Le regard agressif de l'aigle
D'abord étude de style, la surprenante Griso a tellement emballé le public que la marque de Mandello pense très sérieusement à sa commercialisation. On n'est pas très loin du street-bike mais avec la prestance et l'imposance typiquement Guzzi. Ce gros roadster, que certains voient comme le successeur de la Centauro, est taillé tout en muscle. La plastique fait la part belle au moteur ainsi qu'à l'impressionnant monobras. Celui qui équipe déjà la 1100 Breva. Une belle fourche inversée, des bocaux (liquide frein et embrayage) et un tableau de bord sport, de grosses tubulures d'échappement - la bête met tout de suit l'ambiance. L'originalité devrait aller de pair avec ce gros roadster qui s'annonce déjà comme surprenant.
Avant même de louer ou d'incendier le comportement de la Griso, il est primordial de souligner et surtout d'applaudir le talent des réalisateurs qui a suivi celui des concepteurs. Belle à sa naissance de concept-bike, elle a su rester fascinante, sculpturale, majestueuse... comme à ses débuts et ce malgré les obligations de la production en série. Est-ce là l'essentiel ? Oui et non. On attend bien sûr d'une moto, qu'elle soit belle ou moins, d'assurer dans ses prestations. Mais le leitmotiv est avant tout de se faire plaisir - et la Griso réussit à vous en procurer par sa seule présence. Comme une oeuvre que l'on expose.
Oui, bon, c'est bien joli, mais on roule quand ? Pas question de la laisser dormir dans le salon. Une moto, c'est pas que pour les yeux ; ça doit prendre de l'angle et maîtriser le bitume. Alors, en selle ! Première étape, se familiariser avec la position de conduite. Pas évident, car l'assise large et les tubes de cadre vous écartent les jambes pendant que les mains partent chercher le guidon. Une position typée sur un roadster typé - pas mal pour le look, quitte à sacrifier un peu de confort. Oh, n'allez pas croire que vous allez devoir dompter un pur-sang virulent comme une Ducati S4R ou une Benelli TnT. La fougue de la Griso est surtout dans son aspect très charismatique. Ouverte à la conduite d'agrément et de plaisir onctueux, elle se balade avec le souffle du gros twin transversal 1100. Un enchaînement long et tentant de lacets provoque des démangeaisons dans votre système nerveux ? Allez-y, la Guzzi ne vous en privera pas. La généreuse garde au sol, la neutralité du train avant et la réponse des freins vous accompagne dans votre engouement. En forçant, on notera une faiblesse du train avant dans les courbes avalées à forte allure. Cela ne provient pas de l'amortissement, plus ferme que sur la cousine Breva, mais du poids qui est plus porté sur l'arrière. Mais passerez-vous votre temps à piloter la Griso comme vous pousseriez une Hypersport ? Non, vous préférez la montrer à la terrasse de votre café préféré. En vous y rendant, vous vous direz qu'elle pourrait mieux braquer que ça. Une fois garé, dégustez un café italien et ne vous retenez pas de sourire à la vue des passants épatés par votre Griso.
M.B
(Texte de l'essai inspiré par l'article de C. Lacombe - Moto-Journal n°1 679
photos constructeur)
détachées
Vice caché ?