Fiche moto Aprilia1100 Tuono V4 2025 Coup de chaud à Noale

La fièvre s’échappe d’un râle métallique presque palpable. D’une oreille tendue ou d’un regard furtif, le souffre d’une rixe n’est soumis qu’à l’impatience du démarreur. Dans un instant, le V4 pourra aboyer sa rage et soumettre à l’envie comme à la folie la nouvelle Tuono. Vous voulez du combat ? Vous allez avoir du sport ! L’inverse est dispo à la demande avec ce nouveau chapitre de l’hyper-roadster d’Aprilia.
La Tuono a toujours secoué le monde dans lequel elle gravite. Une provocatrice d’émotions secondée par un châssis de haute volée. Elle surprit encore plus avec la précédente monture en adoptant une philosophie (un peu) plus routière. Une incartade vite éclipsée quand on découvre le profil plus menaçant d’aujourd’hui.
Autour de ses yeux de malices, la bête a revu sa tête de fourche, adoptant une bulle descendant jusqu’aux quenottes de phare mais se débarrassant totalement de son ex-profil touring. De singulières moustaches lui poussent sous le nez, aéro-influencées de la mode des winglets. Elles ne sont pas là pour faire joli ; davantage dans le but de produire 2,5 kg d’appui à 250 km/h.
De nouveaux flancs et des ventilos plus puissants ont pour mission de mieux dissiper la chaleur et de la détourner des jambes.
La 1100 Tuono V4 dit adieu au sabot, à la selle passager presque GT-sport, à l’arceau de maintien... et au phare arrière ; ses attributions sont reprises par les clignos, désormais multi-taches. Le petit côté convivial n’existe plus sur cette Tuono ; les attributions de plaisance sont transférées au rang des options ; tout comme des pontets plus grands pour relever le guidon.
Un petit coup de noir sur le cadre pour clôturer les évos design et la voilà prête à faire parler la poudre.
Plus de poudre !
Le V4 a encore gagné des watts. Dans le clan des hyperfighters, telle est la norme comme le destin. Pour satisfaire à ses propres dictats de musculation, il prend un peu de cylindrée, passant de 1077 à 1099 cm3 – soit la même transition que la soeur hypersport quand la version 2020 a cédé la place à un bloc encore plus furieux.
Une injection de 52 mm plus grosse, un nouvel échappement, de la rage plein le bide et 5 chevaux de gagnés pour atteindre les 180 unités à 13 800 tr/mn. De la drogue dure que ce bloc, cherchant querelle au Triumph 1200 Speed Triple et KTM 1390 SuperDuke. Des adversaires de choix.
Le couple ne bouge pas, sauf que le maxi de 12,3 mkg est logé un peu plus haut, à 9 600 trs. Aprilia n’a pas voulu pousser son moteur vers les hautes sphères où gravitent les M 1000 R et Streetfighter V4. La sauce est déjà suffisamment bouillante ; et la partie-cycle permet d’aller très loin dans le domaine du pilotage musclé.
Son cadre et son bras oscillant renforcé en alu sont inchangés, tout comme les suspensions Sachs entièrement réglables. De quoi déjà faire du bon boulot. Les amateurs d’amortissement raffiné se tourneront vers la version Factory, montée en Öhlins semi-actif.
Etrangement, les étriers de frein ne sont pas des Hypure (contrairement à la RSV4) ni des Stylema mais de bons vieux Brembo M50. Ils n’en demeurent pas moins excellents, avec un feeling et une puissance redoutable ; mais ils commencent à dater. Aprilia nous a habitués à se tenir au plus près des évolutions technologiques. Ce qui se vérifie d’autant plus au niveau électronique. Bien que...
Une électronique évolutive suivant les envies et/ou les besoins
Aprilia a changé d’approche quant à sa progéniture électronique. L’abondance est toujours de mise mais à dose progressive. Entendez par là que la Tuono V4 s’équipe de certaines assistances et en propose des plus avancées en option.
D’emblée, la bécane embarque une centrale inertielle, de nouveaux composants adaptatifs/prédictifs, 3 Modes de conduite, l’ABS cornering et les modules suivants dans son APRC :
- L’Aprilia Traction Control ATC, réglable à la volée sur 8 niveaux, avec une logique d'intervention plus efficace et fonctionnant désormais en synergie avec le nouvel ASC (Aprilia Slide Control) réglable sur 3 niveaux indépendants.
- L’AWC, Aprilia Wheelie Control, un système de contrôle des wheelings réglable sur 3 niveaux, disposant maintenant de stratégies de fonctionnement prédictives : le contrôle n'intervient pas pour atténuer brusquement un wheeling déjà commencé, mais agit en douceur avant que l'événement ne se produise, au bénéfice sur la performance. La fonction adaptative, dédiée aux séances sur piste, apprend les caractéristiques du pilote et ajuste le niveau d'intervention nécessaire pour garantir les meilleures performances.
- L’AEM, Aprilia Engine Map, avec 3 cartographies moteurs différentes
- L’AEB, Aprilia Engine Brake, le système de contrôle du frein moteur réglable sur 3 niveaux, avec prise en compte de l’angle
- Et L’AQS, le shifter Up&Down.
C’est fourni mais quelque chose cloche. La liste semble courte pour une pompe à feu de ce calibre. En creusant un peu, il apparait que cette Tuono V4 a perdu des éléments depuis le modèle précédent : le régulateur de vitesse, le Launch Control, le limiteur de vitesse dans les stands, et 3 autres Modes de conduite. Mais...
En réalité, tout cela a été déplacé dans des packs additionnels. Si l’équipement d’origine vous suffit, on en reste là. Par contre, si vous souhaitez allez plus loin dans la gestion électronique de votre pilotage, même plus besoin de se rendre chez le concessionnaire. La firme de Noale a créé son “store via appli” pour upgrader la moto à distance.
Cela commence par le “Track Pack”, déverrouillant :
- un thème d’instrumentation course (sur le tableau de bord TFT couleur de 5 pouces).
- L’ALC, Aprilia Launch Control, le système de contrôle de départ, réglable sur 3 niveaux.
- L’APL, Aprilia Pit Limiter, le système qui permet de sélectionner et de limiter la vitesse maximale autorisée dans les voies des stands.
- Le tout nouveau Aprilia Slide Control ASC, une fonction réglable qui permet de prévenir et de limiter le glissement latéral de la roue arrière. Lui aussi dispose de stratégies de fonctionnement prédictives.
Ensuite, il existe le “Pack Confort”, avec les feux de virage et le régulateur de vitesse ACC.
D’autres paniers existent mais ceux-ci sont réservés à la Factory. On en parlera avec elle.Cela peut surprendre mais la démarche du constructeur n’est pas anodine. Ils ne sont pas rares les utilisateurs à se plaindre de l’overdose d’électronique. Ici, la couche est limitée et chacun en rajoute à sa convenance. Si en plus le tarif est adapté en conséquence, la curiosité pourrait vite se transformer en intérêt.
Toujours plus vorace, l’Aprilia 1100 Tuono V4 fait un pas en avant dans la course à la puissance ainsi qu’un bond sur le côté en électronique. Elle donne plus de choix à son pilote, semblant l’accompagner dans son évolution. Mais n’en doutez pas, elle ne songe qu’à une chose : cramer de la route avec la tension d’un arc.
M.B - Photos constructeur