Fiche moto SuzukiGSX-R 1000 endurance SERT 2011 L'arme de Méliand
Est-il encore besoin de présenter le Suzuki Endurance Racing Team ? Plus communément appelé SERT, cette équipe représente l'Endurance à elle toute seule. Une icône, une référence, qui a souvent gagné, parfois douté, toujours combattu jusqu'au bout.
Dans cette équipe, les deux figures les plus emblématiques sont sans contexte Dominique Méliand et la Suzuki GSX-R. Méliand, c'est le team-manager. Le Chef, comme l'appelle les membres du SERT. Un homme d'une efficacité et d'une aura extraordinaire : quand il parle, tout le monde cesse de bouger et l'écoute ; quand sa moto roule, tout le monde guette ce qu'il va faire. Et question endurance, nul n'en connait plus que lui : il était là avant que la GSX-R 1000 n'existe, et même avant que la GSX-R 750 n'existe. Sa première victoire remonte à 1980 : les 1000 km de Zwelteg.
Depuis, le SERT a remporté la victoire sur chaque type d'épreuve : Le Bol d'or, les 24 heures du Mans, à Liège, au Nurburgring, à Suzuka, à Albacete, à Doha, au Mugello, à Silverstone... La liste est longue. Sur les étagères de Dominique, il y a 10 trophées bien à part : ceux de champion du monde d'endurance.
Pour autant, l'équipe n'est pas invincible. Christophe Guyot et le GMT 94 lui vole régulièrement la vedette et des victoires. Kawasaki lui mène aussi la vie dure, autrefois comme aujourd'hui. Depuis peu, BMW s'est invité dans la bagarre. Mais Le Chef possède une expérience sans pareille et une arme de premier plan : la GSX-R 1000.
La GSX-R est lié à Méliand comme une roue arrière à un bras oscillant. D'ailleurs, Suzuki considère l'homme comme l'oncle de cette machine. Sous ses armoiries bleues et blanches, la sportive d'Hammamatsu est l'une des motos les plus suivies, au sens propre comme au sens figuré. Tous ceux qui connaissent le SERT furent interloqués par la livrée 2011. Une bonne dose de jaune est venue squatter les habits de la moto. L'explication est simple : Dunlop s'est beaucoup plus investi cette année ; en retour, le SERT lui offre plus de visibilité.
Imposante de par sa prestance, la GSX-R l'est aussi par son gabarit. Ce n'est pas une petite moto, loin de là, mais cela ne l'empêche pas d'avoir une agilité exceptionnelle. Les jantes OZ super légères en magnésium et les pneumatiques quasi prototypes y sont pour beaucoup. Une bonne cure d'amaigrissement fait chuter le poids de quasiment 20 kilos, cette machine affichant 185 kgs tous pleins faits.
En endurance, il faut surtout aller vite, mais en priorité rouler longtemps. Coté puissance, le team avoue pudiquement une cavalerie de 195 chevaux. Il y en a en réalité beaucoup plus dans le bouilleur mais les chiffres exacts sont secrets – d'ailleurs, aucun team de pointe ne précise la véritable puissance développée par leurs bécanes. Trouver des chevaux, du couple, et surtout de la disponibilité moteur, c'est le job de l'ECU et des pièces Yoshimura greffés sur cette fusée (embrayage, arbres à cames,…). Une paire d'échappements Devil en Titane s'occupent de l'expiration des gaz.
Si vous avez l'occasion de l'approcher de près, attardez-vous longtemps et détaillez ce superbe train avant. Il résume à lui seul 'endurance et ce qu'il faut pour s'y aventurer. On est bien sur dans le top du top, mais la recette pour tous les teams est la même : gagner du temps. La Suzuki embarque du matos à faire baver n'importe quel pistard. Cela commence par une fourche Showa d'usine de 43 mm. Vous y trouverez autour d'elle un capteur pour informer l'acquisition de données sur l'enfoncement des tubes, des étriers de frein Nissin à 6 pistons montés radialement reliés à un maitre-cylindre signé Nissin lui aussi – entre eux, des jonctions Staübli permettent une séparation des durites en 1 seconde. Mais mattez surtout les pièces et platines additionnelles sur le bas de fourche. Elles permettent de faire pivotez les étriers de frein sans démonter le garde-boue et ainsi sortir la roue en un éclair. Essayez vous-même : démontez l'axe de roue avant et essayez d'enlever la roue sans démonter ni le garde-boue, ni les étriers…… Moins visible mais encore plus complexe, le système de changement de la roue arrière permet d'échanger la chaussure en moins de 5 secondes, le plus long étant de dévisser puis revisser l'axe de roue.
Rouler longtemps, ça signifie changer régulièrement et en vitesse ses gommards, son pilote, et faire le plein fissa. Le réservoir 24 litres est équipe de 2 vannes zénith dans lesquelles dégueule le carburant à la vitesse moyenne de 6 litres/seconde. Avec le plein, la moto peut tourner sur circuit pendant environ 55 minutes.
Aussi formidable outil soit-elle, la GSX-R 1000 du SERT n'est cependant pas l'arme absolu. Elle a gagné les qualifications et le Bol d'or 2011, mais elle s'est faite grillé la politesse à Albacete. Suzuka étant le fief des japonais, ne l'ajoutons pas dans l'équation. Il reste 2 courses, les 24 heures du Mans et les 8 heures de Doha, pour déterminer qui sera champion du monde d'endurance 2011. Le SERT vise comme chaque année cet objectif et fera tout pour y arriver. Cette GSX-R ultra-préparée fera t'elle tout le boulot ? Bien sur que non ! Une victoire en Endurance, c'est le travail et l'implication de toute une équipe. Mais quand on a un engin pareil entre les pognes, que voulez-vous faire si ce n'est avoir l'envie de gagner ?!?
M.B
Crédit Photos : Cyril Douyère - Yffic narbonne - Suzuki racing