Les demoiselles mènent le bal, les princesses soignent leurs toilettes.... Pendant qu'à l'extérieur, la fête bat son plein avec une flopée de break-danceuses. Ca lève, ça crisse, ça fume.... Ca dépote pendant que les bien-rangés tombent en compote. La ronde des troubadours pourrait ainsi mettre la KTM 690 SMC-R en tête de cortège. Revitalisée cette année avec un abondement de mises à jour technologiques, ce supermotard entretient la fibre de la déconnade.
L'appartenance à la culture moncylindre est de rigueur. Désireuse d'adrénaline, la machine met à niveau le sien en récupérant la mécanique de la 690 Duke et des 701 Husqvarna. Du bonus à tous les étages, permettant de pardonner sa courte absence du catalogue. Elle s'était cachée avec le souvenir de 67 chevaux ; elle revient sous l'impulsion de 74 bourrins. Un rendement exceptionnel pour un mono de grande série. Cette dose de watts + l'impulsion de ses 7,5 mkg + le punch inhérent à cette architecture mécanique ont de quoi vous rendre impatient et impertinent à chaque rotation de la poignée droite.
Pour calmer les retours de couple, on trouve un embrayage anti-dribble entre les carters. Mais comme la SMC fait son retour en plein boum des aides au pilotage, elle en grappille quelques unes au passage.
Quelques capteurs en plus, une injection de données, du jus de cervelle, et ça cause dans le silicium. Ainsi, vous pouvez:
/ soit captiver les instants avec la SMC-R façon brut de décoffrage et grosse maitrise en désactivant tout ce qu'il y a à bord
/ soit vous craquez pour une dose d'assistances. A savoir le contrôle de motricité, influencé par l'angle d'inclinaison et le mode de conduite choisi, l'ABS, et deux modes de conduite (un de moins que l'ancienne). Le 'Street' donne un rendu assez directe mais orienté sureté ; Le 'Sport' répond plus énergiquement, donne du mou au traction-control et autorise les dérapages.
L'ABS mérite une explication plus complète. Désormais cornering, il est sensible à l'angle pris par la moto. On retiendra surtout que dans son mode 'Supermoto', il se coupe sur l'arrière et limite son action sur la roue avant, histoire de favoriser toutes sortes de figures. Si on le 'métier' pour ça, bien sûr.
74 chevaux sur un mono, ça décape. D'autant plus quand on est un poids plus comme elle. Bien qu'elle ait pris 7 kilos dans son évolution, la SMC-R demeure surprenante de légèreté avec 147 kilos sur la balance. Quasiment pareil qu'une Kawasaki Z 125...
Le R s'acoquine de coutume avec du orange pour le cadre. L'effet visuel est immédiat. Dommage que l'on ait perdu ce coloris sur les jantes. Au bout des rayons enfermés dans ces cercles de 17 pouces, la gomme est en provenance de Bridgestone, avec du S21 qui aime accrocher la route autant que le circuit.
Une fois au guidon, l'instrumentation minimaliste, du niveau d'une moto d'enduro, ne vous détournera pas de l'essentiel : la conduite pressée, garde-boue en l'air. Avec de multiples occasions de tordre les virages, la poignée des gaz et le sourire du voisin, mais aucunement le châssis. Le cadre treillis tubulaire au chrome-molybdène s'annonce costaud. Puis efficacement secondé par une fourche WP Apex inversée de 48 mm, totalement réglable, et un amortisseur de même facture. Le débattement de suspensions est généreux avec ses 215 à l'avant et ses 240 mm à l'arrière. Généreux... et cependant en diminution depuis la génération précédente, où chaque suspate profitaient de 240 mm de coulissage. La hauteur de selle demeure montagnarde, perchée à 890 mm de la plaine.
La KTM 690 SMC R conserve l'essence même du supermotard civil aux approches de l'extrême, avec une infusion des dernières techniques. Un jouet qui se moque des aspects pratiques, de la polyvalence ou autres prérogatives allouées à l'ensemble des machines. Un engin viril, expressif, qui se monnaie cher. Mais offrant une dose de fun incomparable.
M.B - Photos constructeur