Fiche moto Ducati851 1992 Alerte rouge
Impossible de ne pas la comparer à une Ferrari. La nouvelle 851 peut, comme ses cousines à 4 roues de Maranello, provoquer d'un simple regard l'émotion, la magie, la passion... ce petit "je ne sais quoi" éveillé par les machines nobles et racées. Comment ne pas craquer devant cette robe rouge flamboyant, presque soumis à cette italienne enivrante de sport.
Quand la première 851 débarque en 88, les solutions techniques et mécaniques qu'elle adopte, son design mais aussi son tarif élitiste la démarquent très vite du reste de la production. Cette évolution est un pas plus important de la diva vers le grand public.
Il y a surtout ce nouveau coloris, sublime, et franchement plus agréable que l'ancienne déco vert-blanc-rouge. Ensuite, le modèle 90 s'améliore sur bien des points. Les rétros ne sont plus intégrés et remplacés par des modèles classiques, fixés sur le haut du tête de fourche. Les jantes 16" démontables deviennent des 17" standard, peintes en blanc pour s'harmoniser avec le cadre de la même couleur. Quel contraste avec l'habillage de la moto ! Puis, en 91, l'amortisseur est signé Öhlins et la fourche devient un modèle inversée. En 92, une légère retouche stylistique intervient et le réservoir est à présent en acier.
Les pots sont des éléments en inox doublés d'alu qui ne feront absolument pas regretter les anciens. Les disques de frein ont bien grandi, pour afficher maintenant 320 mm de diamètre.
Pour le coeur de la moto, c'est moins visible et plus technique. Le twin desmoquattro n'est plus équipé que d'un seul injecteur par cylindre. L'embrayage à sec gagne un amortisseur de transmission tandis que son maître-cylindre récepteur passe de droite à gauche. En partie grâce à l'augmentation du taux de compression (10,4 -> 11 à 1), le moteur sort 105 ch soit 3 de plus qu'auparavant. Le châssis évolue aussi, avec un bras oscillant de structure différente, une nouvelle suspension arrière, un disque de frein plus petit, et une batterie qui se déplace vers l'avant pour le charger un petit plus.
Une des étapes les plus importantes fut de revoir en grand le processus de fabrication. En ne rognant ni sur la qualité, ni sur les performances (c'est même le contraire), la Ducati perd quasiment 2 plaques sur son coût d'achat. Pas mal pour une machine qui s'est amélioré de partout. Aujourd'hui, on peut se l'offrir pour moins de 10 briques.
Ceux qui ont connu la première 851 retrouveront leurs marques. Position de conduite identique, à la fois sportive et agréable, secondée par un excellent jeu de commandes. L'émotion commence sitôt le moulin en route. Les pulsations du twin font dans la vocalise, moins profondes mais plus virulentes que celles d'un 900 SS. Cette moto qui grogne attire immédiatement l'attention de votre entourage. Capital sympathie assuré auprès des curieux et des filles ; moins d'enthousiasme de la part des voisins.
En action, la superbike n'a pas changé. Elle est toujours aussi précise et légère mais demande de l'autorité au guidon. Cette particularité permet d'accélérer très fort sur l'angle pour s'extraire des virages. Y rentrer debout sur les freins sera légèrement plus chaud, bien que la roue de 17" améliore bien le train avant. On en aura profité pour goûter à l'excellent freinage Brembo. La puissance comme le feeling sont de très bonne facture ; l'arrière est plus timide.
Suffisamment coupleux pour enrouler, le bicylindre attend tout de même de dépasser les 6 500 tr/mn pour cracher ses gros watts. Poignée vissée à fond, la moto dépasse les 230 chrono. Il envoie le bouilleur italien ! Belles lignes droites, grandes courbes, la 851 ne bouge pas d'un cil - la stabilité guide la moto. Ce bouffage de kilomètres permet de juger la protection : décente, et un peu plus au niveau des mains.
Sur piste, la Ducati révèle ses points faibles. La transplantation de la batterie n'a pas eu de réelle incidence sur la direction. Une grosse accélération déleste trop le train avant. Son senti est alors plus flou mais pas suffisamment pour rendre la main.
La motricité est excellente, d'autant que la machine est pourvue d'origine de très efficaces Michelin TX 11 et 23. Entre les vibreurs et quelle que soit les difficultés techniques, la stabilité et la précision de la 851 font merveille. Tout cela à un prix et c'est le pilote qui rince. La moto est fatigante et, bien que son pilotage soit un grand moment de plaisir, elle apparaît physique à emmener. Tâchez de limiter l'improvisation - la moto ne donne le meilleur d'elle-même que si on la pilote avec assurance.
Sa rigueur, son comportement sportif, ferme et sûre ne craignent pas les routes de qualité moyenne. Ce n'est pas la moto mais les suspensions qui vous feront ralentir ou changer de route. La suspension n'a pas la souplesse d'une routière et votre corps comptera toutes les bosses qui passent sous les roues. Autre chose, le défaut de l'ancienne génération n'a pas disparu, à savoir une prédisposition à se relever lors d'une prise de freins imprévue sur l'angle, même si la monte en 17" a amélioré les choses.
L'école italienne de design a toujours su faire de superbes créations et la 851 ne déroge pas à la règle. Très belle, doté d'un comportement rigoureux, d'un moteur vivant et performant, d'une voix fascinante et offrant un plaisir presque indécent, la Ducati "Superbike de route" est une moto fascinante. Que peut-on vouloir de plus ?
M.B
(inspiré par Moto-journal - photos internet)
1990
1991
1992