Fiche moto Moto-Guzzi1400 California Touring 2015 Sculpture sur Long Beach

La Calif ! Surnom affectueux pour une moto qui a dépassé le stade de l'existence pour devenir une icône. Elle fait partie de ces légendes auxquels on pardonne tous les défauts. A présent, il est temps d'affronter la concurrence avec une prestance et une musculature jamais connues pour ce cruiser italien. En devenant 1400, la California fait table rase du passé et ne garde quasiment que le nom.

Elle transpirait le vintage, la voici premium. Oh, rassurez-vous, elle véhicule toujours l'idée du tourisme, de la riviera, de la police de Los Angeles, du custom pour flaner autour du lac de Côme. Elle a pris de l'assurance, de la prestance, du technologique ; trop peut-être pour certains. Quand l'une regarde l'autre, un fossé temporel les sépare ; comme si 20 ans avait soufflé en un instant sur la vieille Calif. Et pourtant, la 1400 n'a pas voulu s'absoudre de ce passé éloquent. Les effets ont traversé les âges : la selle noire et blanche, l'arceau passager chromé, le guidon corne de vache, les filets de peinture sur le réservoir, les petits phares additionnels, la transmission par cardan, et le twin transversal. Reculez un peu, tournez autour d'elle, arrêtez vous sur son 3/4 arrière et cette double rangée de feux à LEDs très design, jugez de la finition, laissez la qualité vous flatter, relevez les yeux... Stop ! Abandonnez la critique et écoutez vos yeux : elle est magnifique.

Que ce soit en 850, 1100 ou 1400, la California est une Guzzi avant tout. Et une Guzzi, c'est un moteur, le fameux twin dont les cylindres débordent sur les cotés. Une identité à elle toute seule cette mécanique. Dans cette dernière version, elle arbore une cylindrée d'un nouveau calibre, la plus grosse de l'histoire de Mandello. Avec 1380 cm3, le bloc gagne de la vigueur et du couple. Oubliez les 73 chevaux de la 1100 – place à 96 bourrins perchés à 6 500 tr/mn. Le couple fait un bond magistral : d'une Calif à l'autre, la force passe de 9,5 à 12,3 mkg. Surtout, son maximum est disponible deux fois plus tôt, à 2 750 tr/mn.
Ce bloc peut réellement déchainer polémique passion et frisson, jouant habilement sur la technique moderne et les solutions historiques. Il n'est d'ailleurs pas complètement inconnu : il est dérivé du 1200, dont la course des pistons est conservé. Mais l'alésage passe à 104 mm. L'effet de style des cylindres perforant le réservoir et les couvre-culasses sculptés sont saisissants. Dans le ventre, que de contraste. Un seul ACT par cylindre et une distribution culbutée, mais 4 soupapes de chaque coté, une injection Magnetti Marelli, un accélérateur ride by wire, et un niveau d'électronique surprenant pour un custom. La 1400 California embarque un contrôle de traction réglable sur 3 niveaux, un régulateur de vitesse et 3 cartographies d'injection (Veloce, Turismo et Pioggia – Sport, Route et Pluie). Le mode Veloce donne à la Calif un caractère sportif, le Turismo porte bien son nom, et le Pioggia réduit de 25% la patate du moulin tout en lissant l'arrivée du couple. Loin d'être un gadget, ce système change véritablement le visage du 1400 et peut permettre de sauver le cul de la moto sur terrain humide. A propos de flotte, on a longtemps cru que ce nouveau moteur serait pourvu d'un refroidissement par eau. Il n'en est point ! La catégorie reste chevillée à certains principes, et la chaleur est ici évacuée par air et huile.

Gros twin, électronique de bord renforcée, ligne généreuse, la machine pourrait en rester là. Mais Guzzi a tout recréé pour son majestueux engin. A commencer par un nouveau cadre, type double berceau en acier. Sa particularité tient de la diffusion des vibrations en son sein. Selon la marque, le montage souple du bicylindre autorise ses pulsations à se propager au ralenti puis les annihilerai une fois l'accélérateur mobilisé.
Mandello a revu la boite, avec désormais 6 vitesses, la transmission par cardan, et les freins. En apprenant que le freinage couplé a disparu, les "Californistes" vont tousser un peu plus. Peut-être seront-ils consolés par l'ABS de série, les étriers radiaux à 4 pistons, et les nouvelles prétentions de la partie-cycle. Tout s'élargit : 46 mm de diamètre désormais pour la fourche, et de gros gommards à l'avant comme à l'arrière. L'avant fendra la route avec 130 mm de caoutchouc pendant que le train arrière sera solidement posé sur 200 mm de roulement. Avec sa monte de 110 et 140, l'ancienne 1100 semble du coup avoir des pneus de mob.
Et le phare ? Matez cet optique ô combien intrigante. Des formes complexes, un élément lenticulaire, des LEDs... Il en viendrait presque à monopoliser l'attention. Sous le grand pare-brise, un autre élément a fait l'objet d'une belle créativité : le tableau de bord. Un seul cadran, rond, cerclé de chrome, posé devant le té de fourche, doté d'une fenêtre digitale centrale et de multiples infos. Simple et complet à la fois, élégant, moderne, superbe !

Véritable invitation au plaisir de rouler, la nouvelle Moto-Guzzi 1400 California emmène sur ses hanches une paire de (très belles) valises d'une capacité de 35 litres chacune ; malheuresement, elles ne peuvent contenir un casque. La machine se fait remarquer, par son design, son moteur et sa corpulence. 337 kilos, 1 685 mm d'empattement, presque 2 m 50 de long, ça vous assoit une moto. Doté d'une électronique avancée, d'un twin copieux et d'un châssis sérieux, le cruiser italien devient un concurrent des plus sérieux face aux productions américaines et apparentées. Les Harley Road King, Victory Cross Roads et Kawa 1700 Tourer ont trouvé à qui parler.
La 1400 California est aussi disponible dans une version Custom, plus dépouillée, débarrassée de son équipement de tourer, et nettement plus "bad"...

mob.