Opération séduction
La Super "III" est à la fois une série limitée et une évolution de la Daytona, la sportive de la gamme Triumph. Série limitée car sa diffusion n'est prévue qu'à 500 exemplaires ; et la France n'en aura droit qu'à 50.
Evolution du fait que la Super III bénéficie des progrès technologiques que l'usine anglaise accumule depuis sa renaissance. Ainsi, cette machine accueille de profondes modifications qui se généraliseront dans l'avenir sur toutes les productions de Hinckley.
Cosworth, ça vous dit quelque chose...! Eh bien, ce sont eux qui ont conçus les nouveaux carters et culasses de cette Daytona. Ces éléments ont perdu en poids tout en gagnant en rigidité. Cachées par le carénage, vous ne verrez pas grand chose des principales modifications apportées, tels ces nouvelles fonderies, le nouveau profil des arbres à cames, les changements opérés sur la transmission primaire, le démarreur, le boîtier d'allumage...
Pourtant, cette sportive brittone dégage plus de charisme que la version standard. Et ce n'est pas par sa fiche technique qui restera ignorée par le motard néophyte ou l'observateur lambda. En plus de sa classe "so british", la Super III a de quoi vous flatter avec ses silencieux et ses garde-boues en carbone, sa déco noir badgée "SUPER III" sur les flancs arrières, son bras oscillant lui aussi teinté sombre et ses nouveaux étriers de frein à six pistons. Triumph a également changé les jantes pour des modèles Brembo en aluminium coulé, alliant gain de poids et rigidité accrue. Tiens, le poids, parlons-en. Vous savez de combien le moteur s'est allégé avec ses nouvelles pièces ? 4,5 kilos. Au total, la moto a perdu 9 kg et sa puissance en version débridée est passé à 117 ch. Mais avec 255 kg tous pleins faits, elle demeure plus proche de la catégorie des sportivo-gt que des pistardes pures. Ce n'est pas grave car ce n'est pas la radicalité (et les défauts qui y sont liés) qu'elle recherche. C'est une Lady, pas une Ninja.
Impression confirmée en montant à bord. La position de conduite, légèrement allongée et en appui sur les poignets ne diffère pas du modèle originel. En saisissant la machine, le poids se rappelle à notre bon souvenir, seulement le temps de manoeuvrer la moto ; car une fois en équilibre sur ses roues, la Daytona devient homogène et agréable. A la conduite, la Triumph se déguste telle une crème anglaise. Cela vous change du saké des productions nippones. La force du moteur, c'est son couple et sa rondeur qui se différencie nettement des 4 cylindres et de leur puissance nichée en haut du compte-tours. Si la Daytona ne peut lutter face à la sportivité acharnée de ses concurrentes, elle se révèle ne revanche bien plus agréable sur le plan du confort. Les suspensions assurent un très bon travail qui associe efficacité et préservation des lombaires. Enrouler est toujours une partie de plaisir, grâce à cet amortissement et au caractère du moteur, deux atouts maîtres dans le comportement de cette machine.
L'autre point fort est le freinage ô combien respectable. Très dosables et sans agressivité, l'ensemble double disque 12 pistons prouve sans retenue sa générosité et son efficacité étonnantes. Avec tout ça, difficile de résister à la tentation d'une partie d'arsouille. La moto joue avec vous mais son poids se fait sentir quand le rythme passe à l'attaque. On ne peut pas oublier plus de 250 kg comme ça...
A plus de 8 briques, ce bel objet devient presque un bijou. Cela fait cher payer le parfum de l'Angleterre, mais c'est aussi le prix de l'originalité.
M.B
(inspiré par l'article de M. Montange - Moto-journal n°1 116
photos internet)