Une italienne au sang chinois
Un roadster 4 cylindres 600 chez Benelli ? Ca choque, surtout chez un constructeur réputé pour ses motorisations caractérielles et ses cylindrées atypiques (3 cylindres en 900, 1130, 899). C'est pourtant le prochain modèle griffé du lion italien que nous verrons débarquer en 2013... Euh non, la moto ne pointe son museau qu'en 2014. Mais cet engin n'affiche de Benelli que le nom, car cette BN 600 R est une moto en provenance directe de Chine.
Originellement, cette machine est une Qianjiang... OK, moi non plus, ça ne me dit pas grand-chose, à l'exception que c'est le proprio de Benelli depuis 2005 - libre à lui d'utiliser cette marque pour valoriser ces modèles. Et même si vous ne croiserez pas souvent des Quianjiang, ne jugeons pas à la légère cette boite qui vend un million de deux-roues par an.
Ainsi, c'est une chinoise avec Benelli marqué dessus. Et techniquement, cela s'annonce intéressant et parfois surprenant. Déjà, il y a ce moteur 4 pattes, que l'on trouverait logique sur une japonaise mais beaucoup moins sur une italienne. Ce bloc à injection et 16 soupapes de 599 cc délivre une puissance peu phénoménale : 82 chevaux et 5.3 mkg. Cette cavalerie est loin d'être suffisante pour aller taquiner du Street Triple ou du Hornet, ces dernières crachant allégrement plus de 100 bourrins.
Dans ce cas, où est la cible ? Les roadsters du milieu de gamme, tels les ER-6n, Bandit, XJ6 ou CBF 600.
On peut poser quelques retenues sur la relative modestie des watts disponibles. En revanche, on reste admiratif sur l'équipement du BN 600, quasiment au niveau d'une sportive : un cadre mixant les platines en alu et le treillis tubulaire en acier, une énorme fourche inversée de 50 mm (quel intérêt d'une si grosse ?), des disques de frein de 320 mm avec des étiers radiaux à 4 pistons, un bras oscillant aussi balèze que celui d'une CBR 600 RR, un pneu arrière de 180 mm de large ; depuis 2015, du Brembo, des pneus de meilleure facture, une fourche Marzocchi, un amorto Sachs... C'est du costaud, le genre de matos que l'on destine à une pistarde bien plus puissante. Maintenant, reste à savoir la qualité de ces équipements.
Pas vilain mais pas transcendant non plus, le BN 600 n'offre pas le style saisissant et ravageur d'une italienne. Les pots sous la selle, les écopes de radiateur aiguisées, l'amortisseur implanté latéralement, les rétros en goutte d'eau - Les effets sont là, mais l'audace du dessin n'accroche pas tant que ça et l'identité cherche à se construire. Seul le phare offre une filiation avec des modèles déjà répandus (pas chez nous) comme les Generic CODE 125, 150 et 200 S ou X, lui-même un peu inspiré des 1130 / 899 TnT de Pesaro.
A l'origine, cette Benelli devait être annoncée à un tarif choc, ce qui lui permettrait de se faire remarquer aussi bien par son équipement de roadster sportif que par son prix de moto basique. Dans les faits, le prix n'a pas pu rester époustouflant et s'insère dans la fourchette du segment. Mais que vaudra-t-elle sur le plan dynamique, sur la qualité, sur la finition ? La Chine débarque sur le segment de la moyenne cylindrée - Comment nous surprendra cette sino production ?
M.B - Photo constructeur
Moteur dérivé du bloc Honda Hornet 1998
Je l'ai essayé ...avec objectivité