Fiche moto BMW1200 R NineT Scrambler 2017 Le temps des noisettes
La cote d'amour pour BMW ne faiblit pas. Il faut dire que la marque a de quoi satisfaire toutes les catégories de motards. Du sport à haute dose ? La S 1000 RR transfère de l'adrénaline sans besoin de perfusion. De la route en mode arsouille haute tension ? La S 1000 R arrache le goudron. Aventure en R 1200 GS, Grand Tourisme en R 1200 RT ou K 1600 GTL, urbain branché avec les scooters C 650 ; bref, Béhème est incontournable. Et ce n'est pas prêt de s'arrêter avec le développement de la gamme Heritage. Premier jalon de ce chapitre, la 1200 Nine-T a connu un démarrage culbutant et intensifié l'engouement pour le néo-rétro. En moins de temps qu'il n'en faut pour souder un cadre, BM transforme l'essai, taquine les prépas, drague les nostalgiques et dégaine la version Scrambler. Un souffle de liberté plus marqué, une insouciance bienvenue, un coté champêtre qui fait mouche, du style à tourner les têtes des non-initiés : elle veut plaire dans les beaux quartiers.
Le Scrambler. C'est l'engin qui a précédé le trail. Ca permettait d'aller partout, ça avait une gueule décalé, et c'était le début de l'aventure. Avec cette version de la 1200 Nine-T, on y croit, et on en veut. C'est calibré pile-poil pour donner du piment et un petit goût de noisette au Boxer. Mais ne confondez pas : ça reste un roadster avec des modifs qui le situe entre la préparation et l'engin pour baguenauder sur la route et à l'orée des chemins ; pas une moto prête à bouffer de la piste caillouteuse. Peu importe de toute façon ! L'effet est là, prenant, sec, puissant, et presque léger. Mais BMW n'a-t-il que rajouter des échappements relevés et des jantes à rayons pour faire de la NineT un scrambler ? Non, cela va bien plus loin. D'abord, précisons que les jantes à rayons sont en option. Mieux vaut les prendre tout de suite car les roues à bâtons d'origine, ce n'est pas le top pour saisir l'esprit de cette machine.
C'est d'abord la silhouette qui s'empare de vous. Un moment d'hésitation, situé entre l'atelier, le concessionnaire et le chant d'une ferme perdue dans les glèbes de tabac. Moins musclé que la Nine-T, peut-être moins premium mais pas moins intéressant, le Scrambler partagent nombres d'éléments de sa frangine et défend ses spécificités. D'abord cette selle couleur de châtaigne, qui vous accroche le regard et vous invite à se promener jusqu'au prochain rouleur de cigare. Ensuite, les échappements vous saisissent tandis qu'ils dégagent la vue sur la jante arrière. Puis ce train avant nettement moins sportif. La fourche inversée en provenance de la S 1000 RR et la roue de 17 pouces sont abandonnées au profit d'une fourche classique de 43 mm (sans le Telelever maison) agrémentée de soufflets de protection. Quelques étriers de frein à fixation axiale, une roue avant de 19 pouces, pas de réglage ; voila qui nous emmène dans une dimension très classique, presque basique. Et un bon moyen de faire chuter le prix, car le Scrambler devrait être affiché à un tarif plus contenu, surtout plus raisonnable, que celui la NineT.
Une fois happé, restons lucide et penchons nous sur ce que l'engin propose. De quoi s'affirmer une identité ? A n'en pas douter. BMW l'a prévu dans ce sens avec un bâti arrière démontable au niveau passager et un faisceau électrique compatible avec différents accessoires "tendance". Le réseau de bord permet aux préparateurs de s'exciter sur la meule sans altérer sa gestion de la moto.
Le soir offre de multiples idées dans le garage. Le lendemain, l'impatience sera loi. Une fois synchronisé avec le look du pilote (ou l'inverse), le véritable sens ne prend forme que lorsque le palpitant entre en action.
Le moteur est encore récent l'histoire bavaroise, mais reste suffisamment "classique" pour coller à l'esprit des NineT. Des durites, de la flotte, du water cooled, ce serait indélicat. Le flat à air poursuit ici sa carrière. En tout point semblable à celui du roadster néo-rétro, ce bloc à 8 soupapes, double ACT, injection, etc… ne se différencie que par une cartographie adaptée aux normes Euro4. Comme ça, il respire à plein poumon du haut de ses 110 chevaux à 7750 tr/mn. Ce n'est que le couple qui a pris un coup de ronce dans les guiboles : de 12.1 mkg, il tombe à 11.8 mkg à 6000 trs. Cela reste conséquent, toujours apte à vous soulever avec entrain.
Au début, ça sent l'acier ; pour son cadre en tubes. La fonction est là, avec le sérieux d'une partie-cycle bavaroise. Pour son réservoir de 17 litres aussi, histoire d'économiser encore un peu. L'alu, c'est noble, c'est plus cher, et c'est pour le contenant de la sœur cadette. Toujours dans ce dictat de privilèges, les mâchoires de frein seront un peu moins efficientes que celles de la Nine-T. Dommage ? Les trappeurs ne retrouveront pas le haut niveau que peut offrir un S 1000 R ; mais un Scrambler doit-il nécessairement plisser la route à chaque freinage ? Un peu moins de mordant ne sera pas un mal suivant le terrain. L'usage fera foi.
Plus tard, subtilement, l'alu revient. Pour les tés de fourche, le guidon, le cache de l'admission d'air, les platines épousant la selle, le réservoir et le moteur.
Ensuite, ça sent l‘agrément. Presque l'obligeance. L'ambiance se veut plus détendu. Pour ce faire, le guidon est plus relevé et rapproché du pilote. La selle étant moins fournie en rembourrage, l'assise est moins haute. Les pieds descendent, reculent un peu, participent à la sympathie du domaine. Une fois installé, le pilote est dans une position plus décontract', naturelle, droite, comme si le temps était au plaisir.
Enfin, avant de partir, on finit de prendre conscience de la simplicité exprimée avec cette nouvelle instrumentation. De l'essentiel, avec un seul cadran circulaire, et la compagnie d'une aiguille pour vous indiquer la vitesse (car c'est obligatoire). Pas de compte-tours, pas besoin ; comme si l'important, c'était de rouler sans se soucier de la vitesse, en se basant sur la vie du twin pour savoir comment le mener. Cependant, nous ne sommes pas dans les années 60, et le digital parvient toujours à s'incruster quelque part. Occupant le bas du cadran, une fenêtre indique quelques infos comme le kilométrage ou l'heure. Le Scrambler nous ferait il oublier tablettes et processeurs ?
Dans la course à la technologie, BMW n'est pas le dernier. En se promenant dans le catalogue de la marque, on trouve de l'électronique à foison : suspensions semi-actives, aide au démarrage en côte, contrôle de traction, modes de conduite, serrures et démarrage sans clé, phare adaptatif en virage, shifter... etc. De quoi mettre en transe un programmeur de chez Microsoft.
Sauf que le Nine-T Scrambler s'en fout ! Mais d'une force. Son truc, c'est l'émotion et un pied de nez à la course à l'armement. On a déjà vu qu'il refuse la dernière évolution du moteur Boxer. Il se contente aussi du minium légal au niveau assistances. Un ABS, de quoi encaisser Euro4, un bout d'écran digital dans le compteur, et c'est marre. A quoi sert la débauche électronique ? A vous édulcorer la route ?!? Pour le superflu, faut voir du coté des accessoires et du style. Mais pour consommer la route, vous avez besoin de la barbe, de la chemise et du Bluetooth… ? Ou d'un blouson et d'une paire de bottes ?!? Au cas où, BM propose quand même l'antipatinage ASC en option.
Annoncé par le concept-bike Path 22, le BMW 1200 R Scrambler poursuit l'offensive initié par la NineT. La gueule fait mouche instantanément, pour un tarif plus abordable et une envie de musarder plus vivace. Pour véritablement se faire plaisir et totalement forger son leitmotiv, un petit tour par la case options est quasi indispensable : Voici quelques éléments que Béhème aurait dû installer d'origine : jantes à rayons, pneus off-road, grille de phare et sabot moteur. Résultat, la tradition est respectée et va falloir casquer plus que prévu chez le concessionnaire.
Avec cette machine, la marque suit et même alimente impeccablement la mode. Le 1200 Scrambler sera une moto de choix pour s'offrir ses sensations. Mais sa clientèle ne cherche-t-elle pas avant tout à faire sensation ?!?
M.B - Photos constructeur