Jeune trajectoire
La sportive, c’est la démonstration technologique et l’arme ultime d’un constructeur. Des chevaux tant qu’on peut, de l’électronique façon Tony Stark, un châssis au top du top, un tarif à étouffer le banquier… et un niveau d’expérience assez costaud pour l’exploiter.
Et puis, il y a la CBR 500 R. La moto qui se prend au sérieux sans vendre du baril de poudre. Une midinette racée, aux relents marqués de pistarde. On la jauge puis on juge: ça veut taquiner de l’angle. Mais pas par tout le monde. Les initiés, les guerriers, les chronos en feu, les Marquez et les chasseurs du temps préfèreront les hypersports. Ne leur en déplaise, cette Honda est aussi racée que les machines du segment hyper nerveux. Une continuité sans retouche, aux accents très réussis de CBR 1000 RR ’17-’19.
Son regard se
veut toujours aussi menaçant. Accompagné à présent de la même tension au niveau
du train avant. Honda lui donne plus de moyens pour ses ambitions avec la pose
d’une fourche inversée de 41 mm. On ne disposera pas de réglages mais de la
technologie SFF-BP de Showa pour gagner en efficacité.
Le freinage change aussi de catégorie avec une présence doublée. D’une simple piste
de 320 mm avec étrier axial, le système passe à deux disques de 296 mm mordus
par des pinces radiales à 2 pistons. Avec une répartition des masses davantage
basculée sur l’avant et sa proue plus incisive, la jeune CBR entend soutenir l’action
et hausser le rythme.
Sous un tempo Rock’n roll plutôt que Hard-rock. Le twin de 471 cm3 a beau recevoir une révision de sa cartographie pour améliorer le couple et les sensations, il reste de puissance raisonnable avec 47,5 chevaux au bout des bielles. Une mesure parfaite pour les A2, qui n’auront besoin ni de bridage ni de caleçon de rechange. En revanche, si cette moto révèle votre instinct de tueur, son souffle vous paraitra vite insuffisant. Pour ceux y trouvant leur compte, ils profiteront d’une mécanique docile et agréable.
Tableau de bord LCD, cadre «Diamant» en acier, bracelets sous le té
de fourche, réservoir de 17,1 litres, embrayage anti-dribble, habillage et valeurs
de puissance (35 kW – 4,5 mkg) n’ont pas changé. Le besoin n’en étant ni exprimé,
ni justifié.
Il fut un
temps où le monde de la sportive pouvait s’exprimer de tant de façons. Avec des
gros porteurs de 1100 à 1400 cm3, des Superbikes à la cylindrée mythique de 750
cm3, des 600 à foisons, des 900, des sport-GT, des 250 2-temps, des sportives
de route, des pistardes, des replica… Et aujourd’hui?
C’est soit des machines de barjot, où seul le circuit permet de les laisser
vivre. Soit des engins d’une nouvelle mode (Aprilia RS 660, Yamaha R7, MV-Agusta F3800) avec un
ticket d’entrée pas franchement typé jeune motard. La CBR 500 R vient placer le
sport à un tarif et une puissance raisonnable. Elle doit aujourd’hui comme hier
affronter la KTM RC 390, un poil moins puissante mais beaucoup plus légère.
M.B - Photos constructeur