Fiche moto Moto-Guzzi850 V9 Bobber 2016 La mécanique du (coup) cœur…

Historiquement, Moto Guzzi est une marque qui ose! Il suffit de visiter le musée au cœur de l’authentique usine située sur les rives du lac de Côme, à Mandelo del Lario en Italie, pour s’en rendre compte. Née il y a un près d’un siècle – en 1921 - la célèbre marque italienne, dont l’emblème est un aigle qui déploie ses ailes en plein vol (hommage à l’Aquila, emblème de l’escadrille des aviateurs Giorgio Parodi et Carlo Guzzi qui furent à l’origine de la marque), a tout essayé, tout inventé!
Dès sa première moto produite, Moto Guzzi imposa des choix techniques audacieux et terriblement moderne pour l’époque puisque le monocylindre à quatre temps de 499 cm3 qui animait cette pionnière était un bloc-moteur placé horizontalement, doté de quatre soupapes, lesquels étaient actionnées par un arbre à cames en tête, le tout étant muni d’un double allumage!
Un siècle plus tard, le binôme technologique «arbre à cames en tête et quatre soupapes» est ce qui se fait de plus répandu sur toute la production moto. Des hypersports bourrées de canassons aux chinoises singeant les technologies japonaises éprouvées, tout le monde y a recours.
Côté architecture moteur, Guzzi est y ainsi allé du mono à 4 soupapes au quatre-cylindres à compresseur dans les années 1930, en passant par des trois cylindres, une flopée de twin ainsi que par un V8 quatre temps crée pour la compétition au début des années 1950. La marque italienne toujours en quête d’innovation a placé ses cylindres à l’horizontale, en ligne, en V, longitudinalement ou latéralement. Pendant plus de 60 ans, Moto Guzzi a ainsi compté parmi les plus grandes marques de motos au monde.
Puis, à partir du lancement de la V7 en 1968, Moto Guzzi s’est concentré sur l’architecture mécanique qui fait aujourd’hui sa réputation: le bicylindre en V face à la route. Plus qu’un moteur, ce twin représente à lui tout seul un pan de la culture moto. Au même titre que l’on doit avoir essayer au moins une fois dans sa vie un V-twin Harley, il est indispensable d’avoir essayé au moins une fois un twin Guzzi pour comprendre ce que caractère moteur veut dire.
Le moteur de la V7 déjà présent dans la gamme, initialement basé sur le twin de la V65, ayant atteint les cotes d’alésage maxi, Moto Guzzi a donc décidé de créer un tout nouveau bicylindre de 853 cm3 exactement (84 x 77 mm). Baptisé V9, ce twin donné pour 55 ch à 6250 tr/mn et 62 Nm à 3 000 tr/mn à sa sortie (65 ch et 73 Nm depuis 2021), est donc le cœur de cette Bobber atypique.
Avec ses lignes très inspirées des années 1960, cette V9 Bobber mise sur un fort sentiment de nostalgie pour séduire. Avec son grand guidon et sa selle basse ultra-plate, elle offre une ergonomie et une position de conduite très particulière, entre custom et roadster. Si elle rappelle férocement le Sportster Harley, elle offre une position de conduite plus basculée sur l’avant en raison de son guidon cintre plat. Quel que soit le gabarit, le twin transversal impose également de se reculer sur la selle pour ne pas avoir les genoux qui tape les cylindres.
Presque rustique, naturellement rebelle, la V9 n'est pas pour autant oublié par la technologie numérique. Elle embarque le contrôle de traction MGCT à deux niveaux (+off), un ABS double canal et une prise USB ; plus en option le système "Moto Guzzi Multimedia Platform", permettant à la moto de dialoguer avec un smartphone et une application spécifique.
Minimaliste d’apparence, son tableau de bord qui se résume à un simple compteur rond doté d’une petite lucarne digitale l’est aussi. Tout comme le confort qui n’était visiblement pas inscrit dans le cahier des charges. La selle peu rembourrée ne compense pas la sécheresse des suspensions. Du coup, si la prise en main peut paraître aisé de prime abord, elle réclame de ce fait une certaine vigilance. D’autant que le gros pneu avant de 16 pouces de type ballon, qui justifie à lui seul l’appellation Bobber, n’aide pas à la précision du guidage, ni à trouver un feeling vraiment naturel. Au contraire, il alourdit la direction et demande du coup un peu d’engagement à son pilote.
Michaël Levivier - Photos constructeur
