Fiche moto Indian1890 Roadmaster Dark Horse 2020 L'âme d'un capitaine
Une ligne droite. Longue, si longue, tellement longue qu'elle en donne le vertige. Pas pour l'indian 1890 Roadmaster Dark Horse qui ne rêve que de s'en saisir. De l'amadouer puis de la tenir de miles en miles. Comme tout vaisseau de cette catégorie, celui-ci a besoin d'espace pour s'exprimer, d'un voyage pour apprécier son confort, d'une croisière pour raconter son histoire. Et d'un moment de curiosité pour interpréter les glaçages noirs qui accuse le nom qu'elle porte.
La sombre couverture ne cache pourtant rien du gros moteur. Comptant parmi les plus beaux blocs refroidi par air de la production, le ThunderStroke se présente ici dans sa version 116 ci soit 1890 cm3. Du costaud, de l'Amérique, du métal travaillé avec ferveur, de la force qui s'exprime sans même démarrer. Mais une fois que le carburant arrive et que les étincelles le réveillent, le spectacle prend toute sa dimension. Son alésage plus important (103,2 mm) que sur le 111 et ses culasses améliorant la circulation des gaz libèrent du gros couple, culminant à 17,1 mkg. Une valeur apte à bousculer le twin M8 de chez Harley, que ce soit dans ses formats 107 ou 114. Il tient même la comparaison avec la dimension privilégiée des CVO, la 117.
Sa finition noire, calmement agrémentée de chrome, n'est pas le seul trait distinctif de cette Dark Horse par rapport à la Roadmaster standard. Son visage est aussi très différent. Il change carrément de génération, oubliant le coté bouclier ferroviaire pour un faciès plus épuré ; prélevé sans vergogne sur les Chieftain. Son train avant s'aère aussi, la jupe traditionnelle laissant la place à un garde-boue plus ouvert. Sous sa coupe, une roue de 19 pouces remplace la 16 pouces. Les valises adoptent la forme initiée par la Chieftain en 2019, moins en rondeurs. Que les voyageurs se rassurent : avec 140 litres de contenance totale (top-case + valoches), cette GT a de la place à bord.
Elle perd aussi quelques éléments. L'assise est un peu moins sénatoriale, la Dark Horse préférant s'endosser d'une selle Rogue Gunfighter allongée. On oublie également les marchepieds passagers (contre des cale-pieds), le porte-parquet au dessus du coffre, l'emblème Roadmaster sur les flancs, et les barres de protection arrière.
Un peu plus courte, un peu moins lourde, un peu moins cher, elle n'en demeure pas moins riche en équipement. La liste ressemble à celle d'une bagnole : pare-brise réglable, poignées chauffantes, sacoches rigides verrouillables à distance, arceaux de sécurité, surveillance de la pression des pneus, barre d'éclairage, freins ABS, régulateur de vitesse, démarrage sans clé, insigne Indian sur le réservoir, et info-divertissement Ride Command. Ce dernier est plus rapide que la génération précédente grâce à un processeur plus costaud, de nouvelles fonctions, une interprétation prédictive et de nouveaux menus personnalisables.
Par delà son coté sombre, la Dark Horse s'annonce comme une Roadmaster un peu plus accessible, plus légère visuellement, toujours porteuse d'une envie de Grand Tourisme prononcée et généreusement motorisée. C'est aussi le nouveau visage de cette famille, les autres déclinaisons étant appelés à lui ressembler à court terme.
M.B - Photos constructeur