L'armada technologique
Tout le monde a regardé de très près la nouvelle R1 sur la saison 2009. D’une part parce qu’elle était pilotée par un jeune rookie (Ben Spies) qui a tout pulvérisé, d’autre part car elle inaugurait le fameux calage de vilebrequin crossplane. Avec un bruit caractéristique, proche de la M1 de MotoGP, et un coup de guidon extraordinaire, le couple R1 – Spies a fait parler de lui du début à la fin du championnat. Mais les victoires et les podiums ne se résument pas à ça. Avant d’être le superbe outil que Tom Sykes et Ben Spies ont eu entre les mains, la R1 a subi pas mal de modifications. De la sportive dispo chez votre concessionnaire à la version Factory, l’écart est conséquent. Et même si la réglementation prévoit que les machines de Superbike doivent provenir de la série, les missiles de 2009 n’ont jamais été aussi proches d’être des protos. Voyons cela :
Commençons par ce qui se voit le plus - le carénage de la R1 est entièrement en carbone, tout comme les gardes-boue, les tubes d’admission d’air, les protèges-carters, la selle auto-porteuse et la boite à air. Cette dernière n’est pas modifiée que dans son matériau mais aussi dans son volume. Plus grande, elle permet au 4 cylindres de mieux respirer. Le réservoir qui se place au-dessus n’est en réalité qu’un cache ; le vrai a été déplacé sous la selle pour optimiser la répartition des masses. Comme la réglementation l’autorise, il contient plus de carburant que le modèle d’origine, soit 23 litres (la FIM permet jusqu’à 24 litres). Yamaha Racing a profité de l’espace libéré pour caser l’électronique supplémentaire de cette Factory. Vous n’imaginez pas la foule d’instructions qui se baladent depuis la multitude de capteurs et la centrale ECU. Enfoncement de la fourche, travail de l’amortisseur arrière, température des pneus, richesse des gaz d’échappements, rotation des roues pour le contrôle de motricité, quantité d’air à l’admission, position de l’embrayage, etc…
Sur le commodo gauche, les classiques commandes de clignos et appel de phare ont fait la place à une panoplie de boutons de contrôle. Ceux-ci permettent d’enclencher le launch control, le limiteur de vitesse pour la voie des stands, et à modifier le traction control et la cartographie d’injection en fonction du circuit, de la météo, des pneus, et de leur usure. Le système va tellement loin que les paramètres peuvent être modifiés par le pilote, ou par un signal GPS suivant la position de la machine sur le circuit. L’ère de l’électronique a bel et bien assuré son emprise sur le plateau.
Le châssis ne conserve que le cadre d’origine, seul élément qu’il est interdit de modifier. Le bras oscillant est un modèle 15% plus rigide. L’amortissement tout Öhlins provient de la meilleure école qui soit : le MotoGP. Fourche comme amortisseur proviennent de la M1 2008 du Docteur Rossi. Les Brembo monoblocs sont bien évidemment à fixation radiale, ancrés sur des supports taillés dans la masse. Des raccords rapides type Staübli permettent de les remplacer en quelques secondes. Pour conclure, des jantes en magnésium (elles se soulèvent avec le petit doigt) de 16 pouces et demi finissent de transfigurer la R1 en championne de Superbike d’à peine 162 kg. La chasse est au poids en SBK est impitoyable ; mais malgré cela et grâce à son super allégement, la Yam se permet d’être la seule machine du plateau à être doté… d’un démarreur, comme sur n’importe quelle bécane de tout le monde.
M.B - Crédit photos : Yamaha Motor Europe