Fiche moto HusqvarnaSvartpilen 125 2021 Des roues et des runes
On a tendance à l’oublier mais Husqvarna n’a pas été qu’un immense acteur du motocross. La marque a vaincu aussi en vitesse, a vendu des modèles routiers dans la première moitié de son existence, était auréolée d’une réputation d’innovation de premier plan. Mais ça, c’était avant...
Après bien des déboires et des changements de proprio, Husky s’est véritablement remis dans le secteur de la route avec ses roadsters Svartpilen et Vitpilen – Oublions l’épisode des Nuda. En quelques années, les ventes ont augmenté d’une manière spectaculaire. Autant profiter de ce courant et décliner la famille dans le format particulièrement porteur des 125 cm3.
Du coup, c’est une petite Svartpilen que l’on voit débarquer sur les routes. Hormis ses modèles off-road, on n’avait pas vu une Husqvarna de cette cylindrée depuis... très longtemps. Avec son design calqué sur les 701 et 401, cette petite bougresse donne une identité très différente de ce que l’on peut trouver sur le marché. Ni manga, ni rétro, ni techno et encore moins consensuelle, la 125 Svartpilen est une moto chic et choc.
Tuons tout de suite le suspense quant aux origines véritables de la suédoise. Qui n’a cette nationalité que par le nom. Moteur et châssis sont en provenance directe de chez KTM (la maison-mère); plus précisément de la 125 Duke. Sauf que les concepteurs ont eu l’intelligence et le bon sens de créer un habillage tellement spécifique qu’il est quasi impossible de voir la petite Duke en dessous. Cela permet à la Svartpilen d’éviter une confrontation sur le même terrain. La Duke se la joue agressive, tendue, mordante, saillante; alors que la «flèche noire» est dans une démarche plus hipster, art décalé, street expérience et formes insolites. Et ça marche! Elle n’est étrange qu’aux premiers abords, puis dégage rapidement un hypnotique sentiment de jeune guerrier hasgardien.
Alors, oui, son ambiance peut déranger ou enchanter. Mais il faut admirer le tour de force d’avoir réuni en harmonie ses flancs étendues comme une flaque de glace, l’horizon de la selle et du réservoir, cet arrière rabotée à la tronçonneuse, la belle fourche inversée, les jantes à rayons enroulées de pneus off-road et un phare rond tant que bionique. Mention particulière pour le porte-paquet accroché au-dessus du réservoir. Inédit, intriguant et saisissant.
Changeons de vision. Nous n’avons qu’aperçu les dessous Katoche de cette Svartpilen. Regardons un peu son moteur. Le monocylindre autrichien reçoit des carters badgés Husqvarna pour tromper le monde avec habileté. Cool! Doté d’une injection de 46 mm, de 4 soupapes, d’un double ACT et du refroidissement liquide, il sort le maxi légal de 15 chevaux à 9500 tr/mn. 12 Nm de couple sont là à 7500 trs. La bécane pourra donc se souci parader à coté de sa cousine Duke mais aussi croc-en-jamber les Mondial HPS, CB 125 R, Zontes Scrambler et Yam XSR.
Le cadre treillis en acier peint en noir se fait le plus discret possible. Ce n’est pas la puissance mesurée du moulin qui va le tordre; pas de risques de le voir godiller sous la charge et il pourra donc tenir sans souci la fourche WP de 43 mm et l’amortisseur de même provenance. Seul ce dernier est réglable, en précharge. Les suspensions offrent un peu plus de débattement que la plupart des roadsters, avec 142 mm de débattement. Ces quelques mm de travail supplémentaires augurent un peu plus de confort.
Accusant 146 kilos sur la balance, la petite Svartpilen se situe dans la moyenne haute des 125 question poids. Ce ne sera pas un problème pour l’ensemble de freinage ByBre, déjà installé sur la gamme supérieure. Le grand disque avant de 320 mm est pincé par un étrier radial à 4 pistons. L’arrière est moins exigeant avec un disque de 230 mm et un seul piston pour le calmer.
Avec sa génétique de KTM «Ready to race», il peut être tentant de provoquer la Svart’, la pousser dans une conduite sportive et s’amuser à mettre en contrainte le châssis. Mais les pneus empêcheront de totalement profiter du potentiel de la Husqy. Leurs gros pavés limiteront l’efficacité sur route. Par contre, ces Pirelli Scorpion STR permettront quelques excursions off-road.
Coté instrumentation, on reste dans l’esprit fratricide. Que des formes circulaires pour gérer l’affichage, que ce soit pour l’écran LCD, le compte-tours et l’ensemble du bloc. Les infos sont multiples (vitesse, rapport enclenché, régime moteur, jauge de carburant, température moteur, horloge, indications textuelles...). Toutefois, la vitre en superposition risque de troubler la lisibilité par divers reflets, surtout ensoleillés.
Husqvarna décoche ses flèches avec réussite. Avec leur apostrophe du design, les ‘Pilen ne sont pas des roadsters comme les autres. Cette 125 engage la même philosophie. Mais elle le fait payer sèchement. La plus jeune des Svartpilen est aussi l’une des motos les plus chères de sa catégorie. Rouler différent est un choix ou un coup de cœur.
M.B - Photos constructeur