Fiche moto Aprilia900 Dorsoduro 2019 Tempête de route
Le supermotard, c'est l'engin tout indiqué pour faire l'andouille, attaquer les cols à fond de bielle et passer les virages serrés à la vitesse du lapin en rut. Même si le marché est plutôt discret dans l'hexagone, cela n'empêche pas d'avoir des SM routiers de belle facture et de caractère. C'est ce qui conduit Aprilia à maintenir son Dorsoduro au catalogue, avec une sérieuse évolution moteur. Comme pour la Shiver, dont elle pique le twin, sa cylindrée grimpe à 900 cm3.
Avec un nom pareil, la 900 Dorsoduro annonce des séances de sport et de kiné. Comme hier, la silhouette piaffe d'impatience d'aller à l'arsouille. Un petit facelift aurait certainement affirmé son renouvellement mais la marque de Noale n'a procédé qu'à quelques retouches de couleur. Quel que soit l'angle ou les pièces regardés, la moto n'a pas changé d'un iota par rapport à la précédente 750. Seuls des codes couleurs plus marqués, plus inspirés RSV4-RR font claquer l'œil. Un pack cadre / amortisseur / couvre-culasses rouges, un bras oscillant et quelques pièces noirs, voici la finalité des changements décoratifs. Car l'essentiel est sous la selle, dans ce bicylindre gonflé, pour sa pérennité et pas pour la gonflette.
Les gamelles ne se sentaient pas à l'étroit, alors, l'alésage est inchangé à 92 mm. Par contre, elles voulaient faire du chemin. Les ingénieurs italiens ont donc augmenté la course de 56.4 à 67.4 mm. Ca, ça sent du bon pour le couple. Et en effet, c'est lui le grand gagnant de ce cubage rehaussé. Avec 9.17 mkg, il développe 9% de muscle en plus. Un maxi qu'il faudra aller chercher 2000 trs plus haut. Qu'importe ; la courbe de couple est tout le temps plus élevé que sur la 7 et demi.
Les chevaux ne sont pas en reste mais la hausse est plus modérée. 3 canassons de plus permettent au twin d'annoncer 95 ch dans le vilo.
Cette hausse de cylindrée permet aussi de passer Euro4 sans trop étouffer le twin. L'échappement participe nettement à la dépollution du moteur. Et tant qu'on en est à trifouiller ses entrailles, autant en profiter pour revoir le système de lubrification. Précisons aussi que la 900 Dorsoduro peut être bridée en 35 KW / A2.
Avec cet engin, on est très loin des supermot' d'autrefois, dérivé d'un trail au moteur gonflé avec un pot qui craque et des jantes de 17 pouces. Comme les sportives, les roadsters et les GT, une bonne piquouse d'électronique fait transpirer du silicium. L'ABS et l'accélérateur ride-by-wire étaient déjà présents. Ce dernier est totalement revu pour être plus précis et plus léger de 550 grammes. La gestion moteur profite non seulement d'ECU Marelli 7SM plus puissante mais aussi d'un contrôle de traction à 3 niveaux et désactivable, ainsi que 3 cartographies d'injection.
La Sport fournit une réponse moteur directe, sans édulcorant, pour un pilotage agressif.
La Touring lisse la réponse moteur pour une utilisation quotidienne.
La Rain calme les ardeurs pour éviter le rodéo sous la pluie.
Et pour profiter à fond des solutions modernes, la 900 Dorsoduro gagne un tableau de bord TFT tout numérique, constitué d'un écran de 4.3 pouces et pouvant profiter en option de la plate-forme multimédia Aprilia, histoire de connecter la meule au smartphone.
C'est bien sympa mais ce ne sont pas les hits et les mp3 qui vont assurer le cap et les sensations. Le job, c'est pour le châssis ad-hoc de l'Aprilia. La structure principale, soit un cadre mixte platines latérales en alu / treillis tubulaire en acier, est inchangé. Coté liaisons au sol, c'est autre chose. La 900 Dorsoduro s'équipe d'une nouvelle fourche Kayaba, 450 grammes plus légère, réglable en précontrainte et en détente. Une nouvelle paire de jantes permet de grappiller encore deux kilos. Pour les freins, reconduction des étriers radiaux à 4 pistons sur des pistes de 320 mm, qui ne sont plus à pétales. Même lissage pour le disque arrière de 240 mm, secondé d'un étrier monopiston.
Cette évolution de la Dorsoduro joue sur un cocktail : moteur et châssis étroitement dérivé de la 900 Shiver, style provocant de la 750 vivifié par des couleurs percutantes, tableau de bord piqué au violent 1100 Tuono de la même maison. Et en dynamique, elle s'annonce plus puissante et plus agile. L'engin veut reconquérir le cœur des amateurs du genre. Et surtout aller chatouiller la Ducati Hypermotard, qui ne cesse de se bonifier. Si les suspensions ont su trouver de la rigueur, la route s'annonce bien sympa pour / avec ce tordeur de virolos.
M.B - Photos constructeur