Fiche moto GileraRC 600 1991 Un peu trop bien ?
La fin des années 80 est une période faste pour les constructeurs italiens et particulièrement pour Gilera, alors l'un des leaders de la catégorie 125cc de son marché d’origine.
Fort de posséder dans son catalogue un moteur 4T moderne, décliné en 350cc et 500cc, et équipant les Dakota et le Saturno, le constructeur fait le choix d'aller se battre directement avec les marques japonaises pour le créneau des trails «gromonos». La base moteur est l'une des plus modernes du marché avec un refroidissement liquide, 2 arbres à cames en tête actionnant 4 soupapes. Très puissant pour sa cylindrée, le 500cc (492cc pour être précis) développe déjà 44 chevaux à 7.250 tours/min.
Et si la cavalerie semble suffisante pour se battre avec les gros trails japonais, ce moteur manque un peu de couple (4,1 mkg à 5.750 tours/min) et surtout d'une bonne dose de centimètres cube pour pouvoir se battre, au moins sur le papier, avec les 650 (Honda Dominator ou Suzuki DR). Car qui irait rouler en 500 quand on peut se payer une 650 concurrente?
Conscient de ce déficit d'image, Gilera fait alors un choix économique judicieux. En augmentant l'alésage de son 492cc de 6,0 millimètres (de 92 à 98mm), les ingénieurs obtiennent à moindre frais (de développement) un moteur de 558cc, gagnant 1 mkg de couple et 4 chevaux et surtout apte à se battre avec les trails japonais de plus grosse cylindrée. Un simple tour de passe-passe marketing permet, en 1989, de lancer le premier 600 de la marque: le RC600
Il suffit d'un seul coup d'œil sur l'engin pour connaître sa cible principale: le Honda NX 650 Dominator. Cette Honda truste régulièrement la première place des comparatifs trails grâce à son caractère moteur et ses capacités hors bitume. Le Gilera se battra donc sur le même terrain, en jouant même sur un certain mimétisme.
Mimétisme en effet, car la ligne s'inspire naturellement de son modèle: une allure élancée, un ensemble réservoir-carénage tête de fourche solidaire, un garde-boue avant qui affleure la roue (quand la plupart des trails verts ont un garde-boue fixé sous le té inférieur) et surtout une couleur rouge. Toutefois, le RC600 se distingue par une légèreté de ligne supérieure, une étroitesse bienvenue en tout-terrain, mais aussi un caractéristique double optique rond placé derrière une grille de protection.
En selle, le trail italien répond totalement à cette impression de trail très «vert». Tout d'abord par sa partie-cycle qui est d'une précision formidable hors bitume. Le cadre en tube d'acier carré est rigide et les suspensions à grands débattements offrent une fermeté appréciable sur terrain défoncé. Par ailleurs l'ensemble selle-réservoir étroit permet de maintenir fermement et de diriger la machine avec le bas du corps. Le Moteur, lui, se distingue par une souplesse en bas et une vivacité plaisante en haut.
Au quotidien, ces qualités ne servent pas toujours le RC600. En ville, la hauteur de selle peut handicaper les petits gabarits et le rayon de braquage réduit gêne un peu les manœuvres. Sur route, la précision de la partie-cycle permet de profiter du caractère moteur. A cela près, que l'engin a un peu tendance à se raidir quand la vitesse augmente. Sans jamais être dangereux, ce comportement rend l'arsouille un peu plus physique.
Le caractère affirmé de ce trail Gilera est rapidement plébiscité par la presse spécialisée. Malheureusement, les trails sont essentiellement utilisés sur route et le RC originel est un peu pénalisé. Malgré sa ligne très réussie, sa hauteur de selle et sa fermeté générale ne lui autorise qu'un succès d'estime. Cette orientation un peu trop Tout-Terrain ne convenait pas tout à fait aux attente de la majorité des trailistes, d'autant plus que le RC600 était un peu plus cher que ses concurrentes. Le constructeur réagira en 1992, en proposant 2 versions de son RC sur la base du Nordwest: une version un peu plus polyvalente très proche du supermotard de la marque (RC600C) et une version encore plus affirmée TT (RC600R). 2 motos qui subiront le choix de Piaggio, propriétaire de Gilera, de mettre sa marque satellite en sommeil au milieu des années 90.
Parallèlement à ce 600, Gilera proposa une gamme de 125, copies presque conformes de ses 600. La RC125 Rally imitait la première RC600 et fut remplacée par l'Apache 125 esthétiquement proche de la RC600C.
Tanthallas - Photos: Constructeur
1989
1990
1991