Fiche moto DucatiStreetfighter V2 2025 Un monstre assagi
Ducati réorganise la gamme de ses Streetfighter en revenant, comme à l’ancien temps des 848 / 1098. En effet, exit la gamme uniquement composée de moteurs qui déboîtent sévère que ce soit en V2 avec un peu plus de 150 ch ou en V4 avec un peu plus de 200 ch. La nouvelle Streetfighter V2 perd des cm3, des chevaux (33!!)mais voit aussi son prix diminuer. Pourrait-on dire fondre? Peut-être en passant de 18 690 euros en 2024 à 15 490 euros en 2025. 3 000 balles de moins, ça en fait des économies pour brûler plus de gomme !
L’esprit Streetfighter est bien là
Au premier coup d’œil surtout dans sa teinte rouge, on identifie immédiatement la machine et sa parenté Streetfighter ne fait aucun doute. Dans le détail, on s’aperçoit de deux ou trois changements radicaux. Ces changements sont la disparition du monobras oscillant, un élement toujours aussi technique qu’esthétique. La machine rentre un peu dans le rang de la production du segment et y perd un peu de son ADN puisque depuis sa première apparition au salon EICMA de Milan, en 2008 (déjà!!), le modèle disposait d’un monobras.
Cette modification entraîne également la réapparition d’un échappement «classique» avec deux sorties (comme les dernières Supersport), une de chaque côté de la coque. L’échappement sous le moteur de l’ancien modèle libérait la vue sur la roue, aujourd’hui on peut s’en passer et techniquement, c’est aussi moins de chaleur sur l’arrière du moteur. Les ingénieurs se sont simplifiés la vie. Puisqu’on évoque ces échappements, on aperçoit quelques grosses soudures dont les finitions laissent un peu à désirer sur une si belle italienne au niveau du catalyseur intermédiaire et de la sonde lambda en sortie de moteur. Ducati corrigera peut-être cela dans le temps.
La carrosserie sublime l’ADN du modèle ! On apprécie particulièrement le jeu des couleurs avec de subtiles touches de gris sur les écopes ou le sabot pour donner de l’élégance. La vue de profil est assez spectaculaire avec un regard qui glisse naturellement de l’optique à la coque de selle - rien ne vient gâcher la sculpture. Surtout pas d’inutiles ailerons! On se félicite de retrouver une moto sans appendices plus ou moins justifiés pour un usage quotidien d’une moto à la puissance raisonnable. De nombreux éléments sont communs à la gamme Panigale comme la coque arrière ou les roues.
La principale modification esthétique entre la V2 et la V2 S tient pour cette dernière qu’elle est livrée en configuration monoplace et qu’il faudra passer par l’option d’un kit passager pour pouvoir transporter (chahuter?) un sac de sable. Le modèle standard accepte en série de torturer un passager. Le tableau de bord est un nouvel écran TFT de 5’. Il propose trois modes d’affichage: Road, Road Pro et Track qui sont conçus, selon le communiqué de Ducati, «pour permettre au pilote de se concentrer sur sa conduite, en mettant en évidence les informations les plus pertinentes pour chaque contexte grâce à un affichage rationnel et complet».
Ducati a également cherché à simplifier la lecture de l’écran. Après une tendance des constructeurs à vouloir utiliser ces écrans pour afficher un maximum de données, cette fois, on va vers la simplification. Par exemple, le compte-tours fait également office d'indicateur de changement de vitesse, s'allumant en vert au régime idéal pour passer à la vitesse supérieure, et en rouge en cas de surrégime.
Légère comme une plume
En moteur comme en chassis, la Streetfighter récupère tout ce qu'elle peut de la Panigale V2. Son cadre est un monocoque léger et efficace, qui utilise le moteur comme élément porteur. Le bras oscillant vient s’ancrer sur l’arrière du moteur et le mini cadre en alu relie le haut moteur et la colonne de direction. Pas banale comme conception mais hyper efficace tant on connaît déjà cette architecture depuis quelques années chez Ducati.
Les suspensions sont entièrement réglables, pour permettre au pilote de personnaliser les réglages de la Streetfighter V2. Cette dernière reçoit une fourche Marzocchi et un amortisseur Kayaba, tandis que la versions V2 S est équipée de suspensions Öhlins.
Si on disait que de nombreuses pièces sont communes entre la Panigale et la Street, on notera toutefois que le bras oscillant a été allongé de 30 mm par rapport à la Panigale V2. De quoi lui apporter plus de stabilité. La Streetfighter reçoit aussi un amortisseur de direction Sachs de série.
La machine ne pèse que 178 kg prête à fonctionner mais sans carburant. Ducati ne cesse de mettre en avant cette légèreté (pour faire oublier la perte de puissance?) mais oublie également que la dernière Streetfighter V2 pesait.... 178 kg à sec. Un jeu de mesure difficile à saisir et un constat qui peut paraitre amer … Ajoutons de la benzine et le nouveau SF V2 devrait afficher environ 189 kilos TPF. Soit 11 de moins que celui d'avant mais l'amputation des 33 chevaux est bel et bien là...Je ne sais pas si on est vraiment gagnant sur ce coup?
Les nouvelles jantes en alu sont équipées de pneus Pirelli Diablo Rosso IV en 120/70 et 190/55, un changement pour l’arrière puisque la précédente Street V2 était équipée d’un pneu en 180. Le système de freinage avant Brembo se compose de deux disques de 320 mm et d'étriers monoblocs M50. Un équipement solide surtout que la gazelle est légère.
Nouveau moteur V2: plus de technologie, moins de cylindrée, moins de chevaux
Pour ceux qui n’auraient pas suivi les cours au fond de la classe, rappelons que l’ancien V2 cubait 955 cm2 pour une puissance de 153 ch à 10 750 tr/min (112,3 kW). Le couple maxi était de 101,4 Nm à 9000 tr/min. Une puissance copieuse, surement trop pour un roadster milieu de gamme. Mais Ducati le voyait ainsi. Désormais, le Streetfighter V2 est équipé du nouveau twin à 90° avec calage variable des soupapes d'admission, homologué Euro5+, 890 cc et 120 ch. Son poids est de 54,5 kg (-9,4 kg par rapport au Superquadro qu'il remplace).
S’il perd en valeur partout y compris avec un couple de 93.3 Nm à 8 250tr/min, Ducati tente de rassurer que celui-ci est toujours relativement bien plein avec 70% de la valeur maximale déjà disponible à 3 000 tr/min. La Streetfighter V2 dispose de trois modes de puissance High, Medium et Low, à 95 ch. La moto est également disponible en version permis A2 de 35 kW.
Voilà pour les chiffres. Dans les entrailles, ce moteur moins puissant n’en demeure pas moins très moderne. On peut citer par exempleson système Intake Variable Timing (IVT), qui fait varier le calage de la commande des soupapes d'admission sur une plage de 52°, par l'intermédiaire d'un actionneur de timing situé à l'extrémité de l'arbre à cames. Si cette technologie permet de concilier un moteur plus rempli à mi-régimes sans sacrifier la puissance à haut-régimes, elle impose en revanche de dégager le système Desmodromique.
Les soupapes sont à tiges creuses, les linguets d’admission bénéficient d’un traitement DLC (Diamond Like Carbon) et les chemises de cylindres sont aluminium. Son entretien est relativement sobre avec un intervalle de révision tous les 15 000 km et 30 000 km pour le jeu aux soupapes.
Un contrôle électronique total
Le Streetfighter V2 reçoit une plateforme inertielle IMU à six axes, permettant de faire fonctionner un package électronique complet. Il comprend comprend l'ABS Cornering avec la fonctionnalité slide-by-brake, le Ducati Traction Control, le Ducati Wheelie Control, le Engine Brake Control et le nouveau Ducati Quick Shift 2.0, le même système que celui utilisé sur la Panigale V4, de série sur les deux versions. Les versions S sont également équipées du Ducati Power Launch et du Pit Limiter en plus.
Le futur propriétaire et pilote de la machine pourra choisir entre 4 modes de conduite (Race, Sport, Road, Wet) pour pimenter, exalter ou calmer son trajet quotidien. Il faudra aussi passer par la case options pour retrouver quelques gadgets bien pratiques comme le régulateur de vitesse, le navigateur Turn-by-turn, une prise USB pour alimenter un smartphone ou un capteur de pression des pneus TPMS.
Elle souffle le chaud et le froid …
Au final que retenir de cette Streetfighter? Son prix est réduit, c’est très positif mais on avait vu la précédente version V2 prendre rapidement 1 500 euros d’inflation entre 2022 et 2024. On verra si la nouvelle version résiste à l’irrépressible envie des constructeurs de toujours augmenter leur marge. Le «nouveau» châssis de la Streetfighter n’a pas vraiment d’argument pour faire oublier la perte de chevaux. Mais, en soi, 120 ch sur route reste une puissance déjà très intéressante et, en tant qu’expérience de conduite, il est toujours plus exaltant d’exploiter à fond une machine et de connaître la sensation poignée dans le coin que de ne jamais pouvoir vraiment souder. Cette perte de puissance est finalement plus philosophique car elle replace aussi la Monster (111 ch) pour … 12 590 euros! La plastique de la Streetfighter devra justifier à vos yeux les 3 000 euros d’écart pour 9 chevaux de plus. Choix cornélien …
Vincent Beaucousin - Photos constructeur