Fiche moto NortonAtlas 650 Nomad 2019 Tentant, le quotidien en Norton
Atlas... Titan de la Grèce antique, obligé d'avoir le dos fracassé car portant le monde. Puis massif montagneux d'Afrique du Nord. Surtout, modèle emblématique de Norton, précédant la Commando des années 60 dans la saga du constructeur. Aujourd'hui, c'est une excursion dans le clan des scrambler. Plus que ça même, car cet engin se présente comme un modèle accessible, presque bon marché par rapport aux 961 Commando et 1200 V4. Mais une Norton n'est pas une anglaise qui se laisse amadouer comme ça. Même en entrée de gamme, la bécane sait se faire désirer, et son appétence à crapahuter ne masque pas ses bonnes manières.
L'Atlas a du cachet, et une double personnalité. Plutôt routier dans cette version Nomad, plus campagnard dans sa déclinaison Ranger. Quelle que soit la version, l'anglaise affirme sa présence, un coté précieux, une volonté de certifier un blason plus qu'une raison. La forme comme les détails sont de la veine des belles machines. On ne voit pas sur la plupart des scramblers de tels tés de fourche ajourés, une grille de protection d'échappement de cet acabit, une semblable attention portée à l'ensemble des éléments constitutifs. Le train avant penche carrément dans la démesure, comme son alter ego de chez Moto-Morini. Redoutable, presque impériale cette énorme fourche inversée de 50 mm secondée par des disques de frein de 320 mm et des étriers Brembo monoblocs à 4 pistons. Du bel outil ; mais à part pour la frime, à quoi ça sert de mettre du matos d'hypersportive sur ce genre de bécane ? Par contre, il est indéniable que le proprio en aura pour son argent, et qu'il sera difficile de prendre la moto en défaut avec une telle étrave.
Rouler au milieu des feuilles d'automne, sentir le printemps en voyant se refléter la fraicheur des arbres sur les carters chromés, évincer les flaques après une averse d'été, c'est un peu ça l'Atlas Nomad ; sauf qu'on n'aura pas vraiment envie de salir les belles jantes à rayons et le garde-boue minimaliste, eux aussi chromés.
Certainement plus partante pour une promenade mordante, emmenée plus que joyeusement avec ce tout nouveau moteur. Pour simplifier, Norton a coupé en deux le V4 de son hypersport, puis établi une cylindrée à 650 cm3. On retrouve le même alésage pour les cylindres mais une course plus longue. Ce twin parallèle avec calage à 270° promet de belles performances avec une puissance annoncée de 84 chevaux. Pas mal, pas mal du tout pour ce genre de mécanique. Un bi de MT-07, pourtant plus généreux en cubage (689 cm3), envoie déjà un très fun 75 chevaux. Le couple est dans les valeurs de la catégorie avec un 6.6 mkg.
Les suspensions sont également d'un niveau supérieur. La fourche ‘Roadholder' est réglable de partout. L'amortisseur, de la même griffe, ne disposera que de la précharge.
Pour un engin plus typé route que le Ranger, on s'attendrait à voir une monte pneumatique en 17 pouces... Perdu, seul l'arrière affiche cette dimension, avec un large 180/55-17. La roue avant se veut en 18 pouces, avec un gommard de 110. Le Ranger se différencie avec des chaussures plus trekking.
Norton a choisi de lui offrir un débattement de suspensions plus important que sur un roadster standard. 150 mm de part et d'autre. Cela autorise quelques incartades, et entraine une hauteur de selle quelque peu élevée, à 824 mm.
Plus joueur que le Ranger, l'Atlas 650 Normad bénéficie d'un empattement plus court, de 1446 mm, tout en partageant un poids (178 kilos) et un cadre identiques. Une inédite structure périmétrique tubulaire en acier enserre le moteur tout en tenant une colonne de direction inclinée à 24.2° et un remarquable bras oscillant en alu. La selle bi-matière avec surpique mérite aussi d'être appréciée pour son aperçu.
Une tentante approche que cette Atlas, avec un indéniable besoin de se différencier, d'être admirée. Norton étant loin de la capacité de production de son compatriote Triumph, et hors champ de la plupart des constructeurs, la 650 Nomad ne sera produit qu'à 250 exemplaires, pour un tarif de 9995 Livres. Ce qui nous donnera approximativement 11500 euros pour les exemplaires qui arriveront en Europe. Rajoutez à l'addition une belle dose de taxes et ce scrambler sera beaucoup moins accessible qu'espéré. Mais il restera le moins onéreux de la gamme, et plutôt une belle façon d'investir la dynastie Norton.
La Norton Atlas restera dans les livres, comme le mythe grec. La relance de Norton conduit à certains choix, dont celui d'enterrer le projet Atlas. Ce sympathique scrambler-trail se voit donc condamné à n'avoir été qu'une belle chimère.
M.B - Photos constructeur