Fiche moto Royal-EnfieldClassic 650 2025 L’avenir tient en partie dans le passé
Royal-Enfield a de l’appétit, ça on le sait depuis déjà quelques années. De petit constructeur de motos exotiques pour nos yeux d’européens mais véritable référence sur son marché national, le fabricant indien est désormais en quête du marché mondial. Pour y parvenir, la montée en gamme des motos est certaine : cylindrée plus importante, qualité de fabrication aux standards européens. Il faut dire que Royal Enfield a eu comme modèle le développement de Triumph depuis le milieu des années 90 pour s’inspirer. D’un nom connu de tous (né en Europe en 1901), il ne manquait que quelques modèles séduisants et une fiabilité au rendez-vous. La 650 Classic a un peu de tout ça mais parviendra-t-elle à vous séduire ?
Rétro charmant
Le look de la 650 Classic s’inscrit dans l’immuable héritage d’un modèle qui existe au catalogue depuis des décennies. Pourtant, dans cette version 650, quelque chose nous interpelle. Là où la Classic (parfois aussi appelée Bullet) était un basique (vulgaire ?) utilitaire, elle devient une machine chic. La moto est terriblement séduisante dans sa version noir / chrome et un rien clinquante dans le coloris vert. Au centre, les versions bleu et bordeaux jouent dans la douceur. La moto s’appuie sur quelques pièces essentielles pour signer son ADN : phare à casquette, réservoir goutte d’eau (14.8 L), des gardes boue enveloppants et une selle mono (800 mm hauteur de selle). Les éléments mécaniques contribuent également à l’ambiance comme le Twin vertical ou encore les échappements saucisson. Cette RE a la bouille rondouillarde des BSA des années 60, c’est très réussi.
Ce côté rétro cache quelques signes de modernité qui ne tromperont pas les badauds aux terrasses de café. L’éclairage est à LEDS et le tableau de bord est muni d’un écran TFT déporté baptisé Tripper pour la navigation et l’horloge. L’instrumentation principale comporte encore un style analogique en incorporant un écran à cristaux liquides en son centre chargé d’afficher la jauge à essence ou le rapport engagé. Autre petite concession à la modernité et à l’ère des smartphones : une prise USB est disponible.
Partie cycle, elle aussi classique
La partie cycle de cette 650 Classic reprend des éléments déjà vus dans la gamme 650 chez RE. On retrouve ainsi le cadre en acier aperçu sur la Super Meteor. La Classic 650 reçoit une suspension Showa avec une fourche télescopique de 43 mm et un double amortisseur. Ces suspensions proposent 120 mm de débattement à l’avant et seulement 90 mm à l’arrière, on comprend mieux l’épaisseur de la selle qui doit également œuvrer au confort général. Une selle biplace est disponible en option. Cet équipage n’est pas vraiment léger, on peut même juger que la moto est lourde : En effet, avec 244 kg sur la balance prête à rouler, cette 650 Classic joue la carte de l’embonpoint. Ce poids c’est aussi la noblesse du métal à la place du plastique. Heureusement, les roues (19 pouces AVT / 18 ARR) reçoivent des pneus « fins » qui devraient faciliter l’agilité de la moto avec une largeur de 100 mm pour l’avant et seulement 140 mm à l’arrière. De quoi « balancer » un peu plus facilement la moto.
Le freinage pour stopper cet ensemble un peu lourd comptera sur un unique disque avant de 320 mm et un disque arrière de 300 mm, tous deux pincés par un étrier à double piston. Seule trace d’une aide électronique sur cette moto, le freinage reçoit l’assistance d’un ABS à double canal.
Moteur : Twin vertical, 648 cm3, 47 chevaux
Bien que de conception moderne, ce moteur bicylindre vertical joue aussi la fibre nostalgique. J’entends par là qu’il ne déborde pas de chevaux. 47 chevaux à 7 250 tr/min, on peut le trouver modeste. D’ailleurs, mon petit doigt me dit que l’on pourrait rapidement voir débarquer une version 750 cm3 … Bon, ce qui compte souvent sur ces machines, c’est de rouler sur le couple. Ici on est servi avec 52,3 Nm disponibles dès 5 650 tr/min. Rappelons qu’il faudra arracher les 244 kg du sol donc le 0 à 100 devrait rester un peu poussif, en revanche les reprises sur les petites routes sur les rapports intermédiaires devraient donner l’âme à la balade. Ce sera bien cet usage qui distillera le charme de cette moto née pour flâner à la campagne. La transmission est assurée par une boîte de vitesses à 6 rapports assisté d’un embrayage multidisques à bain d’huile. La douceur de fonctionnement devrait être au rendez-vous. Grâce au travail de l’injection, la consommation est annoncée par RE pour un petit 4,66 litres de moyenne, de quoi autoriser une autonomie d’environ 355 km.
L’art de vivre la moto
Grande soeur de la 350, cette 650 Classic est une proposition séduisante, surtout avec un prix de départ fixé à 7 090 euros. Pas forcément très puissante, elle ramène aux sources de la moto, on se sentirait presque comme un pionnier à son guidon. Son charme opère immédiatement et on relativise beaucoup de choses à partir de là … De quoi lui pardonner son poids, son relatif manque de performances, une moto qu’on s’offre avec la maturité parce qu’avec l’âge on a parfois envie de ralentir l’action pour que les bons moments durent plus longtemps.
Vincent Beaucousin - Crédit images : constructeu