Fiche moto Brough SuperiorLawrence Dagger 2024 Lame loin des dunes
Certaines associations semblent éternelles. Rossi avec son 46, Charlize Theron avec Dior, Guido avec ses emmerdes de Ducat’, et Brough Superior avec Lawrence d'Arabie. La révolte des sables semble guider le constructeur anglo-français, jusqu’à cette troisième version de la Lawrence, mystérieusement appelée Dagger.
Ce nom est une nouvelle référence à l’officier britannique du siècle dernier. Alors que la Nefud rappelle le désert qui fut traversé pour la prise d’Aqaba, la Dagger est associé au poignard que T.E Lawrence reçut en cadeau lors de cette victoire militaire.
De quoi trancher dans le vif. Ce roadster montre ainsi une envie d’être incisif. Pas comme un streetfighter italien ou anglais mais davantage que les autres modèles de la gamme. En effet, l’engin dégage une agressivité à laquelle la marque ne nous avait pas habitué.
Cela est principalement dû à la tête de fourche en carbone, torturée par les angles et une casquette quelque peu revêche. D’emblée, on voit que cette moto se distingue, franchit un cap au sein de la marque. Cette Dagger a pris de la technologie….. et du bide par rapport aux autres Brough. L’imposant radiateur, le sabot moteur et l’échappement sous le moteur ont réussi leur intégration mais cela entraine inévitablement de l’embonpoint sous le thorax. Par la grâce du regard, le moteur est toujours libre de se montrer, de s’exposer, de se laisser admirer.
Car c’est lui qui provoque cette rupture du design abdominale. Le twin de 1000 cm3 reçoit des améliorations pour se conformer (enfin) aux normes Euro5. L’usine annonce plus de puissance et de couple mais sans préciser dans quelles proportions. Les normes et les choix ont supprimé les échappements hauts latéraux au profit d'un élément bas avec une valve intégrée.
Majestueuse et taillée comme par Auguste Houillon, la mécanique arbore ses carters et ses couvre-culasses dorés en affirmant le coté passion et prestige. Une bonne centaine de chevaux vont s’agiter dedans, pour emmener une machine au tempérament plus…… joueur.
La Dagger est la première Brough Superior «revival» à opter pour des jantes de 17 pouces. Cela lui ouvre la voie à un large panel de références pneumatiques. Sur les jantes forgées en aluminium CNC, des gommards sport sont installés. Un standard 120/70 à l’avant suivi d’un inutilement large mais valorisant 200/55. Le guidon est plus cintré pour donner à l’action du pilote plus de dynamisme.
Mais quand on parle de dynamisme dans ce marché de niche, la parole est à relativiser. La moto évolue dans un monde d'élégance et de belles manières, où la violence cède la place à la bienséance. Déjà, quand tu veux du dynamisme avec un quintal de chevaux "seulement" à gérer, mieux vaut un pneu arrière de 160 et un empattement pas trop long. Ce qui n’est pas le cas de la Dagger, avec son espace entre les roues de 1540 mm. C’est env. 100 mm de plus qu’une BMW S 1000 R ou qu’une Honda CB 1000 R.
Mais nous l’avons dit, cette moto n’est pas du même monde que les rufians de la route. Ici, tout n’est que matériaux nobles et souci du luxe. La Brough Dagger marque l’attention avec son cadre en titane, sa fourche en alu de type Fior, ses étriers de frein Beringer sur des disques de 320 mm, ses pièces en carbone, son superbe compteur façon garde-temps, le travail et la construction faits à la main. Un véritable bijou, qui se veut fidèle à la réputation haut de gamme que Georges Brough avait insufflé à l’ensemble de sa production.
La Brough Superior Dagger sera vendue à un tarif élitiste et ainsi diffusée à petite échelle. Un excellent moyen pour rentrer dans le cercle fermé des émirs saoudiens, peoples monégasques et stars de la french-tech; ou tout simplement des amoureux de l’excellence à la française.
M.B - Photos Constructeur