avions. Cela se traduisait par le choix des matières comme par l'utilisation d'alliage léger pour les pistons ainsi que par une sécurité de fonctionnement et une fiabilité encore difficile à trouver dans le secteur de la construction de motos.
Pas de transmission par chaîne vulnérable entre le moteur et la boîte, ni chaîne ni courroie vers la roue arrière, des queues de soupape et des ressorts encapsulés en haut sur les cylindres de manière étanche à la poussière et à l'huile. Avec le circuit de graissage fermé, cela avait pour effet que la moto restait propre et que les opérations de maintenance étaient considérablement simplifiées.
A cette époque, la meilleure publicité pour une nouvelle moto, et pour une nouvelle marque en particulier, était de remporter des succès en compétition sportive. C'est ainsi que, le 2 février 1924, le jeune ingénieur Rudolf Schleicher prit le départ de la course de montagne de la Mittenwalder Steig et l'emporta en accomplissant le meilleur temps du jour sur sa BMW. Ce faisant, il s'inscrivait en tant que premier vainqueur au chapitre des sports motorisés dans l'histoire des Bayerischen Motoren Werke. Mais Schleicher n'était pas seulement un motocycliste rapide. C'était aussi un constructeur ingénieux.
Le 18 mai 1924, trois pilotes d'essai des usines BMW prirent le départ de la Course de la Solitude, à Stuttgart, avec une culasse de sa conception,
qui était, pour la première fois dans le domaine de la construction de motos, coulée en alliage léger, et des soupapes en tête (ohv) encapsulées sous un capot de recouvrement. Ils l'emportèrent dans trois catégories. Cette nouvelle construction fut reprise encore en 1924 dans le nouveau modèle sport,
la R 37 qui, avec ses 16 ch, était presque deux fois plus puissante que la R 32 du moment.
La suite appartient à l'Histoire et à une succession d'évolutions. Si la marque a su se diversifier avec plusieurs types de motorisations et de catégories de machines, les bases posées par la R32 sont encore présentes dans les modèles R d'aujourd'hui.
Crédit images : BMW - D.R