Fiche moto Morini1200 SCRAMBLER 2018 Entre le parc et le chateau
Le Scrambler fait peau neuve chez Morini. Apparu en 2009, l'engin a dès le départ affirmé sa différence avec son gros moteur 1200. Il passe à présent à une dimension toute autre, plus en adéquation avec le statut où veut s'élever Morini. Loin d'être une victime de la mode, le scrambler italien se veut une dame de la mode.
Le genre se décline maintenant en de multiples couches. Pour un modèle simple et accessible, cherchons du coté de chez Mash ou Benelli. Un peu plus de cachet, faut aller chez Triumph. Du premium ? Pas de souci, BMW et Ducati ont ça en stock. Avec la Moto-Morini, on tape dans le haut de gamme. On imagine d'ailleurs très mal cet engin se vautrer dans la boue. Le 1200 Scrambler italien cherche avant tout à exhiber ses belles pièces, son aluminium et sa plastique plutôt qu'à les recouvrir de mottes de terre.
Oubliez l'ancien Srambler ! Celui-ci ne partage que bien peu de chose avec l'ancien. L'habillage, la silhouette, l'aplomb – tout a changé et marque clairement une rupture... ainsi qu'un net transfert génétique depuis la frangine 1200 Milano. Suivant cette nouvelle tendance du constructeur italien où le crayon allonge la ligne, l'étale sans la comprimer puis l'emmène dans l'ode mécanique. Les Morini veulent être belles avec une pointe d'orgueil, et des valeurs, le parfum de la noblesse et de l'artisanat. Bref, on veut faire du beau.
Le moteur en est une excellente illustration. C'est l'un des rares éléments récupérés de l'ancien Scrambler. Sauf que le twin maison, le Bialbero adapté en Euro4, joue de faste sans être furieux. Regardez la forme torturée et travaillée des tubulures d'échappements. Et ce double silencieux particulièrement élégant. De la classe pour les sorties. Mais... on regrette qu'ils ne soient plus en position haute, comme un vrai scrambler et comme son prédécesseur. Et puis, le propulseur a beau vouloir se faire voir, il a quand même un peu perdu au change. 117 chevaux autrefois, 116 aujourd'hui. Mais Morini prétend offrir une courbe de couple vigoureuse.
A nouvelle identité, nouvelle technique. Le Scrambler a revu l'ensemble de son châssis, avec un cadre treillis en acier modifié et un bras oscillant tubulaire avec réglage de la tension par excentrique. Bien que proche de la Milano, l'engin a tout de même obtempéré au dictat du style pour chausser des jantes à rayons de 17 pouces, entourées de pneus à crampons. Dans d'évidentes limites, les chemins de traverse semblent ainsi à portée. Et avec la force ! 110 bourrins pour un roadster 1200, c'est gentil ; mais pour une machine de cette philosophie, c'est déjà costaud. Et le train avant fait dans la trempe au-dessus. La fourche inversée, totalement réglable, reçoit un traitement DLC sur ses fourreaux, des pieds de fourche taillés dans la masse et des étriers de frein radiaux monobloc à 4 pistons Brembo M50. Allant de l'ensemble, des disques de 320 mm pour stopper la machine et un ABS Bosch 9.1MP déconnectable au guidon. L'arrière est confié à un étrier à 2 pistons autour d'un disque de 220 mm. Pas bien loin devant lui, l'amortisseur n'est plus déporté latéralement comme sur l'ex-scrambler et reprend une position classique. Il est lui aussi full réglable.
Moto-Morini veut nous communiquer ses souvenirs avec ce 1200 Scrambler. Ses émois qui commencent en 1965 avec la Corsaro Regolarità, une variante tout-terrain de la célèbre 125 pour se faire une belle place dans l'off-road. La pensée fuit ensuite vers les enduros des années 80 où naquirent les Kanguro et Camel. A présent, les mémoires s'envolent pour laisser la place à une moto tantôt précieuse, souvent méconnue, qui défend un bastion hautement qualitatif. Où un maximum d'elle sera produit, assemblé et valorisé en Italie.
Certes, un peu trop de ressemblance avec le roadster Milano. Mais un guidon haut, une selle plus plate, une grille de protection sur le phare et des platines ajourées sur le postérieur lui donne de cet aspect qui charme et interpelle. Le Scrambler de Morini, c'est une rencontre devant les bois plus qu'une aventure.
M.B - Photos constructeur