Faire de la moto sur circuit ne se résume pas à aligner des chronos ou se laisser griser par le pilotage. Cela implique aussi (surtout) d'avoir le paquetage adéquat pour être en sécurité. Il vous faut de l'équipement qui vous sauvera la peau, au sens littéral du terme, en cas de chute. Et qui saura aussi se montrer confortable. Cela un prix, mais la qualité est prioritaire dans ce domaine.
Nous avons eu pendant quelque temps un ensemble complet à notre disposition. Equipé des pieds à la tête, c'est en toute quiétude que notre pilote a pu apprécier ces éléments : casque AGV Corsa, ensemble Dainese composé de la combinaison Racing Pro 777, de gants Full Metal D1, d'une dorsale Wave 11 D1 Air et de bottes Nexus. Un équipement de qualité, pas tape-à-l'œil mais efficace. On déballe tout ça et après, on va rouler
Combinaison Dainese Racing Pro
Le choix d'une combinaison se fait par ses aspects techniques, sa robustesse, et un peu, parfois beaucoup, par l'image qu'elle renvoie. Elle véhicule une partie de votre identité. Celles frappées de l'emblème Dainese vous classe instantanément dans la catégorie des valeurs sûres.
Quand vous la saisissez la Racing Pro, il y a cette délicieuse et épicée odeur du cuir qui vous grise les narines. Anecdotique et pourtant, ce simple plaisir olfactif vous donne une sensation de qualité et de dégustation. Comme tout produit de la marque italienne, la présentation et la finition sont impeccables.
Rentrer dedans demande un minimum de souplesse et d'effort. Et l'on est tout de suite bien dedans. Le toucher de la doublure apporte un coté velouté, tandis qu'on prend vraiment du plaisir à saisir la souplesse de ce cuir. Une fois fermé, la découpe au niveau du torse vous "pousse" le buste vers l'avant. Surprenant au début. Mais l'équipe de Profil Motos (Chambéry) m'a éclairé sur ce fait. Avec cet ajustement, la Dainese implique tout de suite le pilote dans une posture de vitesse. C'est flagrant une fois au guidon. En sortant de courbe, l'ensemble homme-armure est plus naturellement guidé pour se planquer derrière la bulle.
Testé sur circuit et sur route, la Racing Pro se devait de remplir plusieurs missions, dont l'une des qualités d'une bonne combarde : se faire oublier. Une gêne, un pli inadéquat, quelque chose qui vous démange, et cela vous gâche un peu le plaisir du pilotage. On ne se concentre pas comme il faut si ça gratte ; on ne bouge pas avec aisance si une partie de l'habillage vous embarrasse.
Dans ce domaine, la Racing Pro ne marque que des points. Parfaitement ajustée, avec une certaine présence au niveau du bassin, la combinaison accompagne chaque mouvement sans aucune retenue. On se sent à la fois protégé et libre de se mouvoir à chaque instant. Tant et si bien que l'on oublie totalement sa présence pendant les sessions de roulage.
Cette liberté à une limite. Quasiment cousue sur le corps avec sa taille pilepoil, cette combarde ne permet à aucune de ses parties de flotter sous l'assaut du vent et de la vitesse, et présente parfaitement pour les photos. Par contre, l'ajustement est tel que les mouvements sont limités quand on évolue dans un environnement hors circuit. Faire un bout de marche pour un pique-nique sur la crête ou autre distraction ne sont pas vraiment conseillés si on utilise la Racing Pro sur la route.
L'après-midi frappe, le soleil s'affirme. J'ai chaud. Enfiler une armure demande un certain engagement psychologique quand le thermomètre ne cesse de monter. Le temps s'écoule vite pendant que s'installe tout l'attirail nécessaire et salvateur pour affronter la piste. J'ai très chaud. Je me sens comme une saucisse en papillote dans un four.
Mais cela ne durera pas longtemps. Une fois sur la moto, que ce soit lors des sessions piste ou pendant l'essai de la H2 sur route, la combinaison ne tarde pas à libérer l'une de ses grosses qualités. Une fois passé les 10 km/h, l'air s'engouffre dans la multitude de perforations dont la Racing Pro est pourvue. Instantanément, un énorme et exquis sentiment de fraicheur s'empare de tout le corps. Le même effet qu'une bonne baignade au cœur de l'été. En quelques instants et bien que ce soit le cagnard, la chaleur n'est plus un problème, juste un souvenir.
Pour aboutir totalement cet essai, il aurait fallu tester sa résistance à la chute et à la glissade sur une bonne bande d'asphalte. Nous n'avons pas été jusque là. Ni l'occasion ni l'envie ne se sont présentées.
Dorsale Wave 11 D1 Air
La peau et les articulations étant protégés, songeons à préserver une partie essentiel de l'anatomie. La colonne vertébrale, on ne rigole pas avec ça. Une dorsale n'est pas une option lors d'incursion sur piste.
On saisit celle de nos essais par des bretelles manifestement trop fines pour être totalement efficientes. A contrario, les larges bandes abdominales permettent un ajustement top. Une fois sur le dos, la carapace Dainese Wave fait sentir sa présence, surtout du fait que la combinaison est vraiment calée au mm. Heureusement, elle sait se distinguer par son confort et sa souplesse. Cette sensation de plaque dans le dos se fait rapidement oublier, rappelant tout de même en début de session que les vertèbres sont à l'abri. Toutefois, elle ne se déforme pas assez lors des changements d'angle rapides. Pas gênant mais on le sent un peu.
Multi-perforée, elle permet une bonne évacuation de la chaleur et de la sudation. Au final, c'est plus le T-shirt que la dorsale qui est trempé à la fin de la journée.
Casque AGV Corsa
Le casque pour une promenade en SR-71. Avec son coloris noir mat, son avant en étrave découpant l'air, ses aérations découpées au scalpel, l'AGV Corsa semble tout indiqué pour un pilote d'avion de reconnaissance Super-Blackbird. Technique, il embarque diverses solutions très typées circuit : un verrou de sécurité pour empêcher que la visière ne s'ouvre accidentellement ; un loquet d'ouverture des ouïes de ventilation planqué derrière la mentonnière ; un aileron pour limiter les turbulences, quasiment auto-détachable en cas d'accident pour limiter les chocs dûs aux aspérités ; un écran pré-équipé pour accueillir des tear-offs ; et un champ de vision très large, qui vous permet de balayer la piste juste avec le regard.
Une fois le heaume autour des oreilles, on se sent déjà en mode course. Loin du confort velouté d'un casque routier, l'AGV Corsa ne fait pas semblant sur son usage. On est saisi d'une sensation de « verrouillage », comme sanglé dans le baquet d'une voiture de sport. Spartiate, mais avec un pressentiment que le casque ne bougera pas qu'elles que soient les conditions.
Cela se confirme quand on déboule à pleine vitesse. Une partie de l'air vous ventile efficacement la tête pendant que l'autre file autour du casque sans générer de réactions. Pif-paf, ré-accélération, freinage brutal ou pivotement rapide du coup pour voir le collègue tenter un extérieur, le casque semble vissé au crâne.
Un petit tour sur route achève de nous convaincre que ce casque n'est heureux que sur circuit. Ouvrir la visière n'est pas toujours facile avec le verrou, et l'absence de cran signifie que le casque est soit grand ouvert soit fermé. De toute façon, à partir d'une certaine vitesse, il se ferme automatiquement. L'intérieur austère n'est pas désagréable mais on sent qu'il n'est pas fait pour ça. Un retour à Alès nous confirme qu'il est royal dans cet environnement, se distinguant par sa ventilation et sa stabilité.
Gants Full Metal D1
Là, on entre dans l'équipement de gladiateur. Du gros top avec des renforts en carbone et en titane, du cuir de chèvre au niveau de la paume, des coutures en kevlar. Et en plus, ils sont superbes. Ce gant est véritablement la Rolls… ou plutôt le MV-Agusta de la production. Toutefois, ce gant est un pur produit pour la piste, totalement orienté vers elle, et donc pas vraiment adapté à tout autre escapade.
Au premier enfilage, glisser sa main à l'intérieur est délicat, voire difficile. Le cuir a besoin de se détendre et il ne le fera pas en un jour. Au bout de quelque temps, l'exercice se fait avec bien plus de fluidité. Cependant, une chose demeure et peut gêner. C'est la rigidité induite par les plaques de carbone et titane. A chaque flexion des doigts, on sent que le bouclier refuse d'accompagner le mouvement. Pas terrible au début, même si cela nous conforte dans l'idée que le gant résisterait à une séance de marteau-piqueur. Etrangement, cette résistance disparait une fois au guidon, quand la main droite fait son office avec zèle.
A part la résistance des plaques, les gants Full Metal D1 n'essuient aucun reproche. Il offre un toucher excellent, avec en prime une surface de picots entre la paume et les doigts. Cela offre encore plus de grip à la poignée de gaz. Véritablement un outil pour la piste ; peu adapté à un quotidien urbain ou une sortie champêtre.
Bottes Nexus
Pouvant officier sur piste comme sur route, les Dainese Nexus font preuve d'un design sobre et sportif, loin de l'esprit racing de bottes plus typées. De belle facture, elles s'accordent aussi bien avec une combarde qu'avec un jean renforcé.
Pour la première session, quelque chose dérange. Difficile de remonter la fermeture éclair situé à l'arrière. Et le haut du zip dérange le mollet. C était avant de comprendre que l'ensemble est monté sur des velcros. La botte peut ainsi s'adapter à de multiples morphologies. Un coup de déscratche-rescratche plus tard, les pieds sont à l'aise et en sécurité.
Dotée d'un slider amovible, de sérieuses pièces de renfort et de multiples coques, la Nexus est une guerrière, cependant accueillante comme un fauteuil. Grâce au soufflet sur le devant et au système de pivot D-Axial, la botte donne une bonne aisance à la cheville autant qu'à la marche. On est loin d'une démarche à la Robocop en chaussure de ski.
De retour sur la piste. L'appui sur les cale-pieds est de concert avec chaque virage. La botte accroche impeccablement, permettant de maintenir la pression avec insistance et en toute quiétude. Les mouvements de pieds ne sont jamais entravés, que ce soit pour passer un rapport ou déambuler dans le box. On met les bottes en début de journée et seule une aération régulière pour éviter l'odeur d'un rat mort vous conseille de les retirer entre midi et deux. Sinon, on les garderait jusqu'au rangement des affaires.
