Fiche moto HeskethSonnet 2200 2017 Une exception ?
La période est propice aux machines de haut rang, rêvant de noblesse et aguicheuse d'esthètes. L'Angleterre, autrefois terre de constructeurs multiples, sort progressivement de sa léthargie. Après la tempête japonaise de la deuxième moitié du XXème siècle, surtout (seul ?) Triumph était revenu du massacre, et la moto anglaise n'était plus synonyme que de cette enseigne. Aujourd'hui, des noms ressortent des oubliettes : Norton, Brough Superior, Ariel, Matchless...
C'est au tour de Hesketh de se refaire une vie. Son histoire est plus récente que celle des protagonistes cités, plus chaotique, frappée de marasme. Puis le modèle 24 est venu la remettre sous l'attention des passionnés. Aujourd'hui, c'est la Sonnet qui reprend une envie d'honneur, de prestige, de caractère.
La moto est anglaise, et cela se voit d'un bout à l'autre du cadre. Du métal, du style, et du gros cœur pour ce café-racer. Si la machine n'égale pas la sveltesse d'une 961 Commando, la silhouette n'en déplait pas pour autant.
Avant de nous focaliser sur les belles pièces et l'esprit "so british", attardons nous sur le morceau de choix qu'est le moteur. Lui, il n'est ni anglais ni européen. Hesketh a choisi les services du motoriste S&S, grand spécialiste des gros twins bien gras, et majoritairement choisi lorsqu'il s'agit d'équiper des machines oscillant entre le custom et la création. Et c'est du lourd ! Un impressionnant bloc de 2163 cm3. Epuré, maousse, sûr de sa force, le bicylindre américain a dans les bielles de quoi soulever le cœur. Il crache pas moins de 145 chevaux à 6000 tr/mn. Et le couple est effrayant : 21,4 mkg, atteint à seulement 3000 trs. Des chiffres qui nous rappellent la 2300 Rocket III de Triumph.
Le cadre est beaucoup plus classique. Un double berceau tubulaire en acier, simple, propre, discret, avec pour seule fantaisie un révérencieux "Made in England" sur les tubes avant. Pour les suspensions, Hesketh a choisi l'anglais K-Tech, celui-ci apportant une grosse fourche inversée et un duo d'amortisseurs arrière. Coté freins, Brembo est de rigueur, avec des étriers radiaux 4 pistons sur des pistes de 320 mm.
Les roues semblent ne pas vouloir se faire remarquer. Et pourtant, elles sont en carbone. Cela fait partie de toute une série d'éléments qui assurent un coté haut de gamme à la Sonnet. Laissez le moteur et la moto de coté, et goutez à ces superbes platines repose-pieds réglables, ou la selle en cuir gaufrée avec dosseret intégré, et bloquez devant le réservoir. Une pièce digne d'un vieil avion, avec deux bouchons de type Monza et traversé d'un jeu de sangles de métal et de cuir. Continuez ! Les échappements ne sont pas peu fiers de leurs soudures. Tandis que des commandes Domino entourent un compteur minimaliste. Mais quel dommage que le bras oscillant soit aussi quelconque.
Hesketh a prévu 100 exemplaires de cette Sonnet pour 2017. Typé café-racer, la Sonnet ne sera pas pour autant un engin prioritaire pour l'arsouille. Ses 235 kilos à sec n'en font pas un poids léger dans la catégorie. Ce n'est pas le plus important. Façonnée par la passion, destinée à une clientèle très ciblée et valorisée, la Sonnet a bien choisi son époque pour remettre en lumière une marque au passé insolite. Plus que les performances, le haut de gamme se plait aujourd'hui à mélanger l'Histoire et le Beau.