Fiche moto PatonS1-R Lightweight 2017 Aux ordres du Lightweight TT
Paton fait partie de ces marques aux moments de gloire passés et qui renaissent après quelques parcelles de torpeur. Ses machines ont accompagné le Continental Circus pendant plusieurs décennies. Pour un retour réussi, il n’y a que peu d’options. Soit du prestige teinté de haut de gamme, soit une entrée (retour ?) fracassante en compétition. Et pourquoi pas un petit peu de l’un et une belle dose de l’autre !?!
Et c’est ainsi que naquit la S1-R Lightweight. Une moto pas tout à fait comme les autres. Une sportive pas du tout comme on l’imaginerait. Tendue, racée, saillante comme c’est de mode ? Que nenni. Des rondeurs, un physique presque difficile, une bouille de gentil monstre créé chez Pixar... L’engin surprend, semble timide et presque perdu. Mais son destin est tout autre. Car Paton a développé une moto capable de briguer la victoire au Tourist Trophy. Sacré challenge, et quelle carte de visite pour un come-back. Cependant, la surprise ne s’arrête pas là.
Gagner le TT, c’est surtout la chasse gardée des CBR 1000 SP2, GSX-R 1000, ZX-10R ou ce genre de missile. Du coup, va falloir développer un moteur bourré de watts ou en acheter un comme l’ont fait Mondial avec la Piega ou Bimota avec quasi tous ses modèles. Hors de question pour Paton, qui vise différent. L’italien ne veut pas une machine de guerre, comme sans son passé ; il entreprend de réussir avec une musaraigne du pilotage. Avec la S1-R, c’est quasi trois fois moins de puissance que les motos Superbike, un poids plume, des périphériques haut de gamme, et un engagement dans la catégorie Lightweight TT - dit aussi SuperTwin, où les machines sont limitées par la motorisation. Bicylindre de 650 cm3 maximum, mais avec de grandes possibilités de modification. La Paton S1-R est rentré dans le jeu et la version compétition pilotée par Mickael Rutter a rapidement croqué l’objectif, la victoire. Et c’est une machine de calibre, avec juste l’équipement civil obligatoire, que le petit constructeur met à disposition du public – d’un public restreint, car elle ne sera disponible qu’à 50 exemplaires.
Donc, un twin. Comment en choisir un parmi la multitude ? Est pris une mécanique qui a fait ses preuves : le bloc de la Kawasaki ER-6n. Après une petite cure technique, il passe de 72 à 80 chevaux. La machine ne pesant que 158 kilos à sec, nous voici en présence d’un rapport poids/puissance sympathique, exploitable, et surtout qui imposte des trajectoires fluides, chirurgicales, exigeantes. Sur la Paton, pas de contrôle de traction, de modes de conduite, d’anti-machins ou de NASA engineering system. Juste la main droite, du métier et de la vitesse. Bref, l’art du pilotage.
Sous sa silhouette très vintage, faisant nettement référence aux Paton des années 60, la S1-R est construite avec un cadre treillis tubulaire en acier fait maison. Si on la regarde un peu de biais au premier abord, la suite de sa découverte et le détail de ses pièces en font un petit bijou. Ne citons que le réservoir en alu soudé à la main, la fourche inversée Öhlins FGRT 204 de 43 mm, les amortos TTX30 eux aussi Öhlins, les jantes OZ en aluminium forgé, les disques de frein dérivés du Moto2 et pincés par des étriers radiaux Brembo M4. Le frisson de la compétition est palpable. Oh si, citons encore. Le maitre cylindre Brembo 19 RCS, les pièces Valtermoto et Rizoma, le bras oscillant fabriqué par Febur, et la ligne en titane SC-Project ; l’équipementier est d’ailleurs le nouveau propriétaire de la marque depuis un rachat en octobre 2016.
Tout ceci peut être encore amélioré au choix du client. Un shifter, des améliorations moteur, des pièces en carbone et différentes options permettent de davantage personnaliser et optimiser la Paton S1-R Lightweight TT. Le tout dans un souci de qualité de construction évident.
Après près de 40 ans de présence en compétition, la marque de Giuseppe Pattoni et Lino Tonti a dû quitter son univers par la petite porte. Pour revenir vers l’un des plus prestigieux théâtres d’opérations : l’île de Man. Depuis la première version S1 Stradale en 2014, qui annonçait le retour de Paton, le projet a pas mal évolué bien que la silhouette du début conserve toute sa singularité initiale.
Une idée, un prototype, du travail, de la conviction, et une victoire au TT. On retrouve l’essentiel de tout ça dans la Paton. Une sportive pleine de légèreté et de passion, loin de la folie des hypersports pour revenir à des valeurs plus raisonnables sur route ouverte. A un coût cependant fort exigeant.
M.B - Photos constructeur