Fiche moto NortonAtlas 650 Ranger 2019 De faubourgs en sous-bois

Après avoir gagné ses galons de crapahuteur il y a longtemps, le scrambler est en train de glaner ceux de la noblesse. Un vent nouveau souffle sur la catégorie, où les aptitudes comme la qualité sont à la hausse. Norton est de cette veine, profitant d'une vigueur retrouvée et d'une image forte pour se lancer dans ce bain avec une machine à double visage. Son 650 Atlas présente une fort belle allure, avec une déclinaison Nomad pour la route et cette version Ranger pour s'aventurer sur les terrains plus ardus.
L'Atlas 650 est la première Norton du XXIème siècle « accessible ». Un modèle d'entrée de gamme... Cependant, quelle allure. Telle une jeune suzeraine avide de rébellion et impatiente de plonger ses escarpins dans la gadoue, elle s'apprête à scandaliser les humeurs avec délice tout en rêvant de l'orée des bois.
Parfois, du garage à la forêt, le trajet n'est pas si loin. Suffit de faire craquer le twin pour partir à sa rencontre. Dans l'Atlas, l'on trouve un bicylindre parallèle de 650 cm3. Norton a quasiment découpé le V4 de son hypersport pour aboutir à un berlingot compact, doté d'un couple de 6,6 mkg et particulièrement puissant pour sa cylindrée. Pour ce type de moteur, la puissance se situe habituellement entre 70 et 75 chevaux – sur l'anglaise, le curseur grimpe à 84 chevaux. Pas mal ! De quoi offrir des accélérations allègres, presque musclées. Avec son calage à 270°, le moteur tend à offrir un caractère proche de celui d'un V-twin.
La Ranger bénéficie de plus de garde au sol, ce qui impacte forcément sur la hauteur de selle. 867 mm la sépare du sol – ce n'est pas au niveau d'une enduro mais ça commence à demander de la souplesse au niveau des adducteurs. Les dissemblances continuent avec un guidon renforcé, un phare protégé par une grille (plus stylé que réellement probante), une bulle sport, et une recherche de stabilité plus importante avec un empattement de 1470 mm soit 24 de plus que sur la Nomad.
Quelle que soit la version, l'Atlas 650 profite d'un beau matos, dont un freinage assuré par des étriers Brembo monobloc à fixation radiale mordant des pistes de 320 mm (ce que l'on peut trouver sur une bonne sportive), un beau bras oscillant en aluminium, une selle bi-matière, un échappement relevé, des tés de fourche ajourés, des durites de frein tressées et des jantes à rayons.
Ce scrambler partage son moteur avec la 650 Superlight - cette dernière le pousse à un niveau supérieur - mais profite de son propre cadre. Le constructeur lui a concocté un périmétrique en tubes d'acier dont on ne devrait pas être déçu.
Une première série de 250 exemplaires pouvait être commandé au salon Motorcycle Live de Birmingham. Il faut compter 20% de plus sur le tarif par rapport à la Nomad pour acquérir la Ranger. Ce qui l'amène au prix d'une 1200 NineT Scrambler, bien plus fournie en couple et en watts ; et pas très loin d'un Triumph Scrambler XC riche en électronique. L'influence du blason de Donington face à celui d'Hinckley ou de Münich sera essentielle.
Après la tempête qu'a essuyé Norton en 2020, l'avenir laissait peu de place à l'espoir pour ses modèles. La relance de la marque se fera sans les Atlas. Le nouveau propriétaire ne donnera pas suite à) ce projet, pourtant bien avancé. Mais la marque continue à vivre et c'est peut-être là l'essentiel.
M.B. Photos constructeur